Cooperation transfrontaliere entre le Cameroun et la Guinee equatoriale( Télécharger le fichier original )par Eric Bertrand BELINGA Universite de yaounde II=Soa, Institut Des Relations Internationales Du Cameroun - Master 2 2013 |
CHAPITRE II : LES ENJEUX DE LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE ENTRE LE CAMEROUN ET LA GUINEE EQUATORIALEL'histoire du continent a démontré que les frontières africaines sont un facteur récurrent de conflits. Selon les estimations de l'Union africaine, il ressort que moins d'un quart des lignes frontalières africaines sont aujourd'hui définies47(*). Cette absence de définition des frontières engendre l'existence de « zones floues » à l'intérieur desquelles l'exercice de la souveraineté nationale ne peut être que problématique. Dans ces zones, un simple différend entre deux communautés peut entraîner des tensions interétatiques. Lorsque ces zones incertaines recèlent des ressources naturelles (eau, forêt, pétrole, minerais, etc.), leur gestion se révèle davantage difficile et source de malentendus divers48(*). Les Etats sont séparés par des lignes imaginaires appelées frontières, lesquelles marquent des espaces de souveraineté interne. Loin de n'être que des zones crisogènes (à cause de la nature périphérique et des interactions multiformes qui caractérisent les régions frontières), les zones frontières présentent des réalités qui ont souvent transcendé les frontières. Ainsi, en dépit de l'existence des frontières qui créent en principe l'effet de barrière, les régions limitrophes de part et d'autre de la frontière forment généralement en Afrique une entité sociologique et économique homogène. C'est la conséquence d'une orogenèse exogène car issue de la colonisation occidentale du 19ème siècle. A cet effet, l'homogénéité géoculturelle et la dynamique historique de la région frontalière constituent un vecteur de paix, de stabilisation sociopolitique, mais aussi de développement économique et social. Elle préfigure enfin à terme une intégration économique et politique africaine plus forte à l'instar de ce qui a pu caractériser la construction européenne il y a quelques décennies. Il s'est alors imposé au Cameroun et à la Guinée Equatoriale la nécessité de coopérer, ne serait-ce pour résoudre les problèmes quotidiens de gestion de la frontière commune. Mais, il va sans doute que les frontières ne pouvant pas être appréhendées seulement comme des lignes - limites ou barrières - entre deux Etats, mais plutôt comme les résultantes d'autant de situations sociopolitiques concrètes, à la fois internes et externes, et des représentations qui les sous-tendent , la gestion quotidienne d'une telle frontière confère une portée spécifique au regard des enjeux multiples qui la déterminent. SECTION I : LES ENJEUX SÉCURITAIRES ET ÉCONOMIQUESRaymond Aron dans Paix et Guerre entre les Nations49(*), pense que ce sont les guerres qui ont structuré les relations internationales et depuis le pacte de Briand Kellog, la volonté des Etats est de mettre la guerre hors la loi par la participation et l'engagement de tous les Etats, à combattre ceux des Etats « rebelles ». C'est le principe de la sécurité collective qui est retenu, même s'il fait face à certaines guerres virtuelles (guerre froide) et réelles (guerre d'Indochine). Les frontières étant par excellence, de potentielles zones crisogènes pouvant déstabiliser les Etats, l'établissement de la coopération transfrontalière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale vise, de prime abord, à résoudre deux problèmes majeurs à savoir : l'insécurité transfrontalière et les échanges économiques. Aucun investissement ne peut se faire dans une zone non sécurisée. * 47 Projet de programme frontière de la CEEAC, présenté à l'atelier de Libreville du 21-23 Mai 2009, p.3. * 48 Ibid, p.4. * 49 R. Aron « Paix et Guerre entre les Nation s », Paris, Calmann- levy, 1984, 8e éd., 784 P. |
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