B- Une visibilité limitée de la
coopération militaire
L'insuffisance du personnel dans les services du Sous-Chef
Etudes Générales et Relations Internationales aurait pourrait
avoir pour corollaire une projection pas assez optimale de la
coopération militaire. Il n'apparaît pas à l'observation un
fil conducteur ou une ligne stratégique de la coopération
à suivre sur le long terme. Les problèmes et les besoins en
termes de formation et d'équipement sont de ce fait résolus au
cas par cas, en fonction des offres des différents partenaires
étrangers. L'une des caractéristiques les plus marquantes de la
coopération militaire camerounaise est que les relations avec les pays
étrangers, à l'exception de la France avec qui le Cameroun a
signé des accords systématiques de défense et d'assistance
militaires sont restées assez informelles. Les relations entre le
Cameroun et les différents partenaires militaires à travers le
monde ne bénéficient pas du même degré
d'organisation et d'élaboration que celles avec la France. Ce qui
pourrait être interprété comme un certain
déséquilibre. Le Cameroun pourtant entretient depuis son
indépendance des relations assez étroites avec de nombreuses
puissances à travers le monde, qui ne demandent qu'à être
davantage formalisées.
La politique camerounaise de défense repose
essentiellement sur la préservation de l'indépendance nationale
et de l'intégrité territoriale. Dans cette mesure, l'outil
militaire apparaît à la fois comme un symbole de la
souveraineté étatique et comme la manifestation tangible de la
volonté de défendre cette souveraineté. « Rechercher
une assurance contre les risques d'une agression, s'assurer la certitude de
n'être point attaqué ou de recevoir en cas d'attaque, l'aide
immédiate et efficace d'autres Etats », telle semble être la
préoccupation majeure du gouvernement camerounais en matière de
défense. Cette exigence va de pair avec la nécessité de
mettre en place des moyens stratégiques et militaires aptes à
dissuader d'éventuels agresseurs12.
12Narcisse MOUELLE KOMBI, La politique
étrangère du Cameroun ; L'harmattan, Paris, 1996 , op
cit..P62
50
La doctrine militaire quant à elle ; est la
défense populaire, et correspond bien à la formule de Jefferson :
« en chaque citoyen un soldat, en chaque soldat un citoyen »,
préconisant une identification nécessaire de l'armée et du
peuple13. Au total, on peut retenir que la paix et le
développement sont les fondements politiques de la doctrine militaire
camerounaise. Doctrine dynamique, dont les concepts varient selon
l'évolution du contexte interne et externe ; stabilité et
sécurité de l'Etat à l'indépendance,
opérationnalité et citoyenneté au lendemain de la guerre
civile (qui dura de1960 à 1970) modernité et
sécurité globale au lendemain de la guerre
froide14.
C'est justement sur le terrain de la modernité q'une
coopération militaire pas suffisamment lisible sur le long terme
constituerait un frein. Car une coopération peu formalisée avec
un grand nombre de pays, pourtant diversifiés dans les offres, les
approches et les potentialités limiterait quelque peu les
possibilités du Cameroun à bénéficier de
façon optimale des potentialités que peuvent présenter les
différents partenaires. C'est par exemple le cas de la formation des
pilotes de chasse au Maroc pour les avions Hercule C130. Les pilotes
camerounais s'y limitent à des qualifications de premier degré et
doivent de ce fait poursuivre leur formation dans un autre pays pour
l'obtention des qualifications du second degré. Le Maroc disposant
pourtant des infrastructures nécessaires pourrait offrir aux camerounais
une formation de qualité à des coûts relativement
abordables dans le cadre d'une coopération sud-sud. Cependant, le
processus d'élaboration et de formalisation des relations entre le
Cameroun et ses partenaires nécessiterait au préalable
l'élaboration d'une vision stratégique globale de la
coopération militaire ; qui elle-même serait le fruit d'une
redynamisation de la coopération militaire.
II- LA NECESSAIRE REDYNAMISATION DE LA COOPERATION
MILITAIRE
Plus que nécessaire, la redynamisation de la
coopération militaire passerait par un renforcement des services du
Sous-Chef Etude Générales et relations Internationales
(A) et l'engagement à plus de formalisation de la
coopération militaire (B).
13 Wullson MVOMO ELA, « fondements politiques
de la doctrine militaire Camerounaise » ; Honneur et
Fidélité 20 mai 2008 P.17
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