2-1-2 Une grande diversité
Ces définitions générales dissimulent une
large diversité de cas. Nous pourrions faire une différenciation
selon des indicateurs tel que l'origine du groupement, sa composition, sa
taille, sa fonction, ou encore son mode de fonctionnement.
L'origine des groupements peut permettre de mieux distinguer
leurs intentions : ces groupes peuvent être suscités de
l'extérieur (il faut alors tenir compte du type d'acteur qui les a
formés), ou d'initiatives locales. Comme j'ai pu l'observer, les
populations peuvent aussi prendre l'initiative de s'organiser en apprenant la
présence d'acteurs intervenant pour réaliser un projet de
développement. Dans ce cas, la création d'associations
s'apparente à une réponse à un appel d'offre. Cependant,
comme l'explique bien Daouda Diagne, « On remarquera que, dans la
réalité, on a souvent une combinaison entre des facteurs internes
et des stimulants
16 THIEBA D., 1992, « Les organisations
paysannes : émergence et devenirs », Bulletin de l'APAD, n°3,
Revue Apad (ed.) : 4 p.
17 MERCOIRET M-R., PESCHE D. & BOSC P-M. 2006,
Les organisations paysannes et rurales pour un développement durable en
faveur des pauvres. Compte rendu de l'atelier de Paris France, CIRAD, Paris :
45 p.
35
Benotti. Mémoire de recherche appliquée ETHT7:
Associations Paysannes et Développement Durable: entre discours et
réalités. (2013)
externes, le tout est de voir quels sont les tendances
principales et les facteurs déterminants de l'émergence des
groupements. » (1995 : 13).
Dans le cas que nous étudions, les associations sont
nées d'initiatives locales, par la nécessité des migrants
de s'organiser dans leur nouveau milieu. Elles ont ensuite évolué
avec la venue de nouvelles nécessités.
Il est important de s'interroger sur la composition des
groupements : Quel type de personnes les compose ? Y trouve-t-on des
représentants de l'ensemble de la population locale ou seulement d'un
groupe bien particulier? Ces questionnements doivent permettre de faire des
hypothèses sur la cohésion sociale du groupe par rapport à
ses objectifs. Dans le cas de notre étude, les associations se composent
exclusivement de q'eqchi', très majoritairement agriculteurs, et de peu
de femmes.
Les activités que les groupements développent
permettent aussi de classifier le type d'organisation. Les associations sont
parfois spécialisées dans la production, dans la collecte, dans
la défense de droits, ou bien dans la commercialisation.
En plus de ces tendances s'ajoutent des indications plus
quantitatives, comme la taille du groupement (nombre de membres) ou ses
ressources financières (cotisations, crédits, subventions...).
Selon l'importance de ces différents indicateurs, nous
pouvons déterminer plusieurs niveaux : Les organisations de base
(communautaire), comme les trois associations communautaires du projet cacao ;
les organisations de niveau municipal; les regroupements en
fédérations plus influentes au niveau régional, national
voire international, comme la fédération COACAP présente
pendant mon stage.
On observe alors une pluralité des types de groupement.
Ces dernières décennies, de nombreuses typologies et classements
ont été créés par différentes disciplines
avec des indicateurs de ce type, pour essayer de mieux les différencier.
Cependant, les administrations, les ONG, les chercheurs etc., produisent des
classements adaptés aux questions qu'ils se posent. De ce fait, un
classement n'est pas objectif en soi et il exprime la vision et les attentes de
celui qui le bâtit par rapport à ses objectifs, qu'il convient
d'expliciter et d'analyser.
Nous voyons donc que pour saisir réellement la
très grande variété d'organisations paysannes qui existe,
nous devons passez au-delà des typologies en recueillant le sentiment
propre des groupes, en tenant compte de leur identité et de leurs
motivations.
36
Benotti. Mémoire de recherche appliquée ETHT7:
Associations Paysannes et Développement Durable: entre discours et
réalités. (2013)
Pour clarifier notre texte et être le plus proche de la
réalité de la situation dans le cas de la région du
Petén, nous utilisons le terme d' « association paysanne »,
qui est le concept en français qui définit de manière la
plus proche le type de groupement au niveau villageois avec lequel j'ai
travaillé. Nous utiliserons aussi le terme d'« organisation
fédératrice » pour désigner l'organisation
COACAP.
|