LXI. III-3-3-2. Au
niveau de l'environnement
L'environnement est le cadre physique qui héberge les
produits de la déforestation. A ce niveau, une technologie
particulière est mobilisée :
Ø Les machettes et les limes utilisées dans le
cadre de la création des pistes d'entrée en forêt, la
prospection des essences et le nettoyage de la partie de l'arbre où la
tronçonneuse va scier ;
Ø Les boussoles et les GPS servant à s'orienter
dans les grandes forêts ;
Ø Les voitures tout terrain pour le transport des
équipes de travail ;
Ø Les tronçonneuses;
Ø Les Bulldozers pour créer les pistes dans les
forêts, remorquer les essences abattues, remorquer les grumiers en cas de
difficultés.
Photo
N°2 :Scène d'abattage dans un chantier de
Mbango : ici elle traduit l'utilisation d'une tronçonneuse et
décrit aussi la protection du scieur au niveau de la tête.
Source :Nzie, 2013.
Photo N° 3 :
Bulldozer mobilisé pour la création des voies d'accès vers
les forêts, le débarquage des billes de bois et le transport des
employés.
Source :Nzie, 2011.
Photo N°
4 :Engin 928 mobilisé pour le chargement des camions
grumiers dans un chantier de Ngoyang
Source :Nzie, 2013.
LXII. III-3-3-3. Au niveau des produits exploités
Les produits de la déforestation sont destinés
à la consommation. Pour ce faire, ils doivent être
transportés des forêts vers les lieux où ils seront
écoulés. La technologie mobilisée est fonction du poids du
produit. Pour cela quelques équipements sont utilisés :
Ø Les camions grumiers
Photo
N°5:Camion grumier mobilisé pour le transport des billes
de bois. Lourdement chargé, ce camion est en provenance de Koumbizikpour
Douala.
Source : Nzie, 2013.
LXIII. III-4. PHASE
PRATIQUE DE LA DEFORESTATION ET ESSENCES EXPLOITEES
Cette sous partie fait une description de la
déforestation dans le massif forestier de Lolodorf, et les
différentes essences exploitées.
LXIV. III-4-1. Phase pratique des travaux
D'après Ernest KOH, dans les années 85,
où j'ai été recruté en tant que Chauffeur au sein
de la société forestière SFOC, les travaux d'exploitation
consistaient d'abord à la prospection des essences et à leur
identification.
Avant l'entrée en forêt, le processus
consistait à se rendre auprès de l'administration locale
s'acquitter des modalités pratiques et des pots de vin. Les Populations
riveraines qui devraient bénéficier des avantages issues de cette
exploitation, ne recevaient que quelques sacs de riz, cartons de poissons du
vin et du tabac. Et parfois toute opposition des villageois face à ce
phénomène était sévèrement
réprimandée par l'administration.
La coupe sélective intervenait donc avec les
essences d'une grande importance. Etant donné que cette
société avait une scierie à Eséka et une coupe de
bois qui procédait à une exploitation en grume et en sciage,
toutes les essences étaient exploitées dont les plus connus sont
le Bubinga, le Moabi, le Movingui, l'Azobé. Elle s'occupait aussi de
l'aménagement des voies forestières pour le transport de leurs
produits. La destruction de la forêt et la dégradation de
l'environnement ont été considérable avec une estimation
mensuelle de près de 8000 à 9000 mètres cube
jusqu'à sa fermeture en 1997 avec la compression des ouvriers.
Après il y a eu une autre société
forestière nommée PK qui a étendu ses travaux
d'exploitation de l'autre côté de la route dans le massif
forestier de Ngovayang à partir de Ngoyang vers Melombo. Les processus
d'exploitation étaient quasiment les mêmes mais avec certaines
disparités. Au village Nkouambpoer I il eut un affrontement entre les
employés de cette société et les villageois parce que les
billes de bois avaient été déposées sur un terrain
de football. Après quelques années d'exploitation, elle finit
elle aussi par fermer ses portes avec des mois de salaires impayés aux
ouvriers. La tonalité exploitée serait estimé à
près de 4000 mètres cube le mois.
La forêt ou vivent les Bantu et les communautés
Ngyéli de Ngongo I, II et Mbango Pinda a eu à son tour la
présence de la société néerlandaise nommée
WIJMA et EXIBOIS. Vers les années 90, ces sociétésont
également entrepris leurs travaux d'exploitation dans la zone de
Lolodorf et Bipindi. Bien qu'ayant pris en compte quelques doléances des
communautés riveraines avec l'amélioration du réseau
routier locale, la construction de certains bâtiments scolaires, l'emploi
de certains jeunes, le processus n'a pas échappé à la
politique des sacs de riz, cartons de poissons, bouteille de vin et des
enveloppes considérables aux autorités administratives en place.
Les populations locales étaient sommés sans mots dire de voir
leur forêt partir en ruine. Pour les Ngyéli qui y vivent de
façon quotidienne et dont dépendent leur bien-être, la
désolation n'était que chaotique. Les besoins de chasse, de
pêche, de collecte et en pharmacopée commençaient par
s'exprimer en manque. Alors que les avantages que ceux-ci ont pu tirer des
sociétés forestières sont limités, les
inconvénients sont multiples. Par conséquent, la quantité
et la qualité des essences exploitées demeurent inestimables.
Ainsi pour MASHUERPierre, un Ngyéli du campement de
Mbango Pinda, l'attente des réponses satisfaisantes face à
nos préoccupations demeurent dans une impasse. Où devons-nous
vivre maintenant? Que mangeront nos enfants et nous-mêmes? Avec quelles
écorces nous guérirons-nous ? Le gouvernement et nos
frères Bantu tiennent-ils compte de notre situation? Allons-nous
survivre avec la disparition de la forêt ? Autant
d'inquiétudes qui matérialisent la situation des
Nkola/Ngyéli face à l'érosion de la
biodiversité.
Après les multiples études de faisabilité
relatives au projet Pipeline, la phase pratique du lancement des travaux a pris
effet en 2OO1. Le projet Pipeline Tchad-Cameroun avait pour principal objectif,
la construction d'un oléoduc servant à transporter le
pétrole brut des champs pétrolifères de Doba au Tchad, en
traversant le Cameroun vers les côtes maritimes de Kribi. Il mesure 1070
kilomètres dont 890 sur le territoire Camerounais et son emprise large
de 30 mètres. Le coût total du projet est d'environ 2 500
milliards de francs CFA.
L'oléoduc dans sa phase de réalisation a
entraîné la destruction du couvert végétal et le
décapage des sols le long de l'emprise foncière. En dehors de la
déforestation à grande échelle, de la perturbation des
écosystèmes, ses travaux ont aussi entraîné des
déséquilibres socioculturels. Aujourd'hui encore le tuyau qui
transporte ce pétrole crée des destructions environnementales
importantes.
Voici d'ailleurs ce que nous a confié Nkouelisong, un
Nkola de Nkouambpoer II : « nous avons cru que l'argent que
les blancs nous ont donné lors du passage de leur pipeline sur nos
cultures allait nous aider à réaliser quelque chose de durable
mais cet argent maudit s'est envolé on a même encore revendu le
matériel qu'ils nous ont donné à titre de compensation.
Mais aujourd'hui ce long serpent est sous nos terres et on nous interdit
fermement d'entreprendre quoi que ce soit sur son passage de peur de
mourir ». Ces quelques paroles ne peuvent que traduire avec
amertume, le regret de ce Nkola face au passage de l'oléoduc dans leur
zone d'habitat.
Pour le projet GEIFEC qui a pris effet dans la forêt
communautaire de Mbango, les travaux d'exploitation ont été
effectués pendant deux ans. Bien que les populations riveraines aient
tirés des petits avantages, les torts causés à
l'environnement sont largement supérieurs. Les principes d'accès
dans la forêt consistaient à des réunions de
négociation avec l'administration et ensuite avec les populations
locales. Etant donné qu'un haut cadre du commandement militaire
était l'un des actionnaires de ce projet, les villageois ne pouvaient
malheureusement s'opposer face au cahier de charge non respectée par
celui-ci. Les essences exploitées ici étaient d'une importance
capitale. Pour les Ngyéli qui y vivent les réserves de chasse ont
été détruites avec la plus grande frayeur. Les sites pour
cultes des ancêtres démolis, les essences très riches pour
la pharmacopée ont également été emportées,
laissant ceux-ci dans un lendemain inquiétant. La tonalité
estimée pouvait faire en moyenne 3OOO mètres cube par mois,
nous a confirmé Paul Felix MIMBOH, chargé du volet
environnemental dans ce projet.
Toutefois, malgré le fait que ces exploitations ont
grandement dégradé le couvert végétal de Lolodorf,
elles ont néanmoins apporté d'une part, un soutien aux
populations Bantu. Dans ce cas d'espèces, quelques personnes ont pu
trouver des emplois permettant d'assurer le bien-être. Cependant les
populations Nkola/Ngyéli n'ont pas à leur niveau ressenti les
bienfaits de cette exploitation. Pour elles, le phénomène a
considérablement détruit leur milieu de vie sans
bénéfices durables.
Cependant, les essences exploitées sont d'une grande
importance et concerne plusieurs types d'arbres. Le tableau ci-dessus
présente au mieux les essences exploitées.
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