III.1.2- Secteur fiscal
Tandis que les recettes totales ont progressé en
moyenne annuelle de l'ordre de 17.5% au cours de la période d'analyse,
les dépenses totales ont progressé de 16.5%. Toutefois, les
déficits se sont poursuivis en raison du poids plus élevé
des dépenses comparées aux recettes mais dans une plus grande
proportion au premier quinquennat des années 2000.
-0.5%
-1.0%
-1.5%
-2.0%
-2.5%
-3.0%
-3.5%
-4.0%
0.0%
Graphique 5 : Déficit budgétaire en % PIB
nominal de 2000
à 2010
Sources : données produites par l'IHSI, le MEF, la
DGI et l'AGD, et calcul de l'auteur
Les recettes en provenance de l'AGD (22%) progressent en
moyenne annuelle plus vite que celles provenant de la DGI (14%) au cours de la
période sous étude, ceci serait le fruit de la part de plus en
plus importante que prend le commerce international dans l'économie
haïtienne.
De leur côté, comment les variables
monétaires se sont-elles comportées ? o Contexte et
antécédents
Suite au retour à l'ordre constitutionnel en 1994,
Haïti a conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI) un
accord portant sur un programme de réformes structurelles qui devrait
45
couvrir la période 1996-1999, dénommé
Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé (FASR). Cependant les
difficultés d'ordre technique jointes aux tumultes politiques ont rompu
le processus.
Toutefois, pour préserver les acquis
économiques, les autorités haïtiennes ont
décidé de suivre l'évolution de l'activité
économique dans le cadre d'un programme financier-relais (Staff
Monitored Program) qui devrait aboutir au décaissement de fonds de
l'aide bilatéral et au prompt rétablissement de la FASR, une fois
les conditions réunies.
En dépit de la ratification d'un nouveau Premier
Ministre en décembre 1998, le plein rétablissement de la
capacité institutionnelle de l'Etat n'était pas encore en vigueur
; puisque le corps législatif a été dissout en janvier
1999 après le constat de sa caducité. Ces remous de
l'actualité politique ont conduit à la suspension des prêts
déjà négociés et à une diminution
considérable de l'assistance externe.
Dans un tel contexte marqué par d'autant d'incertitudes
politiques, comment la Banque Centrale s'en est-elle prise pour conduire la
politique monétaire ?
III.1.3- La politique monétaire en 1999
La BRH s'est fixé pour objectif pendant l'exercice
fiscal 1998-1999 la baisse du taux d'inflation et la stabilité du taux
de change. Conséquemment elle a utilisé deux des instruments dont
elle dispose pour la gestion monétaire : les bons BRH et les
interventions sur le marché des changes.
46
Les Bons BRH
Malgré la baisse des taux
d'intérêt42 sur les différentes maturités
au premier trimestre et au début du deuxième trimestre de
l'exercice fiscal 1998-1999 ; les taux d'intérêt sont
passés de 13.2% à 6.8% sur les bons à 7 jours, de 16.1%
à 8.6% sur les bons à 28 jours et de 19.7% à 10.3% sur les
bons à 91 jours ; les bons BRH sont de plus en plus utilisés, en
témoigne la hausse de l'encours moyen sur l'exercice. Ce processus a
permis à la BRH d'assécher les excédents de
liquidité du système, l'encours des bons a enregistré une
croissance fulgurante passant de 1 679 millions de gourdes à 3 105
millions de gourdes en septembre 1999, soit une hausse de 85%. La
rémunération réduite sur les bons BRH n'a pas eu de
mauvaises retombées sur les objectifs de la politique monétaire,
mais plutôt les a consolidés à cause du climat non
favorable à l'investissement qui prévalait à
l'époque.
L'expansion de l'encours des bons résulte de la
liquidité importante du système bancaire jointe à la
faiblesse des activités de crédit due à la morosité
de l'activité économique. On comptait vingt-neuf (29) semaines
sur cinquante-deux (52) pendant lesquelles il n'y a eu aucun prêt sur le
marché interbancaire. Conséquemment le taux
d'intérêt sur le marché interbancaire a été
réduit graduellement de moitié (passant de 15% à 7%).
Interventions sur le marché des changes
Au cours de cet exercice, la BRH a eu une présence tout
à fait active43 sur le marché des changes, il n'y a
pas en un seul mois au cours duquel elle n'est pas intervenue sur ce
marché, que ce soit du côté de l'offre ou de la demande. En
outre, la Banque Centrale a utilisé les ventes de
42 Ils sont restés quasiment stables au cours
des trois derniers trimestres.
43 Pour la première fois de son histoire, la banque de
premier rang du système bancaire haïtien a effectué des
achats nets de l'ordre de 32.7 millions de dollars EU (achats de 46.115
millions et ventes de 13.415 millions).
47
devises comme instrument d'appoint destiné à
renforcer l'impact des bons tant et aussi longtemps que la
nécessité d'éponger les excédents de gourdes sur le
marché des changes s'avérait urgente.
Les résultats obtenus
Conformément aux objectifs qu'elle s'était
fixée, la BRH a eu une stabilité relative du taux de change au
cours de l'exercice 1998-1999 caractérisé par un taux de change
annuel moyen de 16.9386 gourdes et un écart-moyen de variation
inférieur à une gourde.
Grâce au bon usage des instruments de gestion
monétaire dont elle dispose notamment les interventions sur le
marché des changes et le taux d'intérêt sur les bons BRH -
renforcée par une gestion saine des finances publiques - la BRH
contribue grandement à maîtriser le taux d'inflation à
8.13% en 1999 contre 12.72% en 1998.
Mais alors, comment la politique monétaire
s'était poursuivie au cours de la première moitié des
années 2000 ?
SECTION 2 : LA POLITIQUE MONETAIRE AU COURS DU PREMIER
QUINQUENNAT DES ANNEES 2000
Les incertitudes politiques amorcées dans le pays en
1999, vont perdurer voire s'amplifier durant tout le premier quinquennat des
années 2000. Ainsi, à l'instar de l'exercice antérieur,
les autorités ont décidé de suivre l'activité
économique en 2001 dans le cadre d'un programme financier-relais non
conclu formellement avec le FMI. Ce programme prévoyait que le
financement monétaire ne devait pas dépasser 700 millions de
gourdes pour l'exercice.
48
Cependant, l'organisation des élections
présidentielles au premier trimestre (novembre 2000) jointe au
ralentissement considérable de l'activité économique - et
à la baisse44 du cours du pétrole sur le marché
international - a fait progresser les dépenses publiques beaucoup plus
vite que les recettes. En effet, dès le premier trimestre le financement
du déficit budgétaire avoisinait 800 millions de gourdes contre
700 millions prévues dans le cadre du programme pour l'ensemble de
l'exercice. Dans un tel contexte, comment la BRH s'en est-elle prise pour mener
la politique monétaire au cours de la première moitié des
années 2000 ?
|