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Les relations internationales âpres la guerre froide: analyses et perspectives

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par Merveil Ilonga leka bilimba
Université pédagogique nationale - Licence 2011
  

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3.2. Les lignes forces et stratégies de la politique américaine en Afrique

La politique africaine des USA est marquée par trois grands objectifs : 1/ La lutte contre le terrorisme ;

2/ La sécurité énergétique ;

3/ L'expansion du marché et de la démocratie ;

110 The Legacy: President Clinton's legacy to Africa. In www.acapublishing.com/legcontent, (consulté en janvier 2004).

111 SERVANT, J.-C., "Offensive sur l'or noir africain", in Le Monde diplomatique, janvier. 2003,

112 Voir à ce propos, HASSNER, P. et VAÏSSE J., Washington et le monde, CERI/Autrement, Paris, 2003.

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Les Etats-Unis ont monté une politique africaine construite sur les pôles fédérateurs qu'ils appellent les États pivots. Ces États sont notamment : l'Afrique du sud, l'Éthiopie, le Kenya, l'Ouganda, le Sénégal.

En dehors des États pivots, les USA ont quelques pays d'importance majeure pour des raisons de sécurité. Ainsi, le Djibouti et le Sao Tome et Principe, ont une importance stratégique dans la gestion militaire et celle de sécurisation des routes maritimes. En plus, Ils chercheront à trouver un pays d'accueil pour l'Africom (unité de commandement américain pour l'Afrique).

D'une manière générale, il est peu probable que les USA s'engagent dans des dossiers brûlants en Afrique, sauf en cas d'une large nécessité.

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CHAPITRE III : LE SYSTEME INETERNATIONAL EN GESTATION SECTION 1. DESORDRE APRES LA GUERRE FROIDE

Dans son discours d'adieu à la présidence en janvier 1953, Harry Truman envisageait l'avenir avec confiance. Selon lui, il ne faisait aucun doute que la menace du Communisme, "problème majeur de notre époque", finirait par être résolue. De "ce monde tant espéré et qui émergera tôt ou tard", il dressa les grandes lignes : "une nouvelle ère", un âge d'or fantastique, où notre capital, nos compétences et nos connaissances seront libérées des contraintes de la défense et enfin consacrées entièrement à des fins pacifiques partout dans le monde. Pour en finir avec la pauvreté et la misère humaine sur terre ... il n'existera aucune limite à ce que l'on pourra entreprendre"113.Il semblerait que nous soyons entré dans la nouvelle ère dont parlait Truman.

La Guerre Froide semblait à l'époque insoluble : neutraliser la force soviétique, comme l'observait Henry Kissinger en 1976, "est une nécessité qui ne nous quittera pas et peut-être ne sera-t-elle jamais complètement résolue114. En 1986, Zbigniew Brzezinski affirmait que "le conflit américano-soviétique n'est pas une aberration temporaire mais une rivalité historique qui persistera longtemps"115. La menace communiste internationale a non seulement été résolue comme l'affirmait Truman, mais de plus elle a complètement disparu. Au cours de ce processus remarquablement bref, tous les problèmes majeurs qui perturbaient depuis près d'un demi-siècle les relations internationales des grands pays, mieux connus sous le nom de Grandes Puissances, ont virtuellement été résolus : on citera l'occupation impopulaire et souvent brutale de l'Europe de l'Est par les Soviétiques, la division artificielle et préoccupante de l'Allemagne, la coûteuse et virulente compétition militaire entre l'Est et l'Ouest ; compétition qui restait toujours dangereuse et dégénérait parfois en crise ouverte, la lutte idéologique entre un communisme autoritaire, expansionniste, qui encourageait la violence et une démocratie capitaliste sur la défensive et parfois affolée.

Cependant, bien que nous soyons aujourd'hui plus libres que jamais d'utiliser notre capital, nos compétences et nos connaissances scientifiques pour éliminer la pauvreté et la misère humaine, il semblerait que cet « âge d'or » ne soit pas encore arrivé. Bien entendu, la phrase de Truman est exagérée, elle frise même dangereusement la poésie, et interprétée dans le sens d'une utopie insouciante, elle décrit un rêve inaccessible. Cela-dit, même si Truman était parfois un peu rêveur, il était bien trop réaliste pour croire à la perfection absolue. Une grande partie de notre réticence à adhérer à son idée provient de la manière dont nous avons tendance à regarder le monde. Celle-ci

113Truman H. S., Public papers of the President of the United States: Harry S. Truman, 1952-1953, W(...) 114Kissinger H. A., American Foreign Policy, New York, Norton, 3rd ed., 1977, p. 304

115Brzezinski Z., Game plan : A geostrategic framework for the conduct of the U.S.-Soviet contest, B(...)

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nous empêche d'accepter l'idée que nous puissions vivre dans un tel âge d'or même si celui-ci vient frapper à la porte. Le personnage principal de la pièce de George Bernard Shaw "Homme et Surhomme" illustre bien ce phénomène : "Dans la vie il y a deux tragédies : l'une est de ne pas réaliser ses désirs, l'autre est de les réaliser".

Même si la plupart des problèmes qui ont hanté la planète au cours du dernier demi-siècle, problèmes majeurs pour reprendre les termes de Truman, ont été résolus, la quête incessante d'autres sujets de préoccupations se poursuit de plus belle. Et s'est par conséquent répandu la conception selon laquelle les affaires internationales sont devenues aujourd'hui particulièrement tumultueuses, instables et complexes. Cette idée a été reprise si souvent qu'elle sonne aujourd'hui comme un mantra116.

Ainsi Bill Clinton proclamait-t-il en 1993, dans son discours d'investiture à la présidence que "le nouveau monde est plus libre mais moins stable" et le Directeur de la CIA de l'époque, James Woolsey, non sans une touche d'intérêt corporatiste, faisait part de sa conviction que "nous avons abattu un gigantesque dragon qui nous barrait la route mais nous vivons désormais dans une jungle infestée d'une diversité déconcertante de serpents venimeux"117. Son prédécesseur à la CIA, Robert Gates, abondait en son sens : "Les événements des deux dernières années nous ont précipité dans un monde beaucoup plus instable, turbulent, imprévisible et violent"118. Cette idée a aussi trouvé un écho favorable auprès de nombreux spécialistes des relations internationales qui tentent de s'adapter à un champ en pleine mutation où les anciens paradigmes ne fonctionnent plus et qui voient leur discipline perdre de son attrait. Ainsi, pour Stanley Hoffmann, "la question de l'ordre est devenue bien plus complexe qu'auparavant"119.

Pour parvenir à une telle conception, cinq procédés ont été utilisés : le passé a été simplifié, un biais eurocentrique a été introduit, les définitions ont été modifiées, les critères ont été rehaussés, et les problèmes auparavant mineurs ont vu leur importance réévaluée.

§1. Simplification Du Passe : Les Souvenirs De La Guerre Froide

Les conclusions tirées sur la complexité du monde après la Guerre Froide sont en partie issues d'un schéma remarquablement simplifié de ce qui s'est réellement produit durant cette période. Ce phénomène est lié à notre manière de regarder le passé avec une certaine myopie, à le reconsidérer de

116En sanskrit, « instrument de la pensée, formule sacrée, hindoue ou bouddhique, qui a un caractère magique 117Cf. Testimony before the Senate Intelligence Committe, 2 february 1993

118Cf. « No time to disarm », Wall Street Journal, 23 august 1993, A10.

119Cf. « Delusions of world order », New York Review of Book, 9 april, 1992, p. 37.

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manière beaucoup plus bienveillante, simpliste et innocente qu'il ne l'était en réalité120. Aussi favorable que soit le cours des événements actuels, le passé semble toujours meilleur. Et, plus on y réfléchit, plus on se considère malheureux comparativement à autrefois. Il y a bien des "âges d'or", mais nous ne les vivons jamais, ils se sont toujours enfuis quelque part : dans le bon vieux temps ou dans un avenir inaccessible.

Par exemple ceux qui se souviennent, avec nostalgie des "happy days" des années 50 oublient le Maccarthysme, la guerre meurtrière en Corée, ou encore le malaise profond suscité par la menace apparemment sérieuse du communisme, avec sa volonté d'"enterrer" l'Ouest en 10 ou 20 ans tout au plus, inquiétudes entretenues par les prévisions de la CIA selon lesquelles le PIB de l'Union Soviétique représenterait le triple de celui des Etats-Unis en l'an 2000121.

Dans la même veine, il faut rappeler les propos de Woosley qui estimait que la menace de Guerre Froide pouvait être résumée succinctement et brièvement puisque notre adversaire est "une seule puissance dont les intérêts menacent fondamentalement les nôtres"122. Ou encore, l'opinion de Thomas Friedman du New York Times selon laquelle "tout ce que les hommes politiques avaient à faire était de tourner leurs compas en direction des conflits régionaux pour voir quelle position allait adopter Moscou et en déduire immédiatement celle de l'Amérique"123. Et la conviction de Meg Greenfield de Newsweek pour qui "déterminer les intérêts des Etats-Unis à l'étranger est devenu une tâche plus difficile depuis la disparition de la menace uniforme, clairement définie et comprise par tous"124.

Malgré tout, la menace du communisme était changeante, multiforme et extrêmement complexe. Il y avait la plupart du temps deux sources principales de menace, la Chine et l'URSS et non pas une seule. Ainsi, le défi relevé par la guerre du Vietnam provenait de la Chine et non de l'Union Soviétique125. De plus, les Chinois et les Soviétiques, même s'ils menaçaient conjointement l'Ouest, étaient le plus souvent en profond désaccord, parfois presque en guerre, sur les stratégies et les tactiques à adopter, ce qui compliquaient encore plus les choses126.

Dans la plupart des cas, il était extrêmement difficile d'adopter une position : les Etats-Unis ont soutenu la Chine contre les Soviétiques en Angola, ont été pendant des années pour le moins perplexes sur l'attitude de Fidel Castro à Cuba, mais ils ont rejoint le camp soviétique pour soutenir la

120Pour une idée opposée à celle-ci voir, Bettmann O. L., The good old days : They were terrible !,(...) 121Reeves R., President Kennedy : Profile of power, New York, Simon & Schuster, 1993.

122Op. cit.

123Cf. « It' harder now to figure out compelling national interest », New York Times, 31 may 1992, E(...) 124Cf. « Reinventing the world », Newsweek, 20 december 1993, p. 128.

125Cf. Mueller J., Retreat from doomsday : The obsolescence of major war, New York, Basic Books, 198(...) 126Samuel Huntington, soutient que le paradigme de la Guerre Froide « a aveuglé les spécialistes et(...)

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création de l'Etat d'Israël, ainsi qu'un régime gauchiste en Tanzanie, et parce qu'ils considéraient que la plupart des insurrections communistes étaient liées d'une manière ou d'une autre à des troubles internes, ils n'ont jamais pu déterminer si certains pays, comme le Mozambique, devaient ou non être considérés comme des pays communistes.

Friedman et d'autres peuvent bien penser que la politique du containment et ses implications théoriques sur la gestion de l'expansionnisme soviétique, fournissait une ligne directrice claire et un code de conduite limpide qui garantissaient la cohérence de la politique extérieure américaine.

La réalité de la Guerre Froide nous suggère au contraire qu'il y eut surtout des hésitations et des improvisations dans l'application de cette politique. A peine la politique du containment était-elle formulée, que Truman laissait la Chine rejoindre le camp communiste.

Eisenhower quant à lui se refusa à engager des moyens militaires pour empêcher la victoire communiste en Indochine mais il tint bon sur les îles de Quemoy et Matsu au large des côtes chinoises.

Kennedy pour sa part voulait consolider les positions anticommunistes au Sud Viêt-Nam, mais au même moment il accordait le contrôle effectif du Laos aux communistes. La politique du containment aurait pu constituer une ligne de conduite utile mais elle n'a en réalité guère facilité la formulation d'objectifs politiques. Ainsi, les Etats-Unis et leurs alliés se disputaient fréquemment sur la manière dont ils devaient faire face à la menace "menace uniforme, clairement définie et comprise par tous", telle que la qualifiait M. Greenfield.

En fait, si la période d'après-guerre Froide ressemble à une jungle infestée de serpents venimeux, la Guerre Froide quant à elle était une jungle dominée par au moins deux dragons et infestée de serpents venimeux dont certains étaient de divers types, sinueux et le plus souvent d'une complicité ambiguë et sournoise avec l'un ou l'autre des deux dragons. Déterminer laquelle de ces jungles est la plus préférable et la moins complexe semble évidente. La Guerre Froide constituait une complexité supplémentaire dans les relations que les Etats-Unis entretenaient avec un grand nombre de pays. Ainsi, les Etats-Unis ont dû traiter Mobutu comme un dictateur qui avait mené son pays à la ruine mais un dictateur qui se trouvait à leurs côtés dans la Guerre Froide. Aujourd'hui, ils peuvent le traiter seulement comme un dictateur qui a mené son pays à la ruine. Il est donc important de souligner dans ce domaine que la politique internationale est devenue bien moins complexe qu'elle ne l'était durant la Guerre Froide.

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M. Greenfield déplore "la disparition de l'ordre, de l'autorité et des institutions à travers le monde", considérant implicitement que nous sortons d'une période où "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", et où l'autorité restait incontestée suggestion somme toute étonnante127.

De même, Hoffmann considère que pendant la Guerre Froide, "les Superpuissances, mues par la crainte d'une guerre nucléaire, avaient élaboré petit à petit des règles et des contraintes pour éviter la confrontation militaire directe"128. Ceci est vrai, mais il faut souligner que ces pays finissaient par se trouver impliqués dans des conflits armés indirects, dont certains étaient particulièrement meurtriers.

Et dans notre nouveau monde, quelque désordonné et complexe qu'il puisse paraître, les risques de confrontation militaire, directe ou indirecte, entre l'Est et l'Ouest, se sont tellement réduits qu'il en est devenu absurde de suggérer qu'un code de règles et de contraintes soit nécessaire pour les éviter, en tout cas tout aussi saugrenu que d'affirmer qu'un tel code est aujourd'hui nécessaire à la prévention d'un conflit entre les Etats-Unis et le Canada.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery