1.2 Problématique
La déforestation galopante des forêts tropicales
est un danger pour la survie de l'espèce humaine, et l'enjeu de la
préservation de ces forêts confronte de nombreux chercheurs
à l'étude des paramètres qui pourraient aider à
maîtriser les dégâts causés par l'exploitation
forestière. Telle que l'on voit l'exploitation qui se veut durable se
dérouler actuellement, certains chercheurs sont sceptiques de croire
qu'après une rotation (30 ans), on exploiterait presque les mêmes
espèces pour les mêmes volumes dans les mêmes AAC à
l'instar de Kwopi (2000), De Madron (2004), Bayol et Borie (2004), Domsi (2011)
et Sonkoue (2011). Tous pensent que, la valeur de 7% adoptée comme taux
des dégâts causés par l'exploitation par l'administration
forestière ne peut pas garantir la durabilité des ressources
forestières, et proposent de mener des recherches dans l'optique
d'améliorer cette valeur. Selon ces derniers, cette valeur de 7% est
nettement inferieure à ce qu'elle devrait être, entrainant
l'écrémage génétique de la forêt et la faible
implication des exploitants forestiers dans le reboisement.
Pour contribuer à la résolution de ce
problème, plusieurs études ont été conduites sur
l'évaluation des dégâts causés par l'exploitation
forestière, question de contribuer à sa révision. Une
première étude avait été menée par le projet
API de Dimako entre 1992 et 1996 dans le Sud-est du Cameroun. De cette
étude, il ressort que les dégâts causés par
l'exploitation forestière sur le peuplement résiduel sont
variables par opération forestière, par essence et par classes de
diamètre. Ces dégâts ont été
évalués suivant les études réalisées dans
certains pays de la sous-région Afrique Centrale (RCA, CONGO, GABON,
CAMEROUN) à un taux variant de 7 à 10%. En l'absence des
données de la recherche dans ce domaine, il est appliqué par
défaut un taux de 7% au Cameroun (SDIAF, 2007). Mais cette valeur a
été fixée sans prendre en considération le taux de
prélèvement des arbres, la densité de la forêt
exploitée, ainsi que les techniques utilisées dans chaque
exploitation forestière. D'autres études ont été
menées après celle d'API Dimako, notamment celles de de Madron
et al. (1998) qui trouvent un taux de dégâts de 12,5%
pour un prélèvement de 2 tiges/ha dans la forêt dense du
Sud Cameroun. Kwopi et al. (2000) quant à eux trouvent un taux
de dégâts de 8,63% pour un prélèvement de 0,512
tiges/ha après une étude menée dans la région de
l'Est Cameroun. Domsi (2011) trouve un taux de dégâts de 24,6%
pour un prélèvement de 3,2 tiges/ha après une étude
menée dans les régions du Centre et du littoral du Cameroun.
Sonkoué (2011) trouve un taux de dégâts de 31,4% sur les
tiges d'avenir pour un prélèvement de 1,4 tiges/ha dans la
région du Sud-ouest Cameroun. Toutes ces études trouvent des taux
de dégâts causés par l'exploitation forestière
largement au dessus de ceux appliqués dans les concessions
forestières au Cameroun.
De par l'importance que l'impact de l'exploitation
forestière représente dans le processus de gestion durable des
ressources écologiques, et vu le rythme de dégradation de nos
forêts, il est important que d'autres études soient menées,
dans le but d'améliorer la valeur allouée aux dégâts
dus aux exploitations dans le calcul du taux de reconstitution des forêts
Camerounaises et même de la sous région Afrique Centrale. C'est
dans cette optique que notre thème d'étude a porté sur
l'évaluation des dégâts causés par l'exploitation
forestière sur les tiges d'avenirs dans l'UFA 10 060 de la
Société Camerounaise de Transformation du Bois, engagée
dans le processus de gestion durable des forêts. Au vu de l'importance
desdits dégâts pour la gestion durable des forêts, et de
l'insuffisance des données relatives au calcul du taux de
reconstitution, on peut se poser la question suivante: Est-ce que la
valeur des dégâts causés par l'exploitation utilisée
dans le calcul du taux de reconstitution dans l'UFA 10 060 permet à
cette forêt de se reconstituer suffisamment avant la prochaine
rotation?
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