§6. Un mode de fonctionnement renouvelé
Le mode de fonctionnement du système onusien doit
être en phase avec sa culture qui est celle de la négociation et
du compromis. Un dialogue, des consultations et une communication doivent donc
s'effectuer à tous les niveaux, entre tous les services et les acteurs
(fonctionnaires, représentants, délégués,
observateurs). Les rivalités entre institutions, services ou personnes
devraient pouvoir céder le pas devant une coopération au service
de l'intérêt commun du système.
L'efficacité requiert également un
système d'évaluation dont les résultats sont
réellement pris en compte pour améliorer les programmes, les
projets ou les actions en cours. Par exemple, un projet ne devrait pas
résister à un manque d'efficacité ou de soutien. Le
recrutement doit pouvoir se faire avant tout sur la base des compétences
et ne devrait pas être soumis aux pressions de tel ou tel Etat membre.
Aussi le mode de fonctionnement du système doit-il
être conditionné par la triple priorité qui doit être
accordée à l'expertise, à la formation et à la
planification à long terme.
Chaque fonctionnaire de l'ONU devrait être un expert
reconnu dans le domaine qui lui a été assigné, dont les
conclusions scientifiques et
208 Federico Mayor, loc. cit. (note 74).
80
indépendantes puissent être respectées, et
lui permettraient d'exercer un réel leadership en matière
d'orientation ou de choix des politiques à mener, ainsi qu'une
réelle autorité en face des Etats membres.
Deuxièmement, l'ONU doit pouvoir constituer un centre
de réflexion et une école de formation à la non-violence,
au dialogue interculturel et intersociétal, au respect des
différences, sous forme de micro-projets entrepris en partenariat avec
des organisations non gouvernementales ou des associations, ou alors en
déléguant à ses institutions spécialisées la
réalisation de ces projets. On retrouve ici la place essentielle
qu'occupe l'éducation sous toutes ses formes, en tous lieux et à
tout âge.
Enfin, l'ONU ne doit pas céder à la tentation de
l'urgence.95 Son action se situe à coup sûr dans le
long terme pour "préserver les générations futures du
fléau de la guerre".96 Elle doit pouvoir anticiper les
besoins des hommes, les effets néfastes des dégradations de
l'environnement, les problèmes engendrés par l'inégale
répartition des richesses et ressources naturelles.
C'est pourquoi la création d'une cellule de prospective
(rattachée directement au cabinet du Secrétaire
général) comme il en existe déjà dans nombre
d'institutions internationales (l'Unité d'analyse et de prévision
de l'UNESCO, la cellule prospective de la Commission européenne, le
"Programme d'étude sur l'avenir à long terme" de l'OCDE),
paraissait indispensable pour alerter l'opinion des défis à venir
et des moyens de les résoudre en agissant en amont et non en aval des
problèmes.
Il faut donc ici saluer la décision du
Secrétaire général, M. Kofi Annan, de créer une
2 Unité de planification stratégique2
chargée "d'identifier les problèmes et tendances mondiaux qui se
font jour, dcents analyser leurs incidences sur les activités et
méthodes de travail de l'Organisation et de formuler des recommandations
de politique générale à l'intention du Secrétaire
général et du Groupe de gestion de haut niveau."97
C'est à partir de là que l'Organisation mondiale
pourra retrouver une approche novatrice, un rôle d'initiateur, voire de
précurseur, et s'imposer en tant qu'organe régulateur et
pacificateur. C'est ce rôle que doit pouvoir personnifier le
Secrétaire général des Nations Unies.
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