Chapitre II : Analyse fondamentale dans le trading
L'analyse fondamentale porte sur l'aspect
macroéconomique dans le trading. Il s'agit d'indicateurs
économiques au plan mondial permettant d'anticiper la tendance futur du
marché. Cela permet au trader, connaissant la situation
économique d'un pays d'élaborer une stratégie de trading.
Dans le présent chapitre, nous étudions la psychologie des
consommateurs à travers deux théories liées de par leur
origine (théorie de DOW et contrary opinion), le calendrier
économique, et les corrélations sur le Forex.
I. Théorie de DOW
Keynes (1936) lui-même affirme dans son
principal ouvrage, la Théorie générale de l'emploi, de
l'intérêt et de la monnaie que « la plupart des investisseurs
et spéculateurs professionnels s'occupent moins de faire des
prévisions précises à long terme que de prévoir peu
de temps avant le grand public les changements à venir de la base
conventionnelle d'évaluation ». Cette approche fait suite à
l'analyse initiale de Dow, créateur de l'indice
éponyme et du Wall Street Journal. La théorie de Dow est au coeur
de l'analyse technique et mérite d'être
développée.
En effet, Dow fut l'un des premiers auteurs
à comprendre l'importance des notions de « timing » et de
réactivité. Son modèle repose sur l'idée selon
laquelle, en période de baisse des cours, il existe toujours des
investisseurs plus téméraires et mieux informés
prêts à acheter en prévision de la reprise «
accumulation par les astucieux », alors même que
les particuliers se défont de leurs titres. A cette phase, fait suite
l'amélioration des résultats de l'entreprise, suscitant
l'engouement des investisseurs pour le titre « imitation
». Cette période d'amélioration est alors
susceptible d'engendrer une pression à l'achat très forte pour
les particuliers, désireux de prendre part à ce qu'ils
considèrent être un mouvement sans fin. Cette phase est pour les
premiers investisseurs l'occasion de vendre « distribution par les
astucieux », en prévision du retournement qui s'annonce,
alors même que l'ensemble des petits porteurs se positionne à
l'achat.
Ces différentes analyses partent de points essentiels,
qu'il convient de définir clairement. Ainsi, si tous les investisseurs
conçoivent le principe d'une hausse ou d'une baisse des cours, encore
faut-il déterminer comment cela se traduit graphiquement et sur le plan
des cours.
01 mai 2013
[ETUDE FONCTIONNELLE DU TRADING SUR LE FOREX : CAS DE
HBI]
01 mai 2013
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HBI]
Par exemple, un mouvement haussier se caractérise par
des points bas de plus en plus hauts dans le temps, tandis qu'un mouvement
baissier se caractérise par des points hauts de plus en plus bas.
Cette façon d'aborder les tendances peut paraître
anodine mais elle est tout à fait capitale pour intégrer les
principes de construction des indicateurs techniques.
II. Contrary opinion
Dans le prolongement de la théorie de Dow, figure le
principe de « contrary opinion », développé par
Neill (1954). Ce système repose sur l'idée selon
laquelle, dès lors que tous les investisseurs ont la même opinion
au même instant, il est fort peu probable que cette opinion se
matérialise dans les faits. Si tous les investisseurs sont optimistes,
qui reste-t-il donc pour acheter ? Cette approche peut paraître
extrêmement systématique et hasardeuse mais elle se situe
néanmoins dans le prolongement logique de Dow.
En effet, dans la théorie de ce dernier, la
deuxième phase correspond à une période de plus grande
confiance dans le titre, associée à son achat par un nombre
croissant d'investisseurs. Dès lors, au début de la
troisième phase, l'ensemble des investisseurs positifs sur le titre se
sont déjà positionnés à l'achat, tandis que les
premiers « astucieux » se défont de leurs
titres. Il se pose alors la question de savoir quels vont être les
acheteurs qui vont permettre au titre de poursuivre sa hausse. Le marché
aurait même plutôt tendance à baisser dans la mesure
où les premiers investisseurs cèdent leurs titres.
Afin d'estimer ces niveaux sensibles, les investisseurs
recourent notamment aux sondages d'opinion portant sur la confiance des
professionnels : un niveau particulièrement
élevé de confiance est susceptible d'indiquer une situation de
surachat, précurseur d'un retournement à la baisse. Une situation
symétrique pourrait naturellement être observée à la
baisse.
III. Calendrier économique
Il s'agit d'un calendrier publié hebdomadairement sur
les places boursières. Ce calendrier donne un aperçu sur des
indicateurs macroéconomique pouvant influencer sur les devises. L'on
peut retenir les indicateurs suivants :
Atlanta Fed Index : La Fed d'Atlanta (une des
12 Fed Régionales) envoie un questionnaire à 500 entreprises
industrielles pour les interroger sur les prévisions de leur
activité, les carnets de commandes, les stocks... Elle calcule un
indicateur qui est publié mensuellement, vers la
moitié du mois suivant qui donnent des renseignements
sur l'évolution de la conjoncture dans une importante région des
USA (le Sud-Est).
Balance Commerciale (Trade Balance/International
Trade) : La balance commerciale représente la différence
entre l'ensemble des exportations (total des biens et services exportés)
et l'ensemble des importations (total des biens et services importés).
Tous les pays publient mensuellement les données de leur balance
commerciale. Les opérateurs analysent avec beaucoup d'attention les
balances et surtout les composantes des balances commerciales des principaux
pays pour obtenir une indication sur la conjoncture et l'évolution des
devises.
En période de crise:
Si la balance est excédentaire (plus d'exportations que
d'importations), cela signifie que les entreprises exportent plus et augmentent
ainsi leurs chiffres d'affaires. Cette période de redressement est
souvent accompagnée d'un taux de change favorable. Attention, un taux de
change favorable est synonyme d'une monnaie faible! Or une monnaie trop faible,
même si elle est bénéfique pour les exportations, n'est pas
bonne pour l'économie. En effet, une monnaie trop faible s'accompagne
d'une fuite des capitaux vers l'étranger.
Si, au contraire, la balance commerciale est
déficitaire (plus d'importations que d'exportations), les entreprises
produisent et exportent moins, ce qui renforce plus la crise. La banque
centrale peut jouer sur le taux d'intérêt ou le taux de change
(à la hausse ou à la baisse) pour renverser le consensus
économique.
En période de croissance:
Si la balance commerciale est excédentaire,
l'économie fonctionne bien mais il faudra faire attention au niveau du
taux de change. Si, au contraire, la balance commerciale est
déficitaire, la production intérieure est inférieure
à la consommation.
Aux Etats-Unis, par exemple, la balance commerciale est
déficitaire: les Américains consomment beaucoup plus qu'ils ne
produisent et sont, par conséquent, de plus en plus endettés.
Leur monnaie référence leur permet d'être «dans le
rouge» sans trop s'en préoccuper.
Balance des paiements/Comptes courants (Current
Account) : La balance des paiements est un indicateur des conditions
financières d'un pays, qui est au moins regardé à cause de
la structure comptable de la balance elle-même. Mais elle peut quand
même donner des indications sur la stabilité d'une devise. Quant
au compte courant, il est la mesure du
01 mai 2013
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HBI]
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commerce international d'un pays, en biens, services et
transferts unilatéraux. Publié sur une base trimestrielle, avec
les chiffres des exportations et importations, il montre les tendances du
commerce extérieur.
IV. Corrélations sur le Forex
L'étude de la corrélation des différentes
paires de devises est parfois négligée ou mal comprise mais c'est
pourtant un point très important pouvant occasionner de nombreux
écueils si elle est mal assimilée.
Le coefficient de corrélation est le niveau de liaison
qu'il existe entre deux variables. Ce coefficient varie toujours entre -1 et 1,
on utilise parfois également l'intervalle -100%; +100%. Des variables
ayant un coefficient de corrélation de 1 (= 100%) évolueront dans
le même sens et avec la même ampleur. Des variables ayant un
coefficient de corrélation de -1 (= -100%) évolueront dans le
sens opposé et avec la même ampleur. Des variables ayant un
coefficient de corrélation de 0 (= 0%) seront totalement
décorrélées et évolueront différemment.
Généralement à partir d'un taux de corrélation de
+/- 0.5 on considère que deux actifs sont corrélés et
qu'ils sont fortement corrélés à partir de +/- 0.75.
L'aspect le plus important de l'étude des
corrélations est la relation avec la gestion des risques. L'étude
de la gestion des risques d'un portefeuille évoque forcement la
diversification du portefeuille. En effet, un portefeuille correctement
diversifié permet de limiter la volatilité de l'ensemble du
portefeuille donc de limiter les risques. Mais la qualité de cette
diversification est inversement proportionnelle à la valeur absolue du
coefficient de corrélation.
Ainsi, deux actifs détenus en portefeuille ayant un
taux de corrélation de 0.95 seront tellement liés qu'au niveau
des risques, cela reviendra pratiquement à porter deux fois la
même position. Bien souvent, soit les deux positions seront gagnantes
soit les deux seront perdantes, ce n'est donc pas une diversification
efficace.
VI.1 Corrélation du Forex avec le pétrole
Pour anticiper les fluctuations du Forex, les cambistes
professionnels mènent leur analyse au-delà du monde des devises.
Les taux de change sont influencés par de nombreux facteurs tels que
l'offre et la demande, la politique, les taux d'intérêt, la
croissance économique ... Certaines devises sont donc fortement
corrélées avec les prix des matières premières, car
la
croissance économique et les exportations sont directement
liées à l'industrie nationale d'un
pays.
Les trois principales devises qui sont corrélées
avec les produits de base sont le dollar australien, le dollar canadien et le
dollar néo-zélandais. Le franc suisse et le yen japonais sont
également corrélés avec les prix des matières
premières, mais de façon plus faible. Les traders Forex peuvent
donc analyser ces corrélations pour comprendre et anticiper les
mouvements du marché des changes.
? Le pétrole et la paire CAD/USD
Au cours des dernières années, le baril a
considérablement varié, il est passé de 60 dollars le
baril en 2006 à un sommet de 147 $ US en 2008 avant de chuter en dessous
de 40 dollars au premier trimestre 2009, en avril 2013 le cours est
remonté dans la zone des 88 $. Cette importante volatilité peut
aussi être observée dans le prix de l'or qui est passé de
692 $ l'once en octobre 2008 à 1896 $ en septembre 2011, actuellement,
il se négocie à 1400 $. En ce moment, de nombreux pays sont en
récession et l'évolution des prix des produits de base peut faire
la différence entre une profonde récession et une
récupération plus rapide. Les taux de changes sont
influencés par le prix de ces produits, les traders Forex doivent donc
surveiller le cours des matières premières pour prendre des
décisions de trading plus avisées. Le pétrole est un
produit de base partout dans le monde - du moins pour l'instant-, la plupart
des pays développés ne peuvent pas vivre sans pétrole. En
février 2009, le prix du pétrole était inférieur de
70 % par rapport à son niveau record de 147 $ en juillet 2008. Une
baisse des prix du pétrole est un cauchemar pour les producteurs de
pétrole, tandis que les consommateurs de pétrole profitent des
avantages d'un plus grand pouvoir d'achat.
Il y a un certain nombre de raisons pour expliquer la chute du
pétrole, l'appréciation du dollar (le pétrole est
coté en dollars) et la baisse de la demande mondiale. Le Canada est un
grand exportateur de pétrole, il est donc gravement touché par
les baisses de prix du pétrole, tandis que le Japon qui est un important
importateur de pétrole a tendance à en profiter.
Entre les années 2006-2009, la corrélation entre
le dollar canadien et le prix du pétrole était d'environ 80 %.
Sur une base journalière, la corrélation n'est pas toujours aussi
serrée, mais elle augmente sur le long terme, car la valeur du dollar
canadien a de bonnes raisons d'être sensible au prix du pétrole.
Le Canada est le septième producteur de pétrole brut dans le
monde, sa production de pétrole augmente régulièrement. En
2000, les importations de pétrole du Canada aux États-Unis ont
dépassé celles de l'Arabie Saoudite. Les dernières
estimations
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de la taille des réserves de pétrole par pays
placent le Canada en seconde position derrière l'Arabie Saoudite. La
proximité géographique entre les Etats-Unis et le Canada, ainsi
que l'incertitude politique croissante au Moyen-Orient et en Amérique du
Sud ont fait du Canada l'un des meilleurs endroits à partir duquel les
Etats-Unis peuvent importer du pétrole. Mais le Canada ne dessert pas
seulement les États-Unis, les vastes ressources
pétrolières du pays commencent à recevoir beaucoup
d'attention de la Chine, surtout depuis la découverte de nouveaux
gisements de pétrole au Canada.
Le graphique ci-dessous montre la relation clairement positive
entre le pétrole et le loonie (dollar canadien). Le prix du
pétrole agit effectivement comme un indicateur avancé de l'action
des prix du CAD/USD.
Graphique 1: Evolution de la
corrélation entre le pétrole et le CAD/USD de 2005 à
2009
Source : FXCM (2013)
L'observation du graphique ci-dessus laisse voir la nette
corrélation positive entre le pétrole et le cross CAD /USD. En
effet entre 2005 et début 2009, les deux variables avaient une tendance
haussière, passant de 22 dollars pour le pétrole (respectivement
0,85 pour le CAD/USD) à 147 dollars pour le
pétrole(respectivement 1,05 pour le CAD/USD) avant de chuter a 19 et
0,85 pour respectivement le pétrole et le CAD/USD. Cependant, la paire
de devises pour le trading Forex est l'USD/CAD au lieu du CAD/USD. La
corrélation est donc inversée. Ainsi, lorsque les prix du
pétrole montent, l'USD / CAD chute et inversement quand
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le prix du pétrole descend, l'USD/CAD monte.
L'économie canadienne est tributaire des exportations, car 85 % de ses
exportations sont destinées aux Etats-Unis. Pour cette raison, l'USD /
CAD peut être fortement affecté par la façon dont les
consommateurs américains réagissent aux variations de prix du
pétrole. Quand la demande américaine augmente, le prix du
pétrole augmente et le cours de la parité USD /CAD baisse. Quand
la demande américaine chute, le prix du pétrole diminue et le
cours de la parité USD /CAD augmente. En tenant compte de l'inversion de
la corrélation, on observe la nette corrélation négative
entre le pétrole et l'USD/CAD.
Graphique 2: Corrélation entre le
pétrole et la paire USD/CAD entre 2000 et 2012
Source : FXCM (2013)
? Le pétrole et la paire CAD/JPY
Le Japon importe la quasi-totalité de son
pétrole (les États-Unis importent environ 50 %), il est le
troisième plus grand importateur mondial de pétrole
derrière les États-Unis et la Chine. Le Japon est
particulièrement sensible aux variations de prix du pétrole en
raison du manque de ressources nationales en énergie et de la
nécessité d'importer de grandes quantités de
pétrole, de gaz naturel et d'autres ressources
énergétiques. En 2008, la dépendance du pays pour les
importations d'énergie était de 84 %. Le pétrole fournit
au Japon 49 % de ses besoins en énergie, le charbon représente 20
%, le nucléaire 13 %, le gaz naturel 14 %, l'énergie
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hydroélectrique 3 % et les sources renouvelables
à peine 1 %. Par conséquent, lorsque les prix du pétrole
montent en « flèche », l'économie japonaise souffre.
En analysant les plus grands pays exportateurs et importateurs
de pétrole, la paire de devises en tête de liste pour exprimer une
opinion sur le prix du pétrole est le dollar canadien par rapport au yen
japonais (CAD / JPY). Le graphique ci-dessous illustre la corrélation
étroite entre le prix du pétrole et le CAD / JPY. Le prix du
pétrole peut être considéré comme un indicateur
avancé (comme l'USD / CAD) de l'action des prix du CAD/JPY avec un
retard apparent. Le graphique ci-dessous illustre la corrélation entre
le pétrole et le CAD/JPY de 2005 à 2008.
Graphique 3: Corrélation entre le
pétrole et la paire CAD/JPY entre 20005 et 2008
Source : FXCM (2013)
L'analyse de ce graphique fait ressortir une
corrélation positive entre les deux variables, mais aussi une tendance
globalement haussière de 2005 à 2008. Cependant les
corrélations n'étant pas statiques, on peut voir sur le graphique
que le cours du pétrole a continué de baisser après
l'intersection des deux courbe (traduisant l'équilibre), tandis que le
CAD / JPY a cassé le niveau 100 pour toucher un plus bas niveau de 76
ans (soit 0,76).
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