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Analyse de l'impact de l'agrégat monétaire M3 sur l'inflation en haiti de 2000 à  2010

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par Ronald Jocelyn
Université d'Etat d'Haiti - Licence 2005
  

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II.2.2- cas d'Haïti

- Orisma L. (2007)38 a porté l'attention sur les effets de politiques monétaires et les incertitudes politiques sur l'inflation en Haïti. Du point de vue de l'auteur, les incertitudes politiques et l'émission de monnaie constitueraient deux grandes sources d'inflation dans l'économie haïtienne et les politiques monétaires qui tenteraient de réduire l'inflation ne faisaient que ralentir son rythme d'accroissement. Pour réaliser l'étude, l'auteur a utilisé plusieurs variables qu'il a divisées en deux groupes, d'une part les instruments de politique monétaire comprenant les taux de réserves obligatoires des banques privées (TRBP) et les taux de réserves de la Banque Centrale (TRBC) et d'autre part les variables économiques et autres qui sont l'inflation (DPIB)39, la masse monétaire (M1), une variable dummy (D)40, et choc politique (CP). Avec toutes ces variables l'auteur a fait des analyses économétriques en mettant en évidence les changements structurels,

38 Lonège OGISMA (2007) : Politique monétaire, Crises politiques et inflation en Haïti.

39 Déflateur du PIB.

40La variable D prend la valeur de 1 sur tout le segment ou le changement structurel est observé et 0 dans le cas contraire.

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en procédant à des analyses uni variées des séries de base, a testé d'éventuelles relations de cointégration des séries et a mené le test de causalité au sens de Granger.

Dans le cadre empirique, l'auteur est arrivé à la conclusion que durant la période considérée les politiques monétaires de la Banque Centrale (BRIT) sont caractérisées par des changements structurels qui ont eu lieu à des moments importants de la vie économique du pays. Il a divisé son travail en trois sous-périodes au cours desquelles son modèle économétrique montre que les prix augmentent suite à chaque choc politique pour ensuite stagner sur une période relativement longue. Sur la première période (janvier 1983 à octobre 1988), Il a montré que le choc politique de 1986 et l'émission de monnaie avaient fait augmenter l'inflation de 70 points et 74.4 points respectivement. Par contre, l'augmentation du TRBP avait fait baisser le niveau général des prix de 20.2 points.

Pour la deuxième période (novembre 1988 à décembre 1994), période dominée par le coup d'état du 29 septembre 1991joint au blocus commercial, l'inflation n'a fait qu'augmenter sur toute la période. Alors que les politiques monétaires ne font baisser l'inflation que sur une période de trois (3) mois et la baisse enregistrée est d'une moyenne de 1.4 point et de 0.5 point pour le TRBP et pour le TRBC respectivement.

La troisième période (janvier 1995 à mars 2006) est caractérisée par la reprise de l'aide internationale qui a été antérieurement gelée et la création de l'instrument de bons BRIT qui sont très utilisés. Alors, sur une période de moins d'un (1) an, l'inflation passe d'une moyenne de 56% à une moyenne de 13%. Cependant, les tensions politiques occasionnant l'incapacité des agents économiques à prédire l'avenir économique sur la période allant de 1994 à 2006 font augmenter l'inflation à plusieurs reprises. Globalement, les incertitudes politiques font croître l'inflation d'une moyenne de 160 points de base alors que les instruments de politiques monétaires ne la font baisser que de 10 points de base. Dans cette étude les facteurs influençant sur l'inflation sont la croissance de la masse monétaire

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et les chocs politiques. Toutefois les chocs politiques ont un poids plus important que les instruments monétaires.

À présent, voyons s'il n'y a pas de théories économiques rejetant l'idée selon laquelle l'inflation serait issue des politiques monétaires comme le prétend la théorie monétariste et comme le démontrent les travaux empiriques précités. Ensuite nous tenterons d'expliquer pourquoi nombreux sont les auteurs ayant eu recourt à la modélisation VAR pour réaliser leur étude.

Ludmilla BUTEAU (2008), voulant étudier l'impact de l'inflation sur le taux de change, a démontré qu'un choc des prix a un incidence sur le taux de change en tenant compte de la masse monétaire M2 et du taux directeur de la Banque Centrale. Pour réaliser cette étude, L. BUTEAU a construit un modèle vectoriel à correction d'erreur sur la période 1997-2007. En outre, elle a utilisé sur une base mensuelle les variables : taux d'inflation (TXINF), masse monétaire (DMM2), taux de change (DTXCH) et taux d'intérêt directeur (TXDIR). Ses résultats indiquent qu'une hausse du taux d'inflation entraine une hausse du taux de change (dépréciation de la monnaie locale), qui dure environ 7 mois. Par la suite compte tenu de la réaction des autorités monétaires, l'effet tend à se dissiper et on observe une baisse du taux de change (appréciation de la monnaie locale).

Annick Eudes JEAN-BAPTISTE (2008), pour sa part, a utilisé un modèle vectoriel autorégressif standard en vue de déterminer si la variation des prix en Haïti dépend davantage de la variation des prix relatif ou de la dépréciation du taux de change. Pour réaliser cette étude, l'auteur a utilisé le logarithme népérien des données mensuelles de l'Indice des Prix à la Consommation en Haïti (IPCHT), aux Etats Unis (IPCUS), en République Dominicaine (IPCRD), et le taux de change (TX) sur la période allant de janvier 2001 à avril 2007. Selon les conclusions de sa recherche, le taux de change est la principale variable qui agit sur l'inflation en

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Haïti. En effet, le taux de change explique les prix en Haïti à hauteur de 6.16% en moyenne dès la troisième période de prévision pour se stabiliser à 7.36%. Ce qui, de l'avis de l'auteur, démontre que la transmission de l'inflation s'opère à travers l'importation des biens, les anticipations de dépréciation et les spéculations continues sur le taux de change. En outre, il est constaté que les variations de prix en Haïti sont plus sensibles aux changements de prix en République Dominicaine qu'aux variations de l'IPC aux Etats Unis. Ce constat, selon l'auteur, est le reflet de la proximité de la République Dominicaine avec Haïti en matière d'échanges commerciaux.

Christine JUSTINVILLE (2008) a fait une analyse empirique sur la période s'étalant d'octobre 1996 à avril 2006 pour identifier les déterminants de la rigidité des prix à la consommation en Haïti. Dans sa recherche, l'emphase a été mise sur l'importance de la rigidité des prix dans la persistance de l'inflation en Haïti. L'idée centrale de son document est que les prix à la consommation sont rigides à la baisse. Selon l'auteur, cette rigidité serait en grande partie causée par certaines frictions du marché des biens et services (chocs sur l'offre et la demande), des facteurs structurels (asymétrie d'information, absence de régulation et de système de protection du consommateur haïtien, inexistence des marchés concurrentiels), les anticipations des agents et la consommation même du panier de consommation. Pour réaliser ce travail de recherche, C. JUSTINVILLE a construit un VAR structurel à l'aide des variables IPC, taux de change et M2. Au terme de la construction de son modèle, l'auteur a conclu que les rigidités à la baisse sont essentiellement issues des chocs monétaires, et non des fluctuations du taux de change. Toutefois, de l'avis de l'auteur, la lutte contre l'inflation ne devrait pas seulement tourner autour de la stabilisation de la monnaie en circulation par la manipulation d'instrument à court terme mais devrait s'articuler en fonction du comportement de l'IPC, et de sa propension à la rigidité.

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CHAPITRE III : ANALYSE DE LA POLITIQUE MONETAIRE CONDUITE EN HAÏTI DE 2000 A 2010

Ce chapitre se donne un double objectif, tout d'abord elle met en relief la précarité de l'économie haïtienne au cours de la période sous étude dans une dynamique de cadrage macroéconomique : secteur réel, externe et fiscal. En effet, l'analyse du cadre macroéconomique haïtien témoigne la grande dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur. Ensuite, il analyse la politique monétaire conduite en Haïti durant la période sous étude.

SECTION 1 : PRESENTATION DU CADRE MACROECONOMIQUE AU COURS DE LA DECENNIE 2000

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry