XXV. II-7. QUELQUES THEORIES DU DEVELOPPEMENT
Toutes les théories du développement des
années 50-60 sont émises par des économistes. Elles ont
pour objet d'expliquer comment les pays sous-développés peuvent
s'imprégner de l'exemple des pays développés afin de
sortir de leur état actuel.
XXVI. II-7-1. Théorie du décollage ou des
étapes de la croissance
La théorie du décollage fait
référence à la théorie élaborée par
Walt ROSTOW en 1961 qui renvoie aux étapes de la croissance
économique pour marquer l'évolution de sociétés ou
des espaces non développés vers le développement
économique. Pour ROSTOW (1961),ces étapes de la croissance
économique peuvent s'appliquer à toutes les
sociétés et dans tous les pays non développés.
Dans l'optique de cette théorie, les écarts de
développement entre les différentes sociétés sont
transitoires et l'égalisation des conditions est inéluctable. Ces
étapes sont selon RIST (1996),la société
traditionnelle, les conditions préalables du démarrage ou du
décollage, le démarrage, le progrès de la maturité
et l'ère de la consommation de masse
Dans cette théorie, on retrouve la pensée
évolutionniste qui a marqué les débuts des théories
économiques. Encore une fois, le développement y est vu comme un
processus d'évolution vers une finalité, soit la consommation de
masse, qui est présentée comme l'étape ultime du
développement. On retrouve aussi l'idéal uniformisant du
développement qui propose que toutes les sociétés du monde
puissent et doivent passer par les mêmes étapes pour
accéder au développement, en l'occurrence le développement
orienté vers la croissance et la production économique. À
ce sujet, Gilbert RIST affirme que « c'est par un effet de
sociocentrisme que l'historien de l'économie [en l'occurrence Rostow]
imagine que toutes les sociétés se comportent de la même
manière et nourrissent les mêmes désirs. Or l'homo
oeconomicus, frustré par la rareté qui l'oblige à choisir
parmi ses désirs illimités, n'est pas universel ».
XXVII. II-7-2. Théorie de la
dépendance
Si la théorie du décollage a nourri les espoirs
et les illusions sur le développement pendant plusieurs années,
dans une perspective opposée, la théorie de la dépendance,
dénommée aussi théorie du centre et de la
périphérie, a mis en lumière les phénomènes
d'accumulation des pays développés aux dépens des pays en
développement. Les auteurs de la théorie de la dépendance
(Samir AMIN, André GUNDER Frank, Pierre JALEE, Enzo FALETTO,
etc.)d'inspiration marxiste, ces auteurs ont notamment proposé les
concepts d'échange inégal et de la division internationale pour
expliquer le cycle de la dépendance économique des pays en voie
de développement par rapport aux pays dits développés. La
théorie de la dépendance touchait à la fois aux dimensions
interne et externe de l'exploitation des sociétés qu'elle
analysait. C'est-à-dire qu'il ne s'agissait pas simplement de montrer
les mécanismes de l'exploitation capitaliste des pays en voie de
développement par des sociétés transnationales et
multinationales, mais également de démontrer que le
système d'exploitation capitaliste des économies nationales des
pays dominés servait de support et de relais à l'exploitation
capitaliste et monopolistique par des firmes internationales.
Pour RIST (1996),il s'agissait de penser le rapport
développement et sous-développement de manière globale,
dans une perspective historico-structurale, pour montrer que la domination
externe est relayée par une domination interne et que les classes (ou
les alliances de classes) au pouvoir changent en fonction de la structure
interne des économies. Il y a donc dans cette optique un
phénomène de lutte entre les classes sociales pour la domination
et la direction de la société et les luttes à
l'intérieur de chaque formation sociale sont caractérisées
par le mode de production de chacune des sociétés
concernées.
La théorie de la dépendance a constitué
pendant plusieurs années la réponse des théoriciens des
pays en voie de développement ainsi que des auteurs marxistes au
système d'accumulation capitaliste mondiale. Cependant, cette
théorie a fait l'objet de plusieurs critiques, notamment parce qu'elle
ne remettait pas fondamentalement en cause l'économisme du
système capitaliste fondé sur la croissance ininterrompue de
l'économie.
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