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Les relations internationales âpres la guerre froide: analyses et perspectives

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par Merveil Ilonga leka bilimba
Université pédagogique nationale - Licence 2011
  

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§2. Dépôt du fardeau et adaptation à la normalité retrouvée

Pour Ted Galen Carpenter, directeur d'études au Cato Institute, les Etats-Unis ont besoin d'une stratégie indépendante, libérée des engagements de sécurité obsolètes, coûteux et dangereux51. Ils ne doivent plus porter, comme le géant Atlas dans la mythologie, le poids du monde sur leurs épaules. Il faut définir avec plus de précision les intérêts vitaux et s'abstenir du réflexe interventionniste.

Des conflits locaux en Europe, comme ceux qui déchirent la Yougoslavie, ne menacent pas les intérêts américains et ne valent pas la peine de risquer des vies américaines. Le système des alliances est dépassé. L'OTAN a vécu52. Il faut cependant garder un certain rôle, même une activité certaine dans les domaines économique, culturel et diplomatique.

Mais vouloir maintenir une présence militaire significative en Europe réduit à un sens étroitement militaire l'influence américaine et, de plus, est choquant pour les Européens, qui partagent un même héritage démocratique et culturel. Le Japon exerce bien une influence sans passer par l'instrument militaire. En fait, les valeurs américaines sont en elles-mêmes une source d'influence considérable.

Il faut revenir aux paroles de John Quincy Adams : "L'Amérique souhaite la liberté et l'indépendance pour tous, mais elle n'en est le champion et le justicier que pour elle-même"53. Carpenter admet que le système international est pour l'instant unipolaire mais selon lui cela ne durera pas : c'est un "mirage qui s'évanouira bientôt". Le désir des Européens de constituer

49Ibid., pp. 30-34.

50W. Pfaff, «New or Old...».

51Ted Galen Carpenter, A Search for Enemies. America's Alliances after the Cold War, Washington, D.C., Cato Institute,

1992.

52Ted Galen Carpenter, «An Independent Course», America's Purpose..., pp. 82-87.

53Ibid., p. 87.

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un front commun sur les questions de sécurité n'est encore qu'à l'état embryonnaire, mais le mouvement est visiblement amorcé54.

Robert W. Tucker adopte une position similaire. Les raisons qui ont poussé l'Amérique à jouer un si grand rôle pendant un demi-siècle ne sont plus valides. Dans le monde de l'après-Guerre froide, la sécurité des Etats-Unis, au sens étroit comme au sens large, n'est plus vraiment menacée55.

Le leadership américain ne survivra pas à la Guerre froide. Il serait beaucoup plus compliqué pour les Etats-Unis - et aussi moins attrayant pour la nation américaine - d'assurer l'ordre que de défendre la liberté. Et le reste du monde ne manquerait pas de se défier du nouveau gendarme du monde, avec un sentiment mêlé d'ingratitude et de ressentiment.

Il est temps d'être modeste ! Il fallait bien combattre le nazisme puis le communisme. Mais maintenant ? Quel besoin de maintenir l'OTAN ? La force de l'inertie. Il faut revenir au message d'adieu de George Washington, renoncer aux alliances "empêtrantes" (entangling alliances). L'exemple américain suffit. Il ne faut plus maintenir des armées dans le monde entier56. L'âge des superpuissances est révolu. Celles-ci doivent s'adapter.

Les leçons de la guerre du Golfe sont trompeuses. Il y aura encore des crises, mais elles auront en elles-mêmes une capacité d'auto-limitation, étant donné la nouvelle fragmentation de la puissance. La politique américaine s'adaptera en conséquence. Elle veillera à maintenir en quarantaine la violence régionale, à compartimenter l'instabilité régionale, sans intervenir activement57. Tout au plus l'Amérique pourra-t-elle encourager les équilibres régionaux. Le monde n'a plus besoin des Etats-Unis comme en 194558.

Les temps sont redevenus "normaux", écrit Jeane Kirkpatrick, ancien ambassadeur à l'ONU et professeur à l'université Georgetown. Les Etats-Unis ont le droit de redevenir eux aussi un pays "normal". La Guerre froide a donné trop d'importance aux affaires étrangères. Aujourd'hui les objectifs de l'Amérique sont d'abord d'ordre intérieur. Il faut reconstruire une société meilleure59.

54Ted Galen Carpenter, «The New World Disorder», Foreign Policy, n° 84, automne 1991, pp. 27-29.

55Robert W. Tucker, «1989 and All That», Sea-Changes : American Foreign Policy in a World Transformed, sous la dir. de

Nicholas X. Rizopoulos, New York, Council of Foreign Relations Press, 1990, pp. 232-237.

56Nathan Glazer, «A Time for Modesty», America's Purpose...,pp. 134-141.

57Earl C. Ravenal, «The Case for Adjustment», Foreign Policy, n° 81, hiver 1990-91, pp. 3-8.

58Michael Vlahos, «Culture and Foreign Policy», Foreign Policy, n° 82, printemps 1991, p. 68.

59Jeane J. Kirkpatrick, «A Normal Country in a Normal Time»,America's Purpose..., p. 156.

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§3. Le préalable du renouveau intérieur

La puissance est devenue essentiellement économique et c'est sur ce plan que va se dérouler la principale compétition. Les Etats-Unis doivent se dégager de l'outre-mer et faire du renouvellement intérieur leur priorité. Il n'y a plus de réels ennemis mais il n'y a plus de vrais alliés60. Car l'Europe et le Japon ne resteront pas simplement des puissances économiques, mais deviendront aussi des puissances militaires. Il faut rejeter l'illusion qu'une politique étrangère globaliste conduira à un monde modelé sur les valeurs américaines.

Au contraire, à vouloir jouer à tout prix la superpuissance, l'Amérique ne fera que s'épuiser davantage. La guerre du Golfe a déjà levé un coin du voile sur cette nouvelle configuration où les Etats-Unis loueraient leurs mercenaires pour défendre la communauté mondiale, révélant ainsi l'état désastreux de leur économie.

L'Amérique doit mettre de l'ordre chez elle, non seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan socio-culturel, car le développement séparé des communautés et le maintien des ségrégations pourraient conduire à une balkanisation sociale61. Quand le renouveau intérieur aura été opéré, mais alors seulement, l'Amérique pourra réfléchir au maintien d'une certaine collégialité globale qui ne viendrait toutefois qu'en deuxième position après les intérêts nationaux américains.

Au XIXe siècle, l'isolationnisme fut pour les Etats-Unis une stratégie réaliste et adaptée. Au début du XXe, diverses pressions intérieures continuèrent à le soutenir, en dépit des conditions nouvelles qui en faisaient une dangereuse illusion. Il est permis d'avoir des doutes quant à la similitude de situation avec le XIXe siècle, même si la menace de l'adversaire hégémonique désigné a disparu.

Les Etats-Unis sont-ils capables d'avoir une politique étrangère sans avoir un "rôle" ? L'isolationnisme n'est pas une option sérieuse. Les Etats-Unis ont été fondés sur des principes universels et veulent rester un exemple pour le reste du monde. Ils ne pourraient abandonner leur vocation universaliste sans se renier eux-mêmes et, plus grave encore, sans risquer de se dissoudre en une cacophonie de tribus rivales : Noirs, Hispaniques, fondamentalistes chrétiens, etc.62.

60Michael Vlahos, «To Speak to Ourselves», America's Purpose..., pp. 44-50. 61Michael Vlahos, «Culture...», pp. 70-71, 78.

62Nathan Tarcov, «If this Long War is Over...», America's Purpose..., pp. 17 et 21.

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SECTION 3. NOUVEL INTERNATIONALISME, PRATIQUE ET SÉLECTIF

L'internationalisme pratique pourrait bien être, selon Richard Gardner, le concept unificateur de la politique étrangère américaine pour l'après-Guerre froide63. Ce concept veut éviter les extrêmes que sont l'isolationnisme, l'unilatéralisme global et le multilatéralisme utopique. Il envisage pour les Etats-Unis un rôle de leadership dans l'édification, avec d'autres nations, d'un ordre de paix, par l'intermédiaire d'organisations internationales qui fonctionnent64.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci