SECTION 2 : REVUE DE LITTÉRATURE EMPIRIQUE
II.2.1- cas des pays étrangers
- M. Kahn et M. Knight (1991)33,
dans le contexte de stabilisation macroéconomique dans les pays en
développement, ont élaboré un modèle macro
économétrique à partir duquel ils ont montré que le
produit des déséquilibres sur le marché de la monnaie et
celui des biens et services. Les résultats de leur modèle macro
économétrique sont conformes à la théorie
monétariste. Leur estimation montre que la valeur de
l'élasticité de l'inflation au choc monétaire est de 0.33
et celle de la croissance du PIB réel à l'offre de monnaie est de
0.043, selon les coauteurs cette dernière relation est essentiellement
une relation de court terme.
- Christiano. L. J., Eichenbaum M. et Evans C.
(1992)34 ont recouru à la modélisation VAR
pour montrer que le niveau de réserves permet d'évaluer l'impact
de la politique monétaire dans les différents secteurs de
l'économie dont les activités du système bancaire aux
Etats Unis d'Amérique. Ils répartissent les variables en deux
strates ; les premières sont celles qui sont directement
affectées par les actions de la politique monétaire. En effet,
selon les résultats de leur recherche, une contraction de la masse
monétaire s'aligne à une augmentation du taux de réserve
fédéral. La seconde strate, se composant des agrégats
macroéconomiques standards, permet de déceler qu'une politique de
resserrement des conditions monétaires induit un déclin
persistant
33 Cité par Kako K. NUBUKPO in
L'efficacité de la politique monétaire de la Banque Centrale des
Etats d'Afrique de l'Ouest depuis la libéralisation de 1989.
34 CHRISTIANO Laurence J; EICHENBAUM Martin and EVANS
Charles (1992): Liquidity effects and the monetary transmission
mechanism .The American review, page 326-331.
32
des principaux variables du carré magique dont les prix
des commodités, le PIB réel et l'emploi. En fait, il est à
retenir que leur étude a révélé que les mesures de
la politique monétaire n'ont d'effet que sur le niveau des prix
(déflateur du PIB) approximativement après 12 mois35,
après quoi il y a un déclin.
- Balke et Emery (1994) ont fait une
étude quasi-similaire qui permet d'apprécier les changements dans
la transmission de la politique monétaire au secteur réel de
l'économie américaine depuis 1982. Des tests de Fisher portent
à conclure que les agrégats monétaires avaient un effet
significatif sur le chômage et sur l'inflation entre 1959 et 1979, ce qui
n'est pas le cas sur la période allant de 1982 à 1992. Toutefois,
la fonction de réponse aux impulsions montre des résultats
intéressant dont :
a) les variables monétaires sont plus sensibles aux
variations de l'inflation sur la période allant de 1959 à 1979
que sur celle couvrant la période 1982-1992. De l'avis de ces coauteurs,
l'inflation est de moins en moins volatile sur la période
récente, soit 1982-1992 ; elle peut être anticipée via les
chocs sur la production. Ainsi comporte-t-elle moins de chocs non
anticipés.
b) sur la période plus récente, un choc positif
sur le taux d'intérêt provoquerait une baisse du chômage.
Selon les chercheurs, ce résultat porte un démenti aux
interprétations faisant croire que le taux des fonds
fédéraux ne serait pas un bon indicateur des changements
intervenus dans la politique monétaire.
- Sims C. A. et Zha T. (1996) montrent
comment manipuler les erreurs bayésiennes pour les réponses aux
chocs estimées à partir des modèles de vecteurs
autorégressifs réduits afin d'éviter les problèmes
comme la multicolinéarité. Ils mettent aussi l'accent sur le fait
qu'il faut bien identifier un VAR, puisque cela peut générer des
erreurs de prévision au niveau des réponses aux chocs.
35 Contrairement aux travaux de Sims qui a
observé une période de 24 mois.
33
Selon ces auteurs, l'inflation répond brutalement
dès le premier trimestre aux chocs de la politique monétaire. Les
analyses empiriques prouvent qu'une contraction de la masse monétaire
(M2) cause une hausse continue du taux d'intérêt, un déclin
persistant de l'inflation et après un certain délai et une chute
durable dans le PIB réel.
- Samba Mamadou O. (1998), à travers
le cadre théorique du "Modèle Intégré de Projection
Macro-Econométrique et de Simulation pour les Etats membres de l'UEMAO",
présente les mécanismes de transmission de la politique
monétaire dans les économies de l'UEMAO, notamment la relation
crédit à l'économie - prix. Les conclusions de son travail
ont été formulées en ces termes : le système
bancaire influence l'activité économique à la fois par le
biais des crédits à l'économie et à travers
l'impact de la politique monétaire sur les prix.
- Bruneau et De Brandt
(1998), discutant de l'intérêt et des limites de la
modélisation VAR structurel, font une application à la politique
monétaire de la France et trouvent qu'elle a des effets significatifs
sur l'activité économique et l'inflation : l'impact d'un choc sur
l'inflation est négatif et persistant tandis qu'un choc monétaire
restrictif entraîne une baisse du produit réel.
- Sarr et Dingui
(2000)36 ont estimé un modèle Vectoriel Auto
Régressif (VAR) pour étudier la transmission de la politique
monétaire sur l'économie réelle en Côte d'Ivoire.
Ils ont utilisé sept variables, issues des statistiques
monétaires et de l'activité réelle, sur une base annuelle
telles que : la masse monétaire, l'Indice des Prix à la
Consommation, le taux débiteur réel des banques commerciales, le
crédit à l'économie, le taux d'escompte, le PIB
réel et l'investissement privé. Les résultats obtenus ont
permis de conclure que les impulsions monétaires sont transmises par
36 Mamadou Alhousseynou Sarr et Charles.J.Dingui ,
(2000), « Transmission de la politique monétaire : cas de la
Côte d'Ivoire ».
34
l'entremise du taux débiteur des banques commerciales
sur le secteur réel : un choc monétaire de 1% entraîne une
hausse de 0.2% de l'activité réelle associée à une
hausse de 1% du niveau des prix. En revanche, un relèvement du taux
débiteur de 10% se traduit par une baisse de la croissance réelle
de 1.2%, et une hausse de l'inflation de 1% entraîne une baisse de
l'activité réelle de 0.01%.
- Minella (2001) examine la politique
monétaire et ses relations avec d'autres variables
macroéconomiques comme le PIB, le taux d'inflation, le taux
d'intérêt et la monnaie au Brésil. Basé sur un
modèle VAR structurel, elle a comparé trois périodes
différentes : celle d'une croissance modérée de
l'inflation (1975-1985), celle d'une forte inflation (1985-1994), et celle
d'une inflation faible (1994-2000). Les principaux résultats qu'il a
trouvés montrent que la politique monétaire a un effet
significatif sur la production. La politique monétaire n'incite pas une
réduction de l'inflation dans les deux premières périodes,
en d'autres termes elle ne répond pas rapidement ou activement au taux
d'inflation, dans les périodes assez récentes le taux
d'intérêt répond intensément aux crises
financières.
Pour réaliser cette étude, l'auteur a
utilisé sur une base mensuelle les variables suivantes : le PIB (Y)
mesuré par l'indice de la production industrielle, le niveau
général des prix (P), le taux d'intérêt (INT),
l'agrégat monétaire (M1). La problématique fut
traitée, à l'instar de la présente étude, en usant
les fonctions de réponses aux chocs qui décrivent le comportement
d'une variable suite à une innovation sur une autre. Les conclusions ont
été les suivantes : les chocs sur le PIB, le taux
d'intérêt et le taux d'inflation sont transmis promptement aux
agrégats monétaires et la politique monétaire a un impact
considérable sur le niveau des prix.
35
- NUBUKPO (2002)37, voulant
évaluer l'efficacité de la politique monétaire de la
Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest suite à la
libéralisation, a construit un modèle vectoriel
autorégressif (VAR) pour déterminer les délais, la
persistance et l'ampleur de l'impact des variations des taux
d'intérêt directeurs sur l'activité réelle. Son
étude s'est réalisée sur la période allant du
quatrième trimestre 1989 au quatrième trimestre 1999, les
variables suivantes ont été utilisées : le taux
d'inflation, le PIB réel, l'investissement réel, l'indice des
prix à l'importation, le taux du marché monétaire et le
taux de mise en pension. L'auteur identifie le taux d'intérêt et
le taux de change comme canaux de transmission de la politique monétaire
sur l'activité réelle suite à une modification du taux
directeur. Son étude montre qu'une modification du taux directeur donne
lieu à une variation des taux bancaires qui influent sur la demande des
biens et services. Ensuite la modification du taux directeur a un impact sur le
taux de change (dans les régimes de changes flexibles), ce dernier effet
entraîne des changements dans les prix relatifs des biens et des actifs
selon les devises. Selon l'auteur, une augmentation du taux directeur engendre
une diminution de l'inflation dans tous les pays de l'UEMAO.
- Growe P. et Polan M. (2005) confirment
l'existence d'une relation positive de la masse monétaire avec le taux
d'inflation. En effet, ils ont démontré que cette relation est
très faible pour les pays avec une faible inflation et
élevée pour les pays avec une forte inflation.
- Cheng K. C. (2006) examine les impacts de
la politique monétaire sur la production, les prix et le taux de change
au Kenya durant la période de 1997 à 2005. Son travail a
utilisé les techniques économétriques des vecteurs
autorégressifs.
Ses principaux résultats peuvent se résumer
ainsi : dans le court terme, une augmentation des taux d'intérêt
fait suivre toujours une baisse au niveau général des prix et une
appréciation du
37 Kako K. NUBUKPO (2002) : l'efficacité de
la politique monétaire de la Banque Centrale des états de
l'Afrique de l'Ouest depuis la libéralisation de 1989.
36
taux de change a un impact insignifiant sur la production. Les
principales variables qui ont été utilisées dans le cadre
de son étude sont les suivantes : l'indice de prix des marchandises
(comm) calculé sur la base des exportations de Kenya , l'indice des prix
du petroil (oil) et le taux de réserve fédéral des Etats
Unis (Fed), le taux de change ( NEER), le PIB ( GDP), l'indice des prix
à la consommation (CPI) et la masse monétaire (M) et le taux
d'intérêt de court terme (S).
Les conclusions de son étude ont été
formulées en ces termes : les effets de la politique monétaire
sont insignifiants pour la production globale et ont un impact durable et
significatif sur les prix; une augmentation dans le court terme du taux
d'intérêt est suivie par une diminution au niveau
général des prix; l'effet apparaît entre 9 et 12 mois
après l'impact.
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