CONCLUSION GENERALE
Le présent travail sur la vulnérabilité
des populations au paludisme dans les bas-fonds des quartiers
Ngoa-Ekéllé et Nsimeyong avait pourobjectif de parvenir,
à travers le cas des bas-fonds des quartiers Ngoa-Ekéllé
et Nsimeyong, à une caractérisation des facteurs amplificateurs
du paludisme et à une analyse de la vulnérabilité des
populations aux risques associés en milieu urbain. Ce travail s'est
fondé sur quatre hypothèses spécifiques. L'idée
fondamentale étant de parvenir à une meilleure
compréhension de la dynamique de ces phénomènes et surtout
de proposer une autre approche pour aborder les risques de paludisme en ouvrant
la réflexion sur la notion de vulnérabilité très
souvent délaissée au profit des travaux sur l'aléa. Les
deux quartiers étudiés se particularisent par la forte
densité des habitations proche des zones à risque et par
habitat. La mise en parallèle des résultats obtenus pour chacun
de ces espaces nous a permis de souligner les spécificités de
chacun ainsi que des éléments de convergence. Au terme de cette
réflexion, des résultats utiles à la vérification
des hypothèses ont été mis en évidence.
La vulnérabilité des populations au paludisme,
en milieu urbain, est due à plusieurs facteurs. Lesquels facteurs
participent de près ou de loin à la propagation des moustiques
(anophèles femelles), agents vecteurs du paludisme. Pour mieux
appréhender notre étude, les hypothèses retenues nous ont
permis dedéterminer un certain nombre de faits.
La vulnérabilité et la recrudescence du
paludisme sont liées à la topographie, l'insuffisance des
structures sanitaires, le niveau social, le niveau de la nappe
phréatique, l'insalubrité et les habitudes des populations des
quartiersNgoa-Ekéllé et Nsimeyong. Et au terme de notre travail,
nous pouvons dire qu'elle a été vérifiée. En effet,
à travers les résultats recueillis auprès des centres de
santé privée, des ménages et les entretient, on constate
que le paludisme sévit ici de façon endémique. Les
différents facteurs de recrudescence sont presque omniprésents
durant toute l'année. Toutefois la recrudescence du paludisme est plus
aggravée ici par les habitudes des habitants qui sont :
l'insalubrité, la prépondérance des ouvertures qui
laissent entrer les moustiques à l'intérieur des maisons, la
présence des champs de case à côté des habitations
et l'absence d'un système de drainage, la forte densité de
l'habitat. Il s'avère qu'en dehors des paramètres climatiques,
ces derniers éléments expliquent la prépondérance
du paludisme dans les notre zone d'étude. Les résultats de
l'enquête révèlent qu'il y'a également la
qualité de l'habitat et la position de la maison (dans le
marécage) qui influencent la vulnérabilité des
populations au paludisme dans les quartiers Ngoa-Ekéllé et
Nsimeyong.
Les paramètres climatiques ont une influence sur la
vulnérabilité au paludisme et les rythmes d'occurrence sont
appréciés à partir des données obtenues
auprès des centres de centé public et privée de la zone
d'étude.Cette hypothèse a été en
partie vérifiée. En effet, d'après les résultats
recueillis sur le terrain, nous avons vu que les paramètres climatiques
ont certainement une influence notoire sur la recrudescence palustre. Mais la
deuxième partie de cette hypothèse à savoir les rythmes
d'occurrence sont appréciés à partir des centres de
santé desdits quartiers ne nous a guère donné des
résultats escomptés. En effet, certains centres de santé
présentent des résultats qui ne sont pas en logique
d'évolution avec les rythmes climatiques. Car nous savons après
les résultats de l'enquête que, le nombre de paludéens
évolue contradictoirement avec l'abondance des pluies. Or nous nous
sommes retrouvés parfois dans certains centres de santé où
les saisons des pluies enregistrent parfois plus de paludéens que les
saisons sèches.
Ensuite l'analyse et l'évaluation de la
vulnérabilité dans les deux quartiers reposent sur les niveaux
d'exposition des populations aux effets environnementaux et
socio-économique.Surla base des indications fournies par des acteurs
locaux sur les vulnérabilités des populations au paludisme nous
avons déterminé un certain nombre de variables (aléa,
bâti, population, milieu de vie). Deux approches ont ainsi
été mises en oeuvre : la cartographie de la
vulnérabilité des enjeux majeurs du territoire et la grille de
vulnérabilité. Il en ressort que la présence d'un nombre
significatif d'enjeux dans la multiplication des vecteurs du paludisme
constituait le fondement de leur vulnérabilité. Cette situation
pouvant mettre à mal le fonctionnement du territoire,
l'évaluation de la vulnérabilité a permis de souligner
l'intérêt d'agir sur des facteurs tels que le bâti (type de
matériaux, ancienneté), les populations (niveau
socio-économique), la gestion du risque (prévention et gestion de
l'urgence) et l'aléa (réduction de la fréquence...). Les
résultats obtenus permettent de valider la troisième
hypothèse selon laquelle la vulnérabilité des populations
au paludisme dans les deux quartiers est liée à la
présence d'enjeux majeurs sur les habitats proches des marécages
et rivières ainsi que de la forte densité de l'habitat. Aussi
nous avons analysé la vulnérabilité selon l'occurrence du
nombre de cas de paludisme dans notre zone d'étude ainsi que selon le
niveau socio-économique.
D'autre part, l'examen de la vulnérabilité
conduit à la nécessité de repenser les approches d'analyse
et de gestion des risques en Afrique en général et au Cameroun en
particulier. Il s'agit d'accorder une plus grande attention à la notion
de vulnérabilité qui s'est avérée à
l'occasion de cette étude tout autant importante que celle de
l'aléa dans la compréhension globale du risque. Il s'agit en fait
de rééquilibrer le paradigme d'analyse des risques qui est
somme toute basé sur la conjonction de l'aléa et de la
vulnérabilité. Cette attention accordée à la
vulnérabilité devra reposer sur des grilles d'analyse innovantes
en adéquation avec les enjeux spécifiques des quartiers
ciblés.
Pour faire face au paludisme, les populations
développent des stratégies d'adaptation en fonction de leur
niveau de la connaissance de la maladie à côté de ceux de
l'Etat et les partenaires sociaux, cette hypothèse a été
vérifiée. En effet notre objectif était de montrer qu'il
existe une pléthore de stratégies adoptées par les
populations de Ngoa-Ekéllé et Nsimeyong en fonction de leur
niveau intellectuel, de leur niveau socioéconomique, et de leur
appartenance tribale. Nous avons vu que les populations les plus
démunies ne fréquentent pas les hôpitaux à cause de
leur revenu bas. A cet effet, elles préfèrent soit
l'automédication, soit la médecine traditionnelle.
L'analyse de la vulnérabilité pour sa part s'est
limitée à l'exposition des enjeux majeurs (population et milieu
de vie) au paludisme et sur l'évaluation locale de la
vulnérabilité de certaines variables (bâti, population,
environnement physique et aléa) via les acteurs locaux (populations
riveraines, acteurs associatifs et municipaux). La prise en compte de deux
enjeux dans la cartographie de la vulnérabilité des populations
au paludisme, ne permet pas d'avoir une vision suffisamment complète des
facteurs de vulnérabilité. Les facteurs de
vulnérabilité peuvent s'avérer plus nombreux dans un
système urbain complexe comme Yaoundé. De nombreux enjeux
liés à son développement, à son fonctionnement et
aux aspects de gestions des crises liées aux risques cohabitent et
nécessitent une plus grande attention du fait de leur déclinaison
en de nombreuses variables. Le statut de cette ville, pris dans un cadre
d'analyse globale, peut induire d'autres enjeux associés à sa
capitalité entendue comme les enjeux lui permettant d'assumer son
statut de capitale. Plus que jamais, l'analyse de la
vulnérabilité repose sur des analyses approfondies qui devront
être aussi fonction des objectifs en matière de recherche et de
décision sur la gestion des risques de paludisme. En outre, la prise en
compte des indicateurs de la vulnérabilité comme l'exposition des
enjeux à l'aléa environnemental et socio-économique peut
s'avérer très limitative. La vulnérabilité inclut
des paramètres tels que la fragilité intrinsèque des
enjeux, l'interdépendance de ces derniers ou encore la capacité
de gestion en cas de crise. La vulnérabilité s'articule autour
d'un grand nombre de variables humaines et naturelles. Comprise comme
système, elle se compose d'éléments et de facteurs de
vulnérabilité.
L'évaluation de la vulnérabilité sur les
deux quartiers étudiés devrait, pour plus de fiabilité,
être élargie à une plus grande diversité d'acteurs
parmi lesquels les responsables des actions d'aménagement et de gestion
des risques associés à la santé. La prise en compte des
facteurs ou éléments de vulnérabilité,
critères globaux, peut conduire selon les cas, à une analyse
partielle de la vulnérabilité. Il est donc nécessaire de
les décomposer en critères pères permettant
d'appréhender de façon plus fiable la
vulnérabilité. En outre, dans une ville comme Yaoundé, la
prise en compte des capacités en termes de prévention et de
gestion des situations d'urgence, s'avère cruciale pour ce type
d'étude.Ainsi, on peut dire que la vulnérabilité des
populations au paludisme dans notre zone d'étude est une
évidence. L'alerte étant déclenchée, les mesures
efficaces doivent être prises d'urgence afin de sauver de nombreuses
vies. Néanmoins, les études plus efficaces comme l'utilisation
des outils de la télédétection pour exterminer dans
l'ensemble de la ville les zones vulnérables, par la mise en
évidence des indices d'humidité et de la
végétation, doivent être menées afin que des
intervenions planifiées soit effectuer.
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