III.1.1- Secteurs réel et externe
Au cours de la période s'étendant de 2000
à 2010, l'économie haïtienne présente des tendances
lourdes qui entravent de plus en plus son bon fonctionnement. À cet
effet, selon les données publiées par l'IHSI, le PIB
c'est-à-dire l'ensemble des richesses créées dans
l'économie, a enregistré un taux de croissance moyen annuel de
0.1% alors que la consommation des ménages a crû de 2.3% en
moyenne annuelle. Cette progression plus rapide des dépenses de
consommation que celle du PIB - corroborée par une évolution
moyenne annuelle de +0.7% des dépenses d'investissement des secteurs
public et privé - a provoqué de lourdes conséquences sur
l'absorption domestique haïtienne durant la période sous
étude, elle part de 121 points de PIB nominal en 2000 pour atteindre 150
points de PIB nominal en 2010. Ces chiffres viennent de prouver la
fragilité grandissante de l'économie haïtienne
d'années en années.
41
À cause de l'évolution disparate qui se dessine
entre le PIB réel et les dépenses de consommation et
d'investissement, les agents économiques se sont tournés
davantage vers l'extérieur pour satisfaire l'excédent de la
demande intérieure (absorption domestique).
Ainsi la part du commerce international du pays joue-t-elle un
rôle de plus en plus important dans son PIB, partant d'un degré
d'ouverture partant de 23% en 2000 (contre 20% en 1991) pour atteindre 28% et
37% respectivement en 2009 et 2010. Le dernier pourcentage constitue des effets
rémanents du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
40.0%
35.0%
30.0%
25.0%
20.0%
Graphique 1 : Degré d'ouverture de
l'économie haïtienne de
2000 à 2010
Sources : données produites par l'IHSI, calcul de
l'auteur
En outre, du côté de l'offre, au cours de la
décennie 1999-2009 l'économie haïtienne a enregistré
un taux de croissance annuelle moyen de 0.7%. Le secteur tertiaire a
été le plus performant pendant cette période, il a
crû en moyenne annuelle de 2.5% en raison de l'entrée de nouvelles
compagnies pendant la période dans l'industrie de la
télécommunication.
En dépit de l'évolution annuelle moyenne de 2.3%
de la branche « industries extractives », le secteur primaire s'est
illustré par de très mauvais résultats à cause de
la branche (sous-secteur) « agriculture, sylviculture, élevage,
chasse et pêche » qui a chuté en moyenne annuelle de l'ordre
de 0.8%.
42
En outre, les flux générés par les
exportations couvrent moins de 40% des importations pendant la période
sous étude. Par ailleurs, un coup d'oeil rétrospectif nous a
permis de constater qu'ils pouvaient servir à financer plus de 47% des
importations en 1990 (Voir graphique 2).
40.0%
50.0%
30.0%
20.0%
10.0%
0.0%
Graphique 2 : Ratio de couverture des importations par
les exportations (X/M) de 1991 à 2010
Sources : données produites par l'IHSI, calcul de
l'auteur
De surcroît, sur la période de recherche
(2000-2010), les importations ont une contribution de 2% dans la progression de
2.2% de l'offre globale contre une contribution de 0.2% des exportations dans
la demande globale, créant ainsi une détérioration
continue au niveau de la balance commerciale en témoigne le graphique 4.
Cette hausse plus rapide des importations que des exportations se traduit sur
le graphique 3 par une propension à importer ayant une droite de
tendance à pente plus élevée que celle de la propension
à exporter41.
41 La pente de la droite de tendance de la
propension à importer est de 0.0164 tandis que celle de la propension
à exporter n'est que de 0.0002 traduisant ainsi le fait que les
importations progressent beaucoup plus vite que les exportations qui sont en
fait stationnaires.
Graphique 3: Propensions à importer et à
exporter et leur équation de tendance respective 2000 à
2010
|
|
= 0.0164x
y
|
+ 0.3328
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
y = 0.0002x
|
+ 0.1339
|
Propension à exporter (X/PIB) Propension à importer
(M/PIB)
Linear (Propension à exporter (X/PIB))
Linear (Propension à importer (M/PIB))
70.0%
60.0%
50.0%
40.0%
30.0%
20.0%
10.0%
0.0%
43
Sources : données produites par l'IHSI, calcul de
l'auteur
-10%
-20%
-30%
-40%
-50%
-60%
0%
Graphique 4 : Balance commerciale d'Haïti de 2000
à 2010 (% du PIB nominal)
Sources : données produites par l'IHSI, calcul de
l'auteur
S'il est indéniable que les secteurs réel et
externe dressent un tableau sombre de l'économie haïtienne durant
la période d'étude, mais alors comment les variables fiscales se
comportent-elles ? et quelles sont leurs implications dans la conduite de la
politique monétaire durant les différents exercices ?
44
|