Conclusion de la deuxième partie
Au fil de la deuxième partie de ce rapport, nous avons
exploré globalement la coopération militaire camerounaise et les
accords de coopération, en nous intéressant à la gestion
quotidienne de celle-ci au Ministère de la Défense. Le Cameroun
entretient des relations de coopération militaire avec une multitude de
pays à travers le monde. Les domaines concernés sont la formation
des officiers et sous-officiers, et l'acquisition du matériel de
défense. Des officiers et sous À officiers camerounais sont
formés dans les institutions de certaines puissances
étrangères parmi lesquelles : les Etats-Unis, la Grande Bretagne,
la France, la Grèce, la Chine, le Canada, la Russie et Israël. Des
officiers camerounais sont aussi formés dans des pays africains à
l'exemple du Maroc, du Sénégal, du Mali etc. Mais la cohorte la
plus importante est formée à l'Ecole militaires
interarmées qui par ailleurs accueille des militaires de plusieurs pays
de l'Afrique subsaharienne.
Le Cameroun dispose d'un Cours Supérieur
Interarmées de Défense qui a formé des officiers de plus
d'une trentaine de nationalités différentes. Les principaux
pourvoyeurs en moyens de défense sont : les Etats-Unis, la France, la
Grande Bretagne, l'Allemagne, le Canada, la Suède, Israël et la
chine.
Le déficit de formalisation des relations du Cameroun
avec les pays étrangers est caractériel de la coopération
militaire camerounaise. Situation qui limite la visibilité globale de
cette coopération sur le long terme. Elle s'en trouve limitée
à des actions ponctuelles initiées au cas par cas pour
résorber des problèmes ponctuels, limitant de ce fait la
prospective. A l'observation, un effectif limité des services du Sous -
Chef Etudes Générales et Relations Internationales et un
déficit de planification stratégique ne seraient pas
étrangers à cette situation. La redynamisation de la
coopération passerait donc par un renforcement de l'EGRI en moyens
humains et matériels, par l'élaboration d'un plan
stratégique de la coopération militaire à long terme et
par plus d'engagement à la formalisation des relations de
coopération. La collaboration avec des instituts
spécialisés sur la sécurité et organismes pouvant
appuyer la défense ; et la création d'une unité de
Recherche et Développement au sein de l'armée seraient
également indiquées pour redynamiser la coopération
militaire.
CONCLUSION GENERALE
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Au terme de deux années d'enseignements
théoriques au Centre de Recherche et d'Etudes Politiques et
Stratégiques de l'Université de Yaoundé II, en vue de
l'obtention d'un Master professionnel en Stratégie, Défense,
Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes, nous avons eu
le privilège de séjourner au Ministère de la
défense pour une approche pratique. Durant notre stage qui s'est
étalé sur deux mois allant du 25 février au 25 avril 2010,
nous avons été accueillis à l'Etat-major des
Armées, et plus précisément dans les services du Sous-chef
d'Etat-major chargé des études Générales et
Relations Internationales, du Conseiller Diplomatique auprès du Chef
d'Etat-major des Armées, et du Sous-chef d'Etat-major chargé des
Plans successivement. Ainsi, nous avons choisi de traiter du thème
suivant ; la coopération militaire : enjeux et fonctionnement.
Dans le chapitre premier de ce travail, nous avons
procédé à une présentation du Ministère de
la Défense dans sa globalité, tout en insistant sur l'Etat-major
des Armées, organe qui nous a accueillis durant notre stage. Nous avons
pu constater que l'Etat Major des Armées est la machine
opérationnelle de la défense, tandis que le Secrétariat
Général chapeaute la machine administrative. A côté
de ceux-ci, le Secrétariat d'Etat à la Défense
Chargé de la Gendarmerie, est une entité du Ministère de
la Défense chargée exclusivement de la Gendarmerie. En revanche,
tous Ces organes sont sous la tutelle politique du Ministre
Délégué à la Présidence, chargé de la
Défense ; le Chef de l'Etat étant par ailleurs le Chef des
Armées.
Le deuxième chapitre, portant sur le déroulement
du stage est un récit du séjour au Ministère de la
Défense et de l'expérience que nous avons pu en tirer. En
général, le stage s'est déroulé sans incident
majeur. Nous avons ainsi pu découvrir des aspects de la défense
et de l'armée, jusque là inconnus pour nous. C'est le cas de la
spécialisation des tâches, du dynamisme et de la hiérarchie
au sein de l'armée. En dépit de ces découvertes, nous
avons rencontré quelques difficultés liées à
l'incompréhension, au mutisme et à l'indisponibilité de
certains responsables militaires.
Le chapitre trois a été une exploration de la
coopération militaire camerounaise dans sa globalité. Il s'agit
d'une coopération à deux volets au niveau des partenaires ; avec
la France d'un coté et les autres partenaires en Afrique ainsi que dans
le monde de l'autre. Observation, qui nous a permis d'analyser le
problème de la coopération camerounaise dans le quatrième
chapitre de notre travail. Parti du constat selon lequel le Cameroun entretient
avec le monde extérieur des relations nourries depuis des
décennies, nous avons observé qu'elles ne semblent pas
codifiées par des accords de coopération à l'exception de
celles avec la France. Ce qui ne
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permet pas au Cameroun de tirer le meilleur parti possible de
ses liens d'amitié. Nous nous sommes attelé à comprendre
les enjeux et le fonctionnement de la coopération militaire
camerounaise, en analysant la gestion de cette coopération au
Ministère de la Défense. Le Sous-Chef Etudes
Générales et Relations Internationales s'occupe de la
coopération militaire au plan opérationnel, la Division de la
Coopération Militaire directement rattachée à
l'administration centrale s'occupe de la partie politique. Le Conseiller
Diplomatique du Chef d'Etat Major des Armées apporte son expertise
à ce dernier dans son domaine de compétence.
Alors que le Cameroun coopère depuis des
décennies avec une multitude de pays à travers le monde,
qu'est-ce qui expliquerait l'inexistence d'accords de coopération entre
ce pays et les partenaires étrangers, à l'exception de la France
? Trois pistes de réflexions se sont offertes à nous, à
savoir : qu'il puisse s'agir d'un choix stratégique
délibéré du Cameroun, d'une volonté politique
inhibée par des lenteurs procédurales, ou alors tout simplement
d'une insuffisance de vision stratégique. A l'analyse suite à ce
questionnement, l'hypothèse d'une lenteur procédurale semble fort
peu plausible, car toute négociation diplomatique mettrait difficilement
cinq décennies à aboutir en temps de paix. Il ne saurait non plus
s'agir de choix stratégique délibéré, car le
Cameroun coopère librement avec des Etats de tous les horizons du globe,
dans la formation des hommes et dans l'acquisition du matériel
militaire. Le problème de la coopération parait donc être
un déficit de planification stratégique. Situation qui limite la
visibilité globale de cette coopération sur le long terme. Elle
s'en trouve limitée à des actions ponctuelles initiées au
cas par cas pour résorber des problèmes ponctuels, limitant de ce
fait la prospective. A l'observation, un effectif limité des services du
Sous - Chef Etudes Générales et Relations Internationales ne
serait pas étranger à cette situation. La redynamisation de la
coopération passerait donc par un renforcement de l'EGRI en moyens
humains et matériels et par l'élaboration d'un plan
stratégique de la coopération militaire à long terme. Nous
pouvons de ce fait formuler les recommandations suivantes.
- Renforcer l'EGRI en effectifs et en moyens
- OEuvrer à la formalisation des relations militaires
extérieures
- Elaborer une ligne directrice de la coopération
militaire
- Collaborer davantage avec les Instituts
spécialisés de recherche sur la sécurité
et les organismes pouvant appuyer la défense
- Créer une unité Recherche et Développement
au sein de l'Armée.
Des hôpitaux militaires soignent la population civile et
des routes sont construites par le génie militaire, mais l'Armée
pourrait faire davantage en s'engageant sur le terrain de l'innovation et de la
recherche. La coopération militaire constituerait à ces fins un
excellent canal de transfert technologique.
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