B- L'engagement à plus de formalisation de la
coopération militaire
L'engagement à plus de formalisation
nécessiterait l'élaboration d'un plan stratégique de la
coopération militaire. Elaborer un plan stratégique pour la
coopération militaire camerounaise reviendrait à établir
un feuille de route globale de la défense nationale à court,
moyen et long terme, puis à initier et à négocier des
accords de coopération en fonction de ces besoins.
L'établissement d'une feuille de route globale de la défense
présuppose l'intégration de celle-ci dans un contexte beaucoup
plus large, prenant en compte la conjoncture internationale, l'économie
nationale, les objectifs stratégiques vitaux à la survie de
l'Etat et les ambitions militaires. Toutes choses qui dépendent de
l'autorité politique. En dressant un état général
des besoins de défense à court, moyen et long terme dans le cadre
de la formation, de l'équipement et de la maintenance logistique et
prenant en compte l'évolution technologique et les potentialités
qu'offrent les différents partenaires, le Cameroun établirait une
feuille de route claire et durable pour sa politique extérieure de
défense. Cette feuille de route aurait pour but à terme de tendre
vers une autonomie stratégique générale à partir
d'autonomies partielles. Secteur après secteur, le Cameroun essaierait
de conquérir une certaine autonomie à travers un transfert de
compétences et de technologies.
Fig.4.1. Evolution d'une coopération ponctuelle
à une coopération harmonisée
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Actions ponctuelles de coopération
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Mise en réseau des actions
de coopération
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Organisation d'une coopération
militaire harmonisée et dynamique
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Source : compilé par l'auteur
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Le processus consisterait à : partir des actions de
coopération isolées, établir des passerelles entre elles
pour créer un réseau ou une coopération en grillage.
Ensuite, passer du réseau d'actions de coopération à
l'organisation d'une coopération militaire plus élaborée,
uniforme et dynamique au service du développement.
En clair, la coopération militaire est un tout. Une
fois que les besoins au sein des différentes branches de l'armée
sont identifiés, ils devraient être centralisés par un
système de communication et de collaboration inter services. Ensuite,
les priorités seraient classées et les partenaires les plus
à même d'y répondre, ciblés. Enfin, surviendrait la
phase d'initiation des accords par la partie camerounaise qui approcherait les
différents partenaires pour engager des négociations. Au cas
où ces négociations aboutiraient à la signature d'accords
de coopération, il serait juste d'établir un système de
suivi de l'application des termes desdits accords et de leur évaluation
continue.
La création d'une unité de Recherche et
Développement au sein de l'armée serait salutaire.
L'unité Recherche et Développement aurait pour rôle
d'analyser les systèmes politiques, l'évolution technologique, la
conjoncture sécuritaire nationale et internationale, de centraliser les
besoins de l'armée en temps réel afin de projeter une
armée ultra moderne. Elle pourrait de ce fait servir de think tank ou de
« boite noire » à la hiérarchie politique et militaire
du Cameroun. Au service du Chef de l'Etat, du Ministre
délégué à la Présidence de la
République chargé de la Défense, de l'Etat Major des
Armées et des Etats majors des différentes branches de
l'armée, elle se chargerait de faire des propositions à la
hiérarchie politique et militaire autant qu'elle accomplirait des
missions à elle confiées par la hiérarchie. Par ailleurs,
l'Armée dispose d'énormes ressources humaines qui lui
permettraient d'être une puissante machine de développement. Elle
possède des compétences dans multiples domaines dont: la
médecine, la mécanique, l'informatique, l'électronique, le
génie, les ingénieries, les sciences humaines et technologiques
etc. Il suffirait de les mettre ensemble et de les harmoniser au coeur d'un
organe qui serait le centre nerveux de l'innovation et d'y mettre les moyens
nécessaires à la production industrielle. En l'absence de guerre,
la bataille de l'Armée est celle du développement à
travers des oeuvres à portée sociale. Des hôpitaux
militaires soignent la population civile et des routes sont construites par le
génie militaire, mais l'Armée pourrait faire davantage en
s'engageant sur le terrain de l'innovation et de la recherche. La
coopération militaire constituerait à ces fins un excellent canal
de transfert technologique.
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Fig.4.2. Proposition de fonctionnement d'une
éventuelle unité de Recherche et Développement
Décisions de l'Autorité politique et
initiation des actions à entreprendre
Décrets Arrêtés Actions Accords Etc.
CEMA
EMAT EMAA EMM
Collaboration
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Ministre de la Défense
Instructions
R & D
Propositions
Suivi de l'application
Les Etat-Majors adressent leurs préoccupations
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Centralisation des besoins et analyses en fonction
des choix politiques, puis propositions
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Source : compilé par l'auteur
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Pour ce qui est du fonctionnement de l'unité Recherche
et Développement, les Etats-majors des différentes branches de
l'Armée adressent leurs préoccupations à l'unité.
Celle-ci centralise les besoins reçus et procède aux analyses
géostratégiques en fonction des options politiques et des
instructions de la hiérarchie. Elle se charge ensuite de les proposer au
Ministre Délégué à la Présidence
chargé de la Défense pour répercussion auprès du
Chef de l'Etat et prise de décision. Le Chef d'Etat-Major des
Armées y travaillerait en collaboration avec le Ministre. Une fois que
les décisions sont arrêtés, des dispositions devraient
être prises pour le suivi de leur application. En outre, le centre aurait
pour activité quotidienne la recherche prospective et l'innovation dans
divers domaines, et à ce titre constituerait une force de proposition de
l'Armée aux questions de paix et de développement. L'unité
Recherche et développement aurait la latitude de collaborer avec
d'autres centres de Recherches dans les domaines les plus variés,
à l'image du partenariat entre l'Université de Yaoundé
II-Soa et le Ministère de la Défense. La doctrine
stratégique de l'Armée camerounaise, axée sur la paix et
le développement ne s'en trouverait que davantage confortée et
matérialisée.
RECOMMANDATIONS
- Renforcer l'EGRI en effectifs et en moyens
- OEuvrer à la formalisation des relations militaires
extérieures
- Elaborer une ligne directrice de la coopération
militaire
- Collaborer davantage avec les Instituts
spécialisés de recherche sur la sécurité
et les organismes pouvant appuyer la défense
- Créer une unité Recherche et Développement
au sein de l'Armée.
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