2-1-3 Augmentation de la création des
groupements paysans ces dernières
décennies
Dans les villages du Petén, des groupes de paysans se
forment depuis très longtemps de manière traditionnelle. Depuis
les années 1980-1990, le nombre de groupements paysans «
formalisés », c'est-à-dire reconnus par le milieu
institutionnel, a fortement augmenté quel que soit leur taille ou leur
thème d'organisation. Plusieurs explications peuvent permettre de
comprendre ce phénomène : d'une part, cette période a
été soumise à des réorganisations et
transformations agricoles dues aux pressions du marché, auxquelles
beaucoup de ruraux se sont incorporés ou ont résisté par
le biais de ces groupements ; d'autre part, l'accroissement à cette
période de l'aide au développement au niveau international a
provoqué l'émergence de ces groupements ou renforcé ceux
qui existaient déjà. Avec la collaboration de diverses
fédérations d'organisations, la nouvelle tendance a
été de favoriser un « développement participatif
». La multiplication des offres d'aide et de services techniques des
agences étrangères auprès des O.P a donc intensifié
leur volonté d'y participer, ainsi que celle de leurs voisins. La
tendance politique au niveau international d'aide au développement
était alors une occasion pour les agriculteurs de remédier au
désengagement de l'Etat en trouvant des solutions par elles-mêmes
et par l'alliance avec des acteurs extérieurs.
Dans certains pays, comme le Guatemala, un des nouveaux
facteurs d'organisation est la gestion des ressources naturelles par les
villageois. La multiplication et le développement des groupements
doivent alors être replacés dans un contexte de changements
profonds qui affectent les pays du sud depuis une vingtaine d'années.
C'est aussi une réponse pragmatique à la diversité des
problèmes à gérer par les communautés.
Nous partons du constat que les groupements paysans se
créent en fonction des divers besoins ressentis et des tendances
extérieures. Nous pouvons alors penser que d'une part, les besoins qui
ont incité à créer les groupements sont toujours
présents, même s'ils peuvent avoir évolué et se sont
multipliés. Par exemple, les besoins matériels et
économiques étaient ressentis au début de la
création des trois associations de notre étude, mais ils se sont
démultipliés depuis. D'autre part, les résultats positifs
obtenus pendant ces années par les
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Benotti. Mémoire de recherche appliquée ETHT7:
Associations Paysannes et Développement Durable: entre discours et
réalités. (2013)
anciens groupements paysans ont engendré la
multiplication d'autres groupements, par la diffusion
générationnelle et territoriale (les communautés
voisines).
Selon l'anthropologue Jean-Pierre Jacob18, la
multiplication des organisations paysannes qui survient au sein d'une
même zone géographique, voire d'un même village, permettrait
une meilleure adaptation à la réalité sociale et
culturelle. En s'appuyant sur les travaux de Jacky Bouju à propos du
pays mossi (1991 : 69), il démontre que
l'hétérogénéité socio-culturelle d'une zone
géographique précise est la raison pour laquelle plusieurs
organisations internes se créent afin de répondre à des
attentes spécifiques de chaque sous-groupe. La multiplication des
associations n'est donc pas seulement quantitative mais aussi qualitative. Dans
le cas des villages du projet cacao, des associations de femmes et de religieux
se sont ajoutées aux associations d'agriculteurs.
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