SECTION 5. LA CRISE DU CUBA
L'île de Cuba était une ancienne colonie
espagnole, qui avait subi au cours de son histoire, les effets de l'influence
américaine, qui exerça un véritable protectorat sur
l'île. En effet, Washington contrôlait 40 pour cent de production
du sucre qui représentait 80 pour cent de l'exportation cubaine, et
possédait plus de la moitié des actions de chemin de fer,
électricité, sans oublier le poids américain en
matière de prise de décision, de telle sorte qu'un diplomate
américain avait dit que le pouvoir de l'ambassadeur américain
à La Havane était plus grand que celui du président
cubain. En contrepartie, et à côté de la tutelle
américaine, s'ajouta le régime totalitaire du colonel Baptiste,
qui exerça son pouvoir par la force et fit plusieurs milliers de
victimes, ce qui avait substitué un grand mécontentement de la
société cubaine à l'égard du système
politique cubain, qui s'étendait jusqu'au gouvernement de Washington.
Cette situation chaotique allait encouragée un jeune avocat cubain
(Fidel Castro) a entamé une lutte armée contre le régime
du pouvoir qui dura 6 année, et se soldera par l'entrée de ses
troupes à La Havane le 10 Janvier 1959, qui fut reconnu
immédiatement par les Etats-Unis. Celle-ci n'allait se détourner
contre lui que lorsque Castro annonça une politique de partage des
terres, y compris celles de quelques grandes compagnies américaines (
United Fruit Compagny), ainsi que l'expulsion d'un grand nombre de militants
politiques cubains aux Etats-Unis, dénonçant une infiltration
communiste au Cuba. Les relations entre Washington et La Havane allaient se
compliquer de plus en plus, suite à l'approchement de Castro (qui
accusait les Etats-Unis d'organiser et d'encourager des mouvements
anticastristes) de U.R.S.S, caractérisé par la signature d'un
grand nombre d'accords commerciales et militaires, et en profita
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du soutien de Moscou pour multiplier ses critiques sur les
Etats-Unis, celle-ci décida de prendre des mesures disciplinaires
à l'égard du régime Castro (l'entrée au Etats-Unis
des exilés cubains qui promettent de renverser le régime cubain,
l'arrêt des aides financières au Cuba, la suppression des
importations du sucre cubain...)pour l'obliger à changer sa conduite,
mais cela n'allait que lui rapprocher du bloc socialiste, et dont Moscou avait
laissé prévoir l'usage des fusées atomiques, si ceci
était nécessaire pour protéger l'île de la
corruption occidentale. Dans ces circonstances, Castro annonça que Cuba
faisait désormais partie du camp communiste. Ce danger d'infiltration du
communisme dans le territoire d'un pays se trouvant à proximité
géographique des Etats-Unis allait obliger Washington à
intervenir, afin d'éviter la diffusion du communisme en Amérique
Latine, voila pourquoi le président américain John Kennedy
décidera de renforcer ses aides financières aux pays du continent
américain dans le cadre du programme (l'alliance pour le
progrès), et obtenir le consentement de la quasi-totalité des
pays de l'organisation des états américains, pour exclure la Cuba
de l'organisation, celle-ci se trouva désormais ( en dépit de
l'accroissement des achats soviétiques) isolée du reste du
monde.
Le blocus politique, économique et commercial qu'avait
exerçaient les Etats-Unis à l'égard de La Havane, allait
obliger Castro à réclamation une protection soviétique
immédiate et efficace, voilà que Khrouchtchev allait
accepté l'envoi des techniciens soviétiques vers le Cuba pour
construire de façon secrète des bases de missiles
nucléaires. Les Etats-Unis, et suite d'une opération
d'espionnage, allaient informées le 22 Octobre 1962, le monde de sa
décision d'exercer un blocus militaire sur l'île, et de sa
volonté de lancer un ultimatum pour retirer ses fusilles
nucléaires, à moins qu'elle cherchait à déclencher
une guerre nucléaire : (nous ne courrons pas sans
nécessité les risques d'une guerre mondiale dans laquelle les
fruits de la victoire seraient cendres dans notre bouche, mais nous ne
reculerons pas face à se risque à tout moment ou il faut
envisager).7(*)
Kennedy avait informé les détails de cette
décision à l'organisation des Nations Unis, à
l'organisation des états américains et de ses alliés.
Khrouchtchev qui était conscient de la gravité de la situation
allait finalement proposer une offre à Kennedy qui consista sur le
retrait des missiles soviétiques du Cuba dans le cadre d'un
contrôle international. En contrepartie, Washington s'engagera à
ne pas envahir le Cuba. Le même jour, le leader soviétique envoya
une lettre à son homologue américain, lui expliquant que l'objet
des missiles était orienté seulement à la protection du
Cuba, finalement, Kennedy accepta le règlement de la crise sur la base
des propositions soviétiques.
Ainsi, on pourra considérer que la crise du Cuba est
l'événement le plus important de l'histoire diplomatique
mondiale, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Elle a
consacré le processus de la dissuasion graduée, qui traduit cette
conclusion qu'une agression même mineure suscitera une seule
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forme, à savoir l'attaque atomique, cela veut dire qu'a
une attaque conventionnelle, on ripostera par des armes conventionnelles, au
cas d'attaque atomique, le riposte sera fait par des armes atomiques, si
l'adversaire procède à l'explosion atomique, n répondra
par la même manière.
Avec le recul historique, il apparaît bien que la
première phase de la guerre froide avait pris fin avec la
résolution de la crise cubaine. Cette phase avait été
marquée par la séquence historique allant de la conférence
de Londres de 1947 jusqu'à la résolution du confit cubain en
1962, ouvrant la voie devant l'émanation du processus de la
détente ou de la coexistence pacifique.
SECTION 6. L'ECHEC DU MARXISME LENINISME ET LA FIN DE LA GUERRE
FROIDE
En effet, la résolution de la crise cubaine allait
ouvrir la voie devant la consécration de deux nouveau processus (la
détente- la coexistence pacifique).
La détente est terme occidental qui constituait une
sorte d'atténuation de la tension qui régnait entre l'ouest et
l'est à l'époque de la première phase de la guerre froide.
Il s'agissait d'une innovation qui visait à traduire le climat
pacifié dans lequel évolué les relations internationales
depuis la fin des crises des missiles du Cuba. Une sorte d'adoption d'une
nouvelle politique destinée à surmonter la division entre les
deux systèmes antagonistes, en reconnaissant à l'autre le droit
d'exister, afin de jeter les bases d'un nouvel ordre économique mondial,
destinées à réduire les inégalités de
développement, et d'éviter une confrontation économique
entre les pays riches et les pays pauvres à travers la prise en compte
des besoins des pays du tiers monde, en particulier au niveau de leurs
souverainetés sur leurs richesses et ressources naturelles. Dans cette
perspective, le président américain Richard Nixon (1968-1975)
allait essayer de doter le monde d'une nouvelle structure de paix, en passant
de l'ère de la confrontation indirecte vers l'ère de la
négociation et de la coopération. Cette politique aboutira
à la signature du traité de SALT sur la limitation des armements
stratégiques, qui allaient être renforcée par la signature
d'un autre accord politique SALT II sur la prévention de la guerre
nucléaire.
En contrepartie, la coexistence pacifique est un terme
marxiste qui correspondait à une conception des relations entre les
états appartenant à des systèmes politiques et
économiques différents. Elle représentait la formule d'une
paix provisoire, qui n'était que le résultat d'une période
historique exceptionnelle, marquée par l'amplification du danger
nucléaire. Certains auteurs ont évoqué que l'usage de ce
processus s'explique par l'affaiblissement qu'avait connu le bloc occidental
(le fiasco du Viêtnam, le fiasco du Watergate, le boycotte de la France
aux institutions de OTAN...), et qui ne rendait plus nécessaire
l'utilisation de la révolution puisque, celle-ci constitue une des voies
les plus efficaces pour instaurer la dictature du prolétariat, en
utilisant la diplomatie parlementaire. La coexistence pacifique tire ses
fondements de la
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vision de Lénine qui évoquait que tous les Etats
ne parviendront pas au socialisme, par le même rythme, et qu'il y'aura
toujours des variantes importantes dans les plans de passage, afin de raffiner
les moyens de la lutte des classes. Ces variantes qui étaient
derrière l'émanation du processus de la coexistence pacifique
sont :
- l'internationalisation croissante de la vie économique
mondiale
- l'équilibre de la terreur, qui allait obliger Moscou
à poursuivre ses objectifs par des moyens non militaires
Ainsi, on comprend que la coexistence pacifique ne constitue
pas la traduction idéologique et philosophique de la détente. La
détente est un processus qui appelait à l'ouverture d'une
nouvelle page dans les relations internationales entre les deux blocs, alors
que la coexistence pacifique na signifiait pas la fin de la lutte des classes
et de la compétition internationale entre les deux blocs, mais faisait
référence au moyen le plus élevé de la lutte des
classes, qui allait permettre à U.R.S.S de remporter dans la fin la
compétition économique sur les Etats-Unis, et de faire
prévaloir la supériorité du système production
socialiste sur le système de production capitaliste, qui était
condamné à mourir par l'Histoire selon la doctrine communiste.
Cette divergence dans l'application des deux termes allait
aboutir au triomphe du bloc occidental sur le bloc socialiste, car dans le bloc
socialiste, la chute de Kourbachtchv va être accompagnée par
l'arrivée de Brejnev12 au pouvoir en U.R.S.S, celui-ci
exerça un pouvoir totalitaire, et pris une série de mesure (dans
le cadre de la compétition contre les Etats-Unis) qui passa au
détriment des besoins de la population soviétique. Ainsi un
pouvoir bureaucratique s'exerça sur la population et amena plusieurs
intellectuels, journalistes et écrivains aux prisons. L'ère de
Brejnev était caractérisée par la domination d'un seul
parti politique qui monopolisa la vie politique, et s'étendra jusqu'au
satellite d'U.R.S.S. En effet, Brejnev a tenté de rallier le processus
de la coexistence pacifique avec ses propres convictions, qui justifient la
souveraineté limités des états socialistes, pour
intervenir directement en Tchécoslovaquie, ou en dehors du territoire
soviétique (l'Afghanistan en 1979). La doctrine de Brejnev
prévoyait que les partis communistes étaient responsables non pas
seulement devant les partis communistes, mais aussi devant l'ensemble des
mouvements communistes, et qu'en cas de trahison, U.R.S.S disposait du droit
d'intervenir, étant donné qu'elle est la gardienne du
système (une sorte de retour au culte stalinien).
12 Brejnev, Leonid (1906-1982), homme politique et
maréchal soviétique, successeur de Nikita Khrouchtchev au poste
de premier secrétaire du comité central du Parti communiste
soviétique (1964-1982).
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Par ailleurs, dans les Etats-Unis, la stratégie
américaine du New-Look Strategic et Diplomatic, le Containment, allaient
se poursuivre jusqu'à l'arrivée de Jimmy Carter au White House
(1976-1980). Carter allait ajouté à la stratégie de la
détente le processus de la diplomatie préventive, qui allait
permettre à la population américaine de surmonter l'humiliation
engendrée par la Watergate et la guerre du Viêtnam, en menant une
nouvelle politique qui reposait sur la nécessité d'insuffler
à la politique étrangère américaine une dynamique,
à travers l'abondants de toutes formes d'hégémonies, et la
promotion des droits de l'homme qui allaient se transformer à une
politique de conduite. Il s'agissait d'une véritable modification du
Realpolitiks américain, puisque Carter défendait l'idée
que l'influence sur les comportements des autres exigeait la connaissance de
ses préoccupations, de ses craintes et de ses intérêts.
L'arrivée de Carter pénétrait dans un
moment crucial de la guerre froide, car il a réussi à
refléter le retour aux préoccupations morales américaines,
puisque, l'opinion publique américaine ne se reconnaissait plus dans une
diplomatie d'équilibre, mais dans le cadre d'un système national,
par la reconnaissance des impératifs géopolitiques et celles du
combat en faveur des droits de l'homme dans l'action américaine, ainsi
que le renforcement des liens transatlantiques avec ses alliés (
L'Europe occidentale et le Japon), une sorte de retour en effet au processus du
Containment développé à l'ère de John Kennedy, car
il évoquait que toute tentative par une puissance
étrangère de prendre le contrôle de n'importe quelles
régions, sera considéré comme une attaque contre les
intérêts vitaux des Etats-Unis ( l'appel de Carter au boycottage
des jeux olympiques de Moscou, suite à l'invasion de l'Afghanistan par
l'armée rouge).
L'ère de Ronald Reagan (1980-1988) avait prouvé
la supériorité économique et technologique
américaine sur son homologue soviétique, en cherchant à
renforcer les ambiguïtés Ouest Est, par la nécessité
de mener une politique étrangère globale en renouant avec
l'élément de la puissance, et la considération de l'ennemi
comme l'empire du mal. L'administration de Reagan tentera de réaffirmer
le leadership américain sur le monde libre, en considérant le
communisme comme étant un système condamné à
l'échec, puisque il n'est pas fiable. Il tenta de mettre une politique
basée sur la combinaison d'idéalisme et d'intérêts
matériels (la réconciliation avec la Pologne). Mais cependant, on
a constaté l'apparition d'une nouvelle arme, à savoir l'arme
technologique dans le cadre du projet de la guerre des étoiles qui a
été lancé dans le cadre d'une nouvelle vision politique
cherchant à neutraliser les missiles soviétiques par des mesures
défensives, ce programme avait bien prouvé l'énorme
différence technologique entre les deux blocs.
Dès la fin des années soixante-dix, U.R.S.S
s'enlisait progressivement sur le plan économique et social, les
problèmes avec les satellites (Pologne, Tchécoslovaquie) allaient
contribuer au blocage du système soviétique. L'invasion de
l'Afghanistan et l'incapacité de réaliser la victoire finale, la
course
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ruineuse à la supériorité militaire,
l'incapacité soviétique de s'adapter avec l'ouverture de
l'économie du marché et des contingences planétaires et la
crise agricole allaient créer une crise économique flagrante. Le
régime politique dictature qui empêchait la population de
s'exprimer allait substituer un large mécontentement de la population
soviétique, tout en ajoutant la crise politique que U.R.S.S a dû
comblé après la mort de Brejnev. Bref, tous les
ingrédients de la dislocation future de l'empire étaient
présents. En 1984, Jean Baptiste Duroselle écrira : (tout empire
périra)13 si celle-ci est incapable de satisfaire les
aspirations de tous les hommes et de sauvegarder leurs droits et leurs
libertés les plus fondamentaux.
Quoiqu'il soit, Mikhaïl Gorbatchev allaient mener des
essaies pour moderniser le système politique, telle que l'annonce d'une
nouvelle révision constitutionnelle en 1988 et la libération de
l'espace politique, mais cela n'allait pas pu éviter le sauvegarde de
l'empire. Le 9 Novembre 1989, le mur de Berlin qui symbolisait
la guerre froide allait être brisé, provoquant un séisme
d'ordre politico-historique qui aboutira à la déligitimation des
classes sociales, et les remplacements de toute une classe dirigeante, dans la
dislocation de U.R.S.S. et la proclamation de l'indépendance de la
Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, la Hongrie, et l'unification des
deux Allemagnes. Les médias occidentaux ont parlé de la mort de
l'année, et d'une deuxième mort de Lénine, ou que Karl
Marx n'avait créé qu'une idéologie et non pas
système capable de gouverner les gens, cependant, il a fallu attendre le
25 décembre 1991 après le coup d'état de Eltsine, et la
démission de Gorbatchev de la tête d'une empire qui n'existait
plus, perçu dans la disparition de la bannière rouge qui ne
flotta plus sur le Kremlin, ou du déboulonnement des statuts de Marx ou
de Lénine, couronnant la mort de l'Union républicaine socialiste
soviétique, et l'instauration d'un nouvel ordre mondial.
13 Jean Baptiste Duroselle (Histoire des relations
internationales de 1945 jusqu'à nos jours - page 408)
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