LXXXVI. IV-1-8.
Maladie après la déforestation
De plus en plus la représentation de la maladie est
progressivement en train de changer chez les Nkola/Ngyéli. La
forêt ne pouvant plus donner une pharmacopée riche, son
efficacité de moins en moins crédible ne permet plus de
résoudre les problèmes de santé de tout ordre. Seules les
maladies d'ordre mystique continuent à être bien prises en charge
et traitées. Les autres cas de maladie sont pris en charge et
traités dans les hôpitaux. Et avec les multiples
fréquentations et rapports entretenus avec les Bantu, l'existence de
certaines maladies comme le VIH/SIDA sont de plus en plus présentes chez
les Nkola/Ngyéli.
LXXXVII. IV-1-9. Système de croyances avant la
déforestation
Les Nkola/Ngyéli fondent leur conception du monde et
son origine sur « Kombàmàmû»
créateur des choses. Cet être surnaturel créa le ciel, la
terre, les eaux, la forêt et enfin l'Homme pour que celui-ci vienne vivre
en abondance. Selon BAHUCHET et DE FOY (1991), pour les Pygmées, la
forêt est le monde des esprits, où errent les âmes des
défunts, sous la domination de l'esprit de la forêt, maitre des
ressources. Ce sont eux qui permettent aux humains de prélever ce dont
ils ont besoin pour survivre.
Le système de croyance des Nkola/Ngyéli reposait
sur un Dieu créateur partagé à plusieurs autres sous dieux
en fonction de chaque activité. Ainsi le Dieu esprit créateur qui
s'est éloigné des humains est secondé auprès d'eux
par Nkùgù. C'est le plus grand esprit de la forêt qui
gouverne et oriente la vie des communautés Nkola/Ngyéli. Il
était évoqué au travers des cérémonies
rituelles pour les parties de chasse, de pêche, les séances de
guérison. La cosmologie place monde invisible de mânes
indifférenciés en position de médiateurs entre les vivants
et un esprit de la forêt, « dieu actif »
diffèrent du dieu créateur qui s'éloigné des
humaines. Pour s'adresser aux esprits, il n'y a pas de caste responsable de
cultes, et tout homme initié étaitconsidéré apte
à cette action. Cependant, l'aîné du groupe était
responsable des grands rituels éventuellement avec le devin et le
maître chasseur. Les actes religieux se divisaient en deux types :
de larges cérémonies publiques qui concernent la
communauté dans son ensemble, ou bien des rites intimes de petite
envergure, pour des propos d'ordre privé. Somme toute, ce système
de croyance avait trois fonctions fondamentales :
Ø Se rendre propice avec l'aide des forces
surnaturelles, afin de s'approprier abondance et fécondité
(propitiation) ;
Ø Découvrir les causes des désordres ou
le déroulement probable d'une action future (divination)
Ø Apaiser les esprits irrités, les mânes
en période de pénurie ou de conflit social, ou les esprits
animaux après la mort d'un grand animal au cours d'une partie de chasse
(expiation)
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