XXVIII. II-7-3.
Théorie des pôles de croissance
La théorie des pôles de croissance a
été développée par l'économiste
François Perroux dans les années cinquante. Elle postule que la
croissance n'apparaît pas uniformément dans l'espace, mais qu'elle
se concentre plutôt en pôle ou en zone de croissance dont les
effets se diffusent sur l'économie immédiate. Selon Philippe
AYDALOT (1985), la théorie des pôles de croissance est
à la fois une théorie du développement économique,
mais aussi une théorie de la diffusion spatiale de la croissance et du
développement. L'avènement de cette théorie a
marqué un changement important dans l'approche classique du
développement économique, car selon cette conception, la vie
économique ne résulte pas de l'action d'agents isolés en
situation de concurrence, mais de l'action spécifique d'unités
économiques [entreprises] qui par leur position et leur dimension
peuvent jouer un rôle dominant.
Au plan de la localisation spatiale, la théorie des
pôles de croissance tend à montrer que la croissance se concentre
dans l'espace, alors qu'au plan du développement économique, le
pôle est un mécanisme inducteur de croissance. La théorie
des pôles de croissance a été très populaire et
très utilisée dans le monde. Toutefois, il semble que le
développement des pôles de croissance a aussi des effets pervers
comme la polarisation du développement dans un espace
délimité, ce qui contribue à créer des espaces
marginalisés autour du pôle de développement. La
théorie des pôles de croissance n'a pas toujours donné les
résultats escomptés, à tout le moins pour le
développement des régions excentriques.
XXIX. II-8.QUELQUES FACETTES DU
DEVELOPPEMENT
Cette partieprésente quelques facettes du concept du
développement et les thèses soutenues par certains auteurs.
XXX. II-8-1.
Développement endogène
Le développement endogène est né avec la
nécessité de freiner les inégalités du
développement dans l'espace et de territorialiser le
développement.C'est une conception du développement basé
sur les ressources disponibles localement, notamment les savoirs, les
expériences, les cultures et le leadership local. Il prend en compte la
manière dont les populations se sont organisées localement et ont
appris à vivre dans leur environnement, avec l'ouverture
nécessaire pour intégrer les connaissances et les pratiques
extérieures. Il inclut les systèmes d'apprentissage et
d'expérimentation historiques générés localement,
en vue de la satisfaction des besoins ressentis par les populations, et
projette de construire des économies locales et suffisamment ouvertes
pour permettre d'y retenir l'essentiel des bénéfices.
Pour Philippe AYDALOT (1985),le développement
endogène est une approche territoriale du développement plus
qu'une théorie de la croissance économique. Il est territorial,
communautaire et démocratique. Ainsi, le territoire est à la base
du développement ; c'est dans un espace particulier que le
développement s'incarne et prend sa source. Il est le fruit de chacune
des composantes territoriales d'un espace, c'est-à-dire les composantes
naturelle, culturelle, économique et sociale. Il est communautaire
puisqu'il fait appel à la participation de la population et
démocratique puisqu'il suppose des structures démocratiques pour
sa mise en oeuvre.
Pour certains auteurs le développement endogène
concerne davantage les pays en développement que les pays
développés. Il est vrai qu'au niveau international, le
développement endogène, connu aussi sous le vocable «
self-reliance ». D'autres (Stöhr, WEAVER, SACHS, PLANQUE, GUIGOU,
BASSAND) parlent de développement autocentré. Pour
Clyde WEAVER, il s'agit du développement par le bas, Bernard
PLANQUE l'assimile au développement décentralisé, ou de
développement ascendant pour Michel BASSAND. De plus, la prise de
conscience environnementale et l'élaboration de théorie comme
celle de l'écodéveloppement, énoncée entre autres
par Ignacy SACHS, a influencé aussi la théorie du
développement endogène.
Somme toute, le développement endogène est
basé sur les besoins fondamentaux des personnes (alimentation, logement,
éducation, travail) et non sur les besoins de la croissance du
marché. Il est axé sur la valorisation des ressources locales au
plan des ressources naturelles, au plan de la culture locale ainsi qu'au plan
des savoir-faire locaux. Le développement endogène est un
développement qui se veut intégré, qui s'effectue à
petite échelle, qui peut parfois proposer une forme d'autarcie
sélective. Le développement endogène s'effectue parfois
dans un contexte d'économie informelle, c'est-à-dire une
économie souterraine non comptabilisée et en dehors des normes de
l'économie officielle.
Ainsi, pour RIST (1996),le concept de développement
autocentré se situe comme une tentative pour objectiver de façon
cohérente des principes et des modes de vie qui ont existé depuis
le début de l'humanité. Selon lui, cette formalisation
s'effectue par rapport au paradigme du développement fondé sur la
croissance, l'accumulation, l'acquisition d'avantages liés à la
concurrence, les gains du commerce international et l'exploitation des
situations dominantes.
Au demeurant, Le développement endogène vise
à rendre les populations responsables de leur destin commun, de leur
insertion dans des ensembles régionaux plus étendus, et des
opportunités qu'elles offrent localement aux générations
futures.
|