CHAPITRE 1: INTRODUCTION
1.1
Généralités
Chaque année dans le monde, la
déforestation engloutit 13 millions d'hectares de forêts dont la
disparition a des effets dévastateurs sur la diversité biologique
et le climat (Jennifer, 2007). En 2005, la superficie forestière totale
était estimée à 30% des terres de la planète, soit
un peu moins de 40 millions de km2. Selon la FAO, On estimait
à 0,2% le taux de déforestation annuel dans le Bassin du Congo
dans les années 1980, soit une perte de près de 2 millions
d'hectares par an (Geo, 2010). Ce taux serait monté à 0,9 % dans
la période 1990-2000 et atteint 1 % entre 2000 et 2005 (FAO, 2006).
D'après ce même rapport, le Cameroun apparaît comme le
deuxième pays du Bassin du Congo, après la RDC, ayant le taux de
déforestation le plus élevé (soit un peu plus de 0,2 % des
forêts camerounaises sont détruites par an) (Dkamela, 2011). Le
Cameroun a subit une pression significative sur sa biodiversité et ses
ressources biologiques: 27,5% de forêts sont dégradées ; le
taux de déboisement de 0,9%/an est le plus élevé de
l'Afrique; et la superficie de terres arables par habitant diminue sans
interruption (BAD, 2009).
La forêt camerounaise couvre environ 20 millions
d'hectares, soit 44% du territoire. C'est la deuxième forêt
d'Afrique après celle de la République démocratique du
Congo (en superficie), et la sixième plus riche biodiversité dans
le monde. Le secteur forestier, qui contribue pour environ 6% à la
formation du PIB génère actuellement environ 45 000 emplois dont
près de la moitié dans le secteur informel. Au niveau
sous-régional, le Cameroun possède l'industrie de transformation
la plus développée. Le bois est le deuxième produit
d'exportation après le pétrole. En 2002, il
représentait 15% du total des exportations en valeur, avec 290 millions
d'euros (près de 190 milliards de FCFA). La production du bois d'oeuvre
est actuellement estimée à 2,45 millions de m3/an, dont 1,5
millions de m3/an pour le domaine forestier permanent. A ce jour, 300
espèces sont commercialisables mais une soixantaine seulement fait
l'objet d'une exploitation régulière. Cinq essences (Ayous,
Sapelli, Azobe, Iroko et Frake) représentent près de 70% de la
production totale. Cependant, à l'échelle de l'Afrique tropicale,
le Cameroun est en tête pour les exportations de sciages (Ed Perry et A.
Bidiang, 2009). Ces différentes situations n'ont pas beaucoup
évolué depuis l'an 2000.
Depuis 2002, l'Office National des Forêts de France et
le CIRAD- Forêt se sont engagés dans un vaste programme de
recherche-développement visant à mieux quantifier les pratiques
d'exploitation forestières traditionnelles et leurs impacts afin de
proposer des alternatives aux techniques actuelles en s'inspirant des
expériences d'Exploitation à Faible Impact (Reduced Impact
Logging : RIL) déjà menées dans de nombreux pays tropicaux
(Enters et al., 2002). La préservation de la
biodiversité floristique est l'un des principaux objectifs de
l'aménagement forestier. Cette préservation vise
également la production soutenue et durable de la forêt. C'est
ainsi que les résultats du Programme Tropenbos-Cameroun ont
montré qu'il faut 5 à 14 ans pour que la biodiversité
floristique se reconstitue dans les trouées d'abattage (Jonkers et
Foahom, 2003).
Le taux de reconstitution des forêts permet d'estimer
le potentiel de celle-ci après une période de rotation qui dure
environ 30 ans. Ainsi, si le taux de reconstitution obtenu est de 50%, on
retrouverait en deuxième rotation la moitié du volume qu'on a eu
à exploiter en première rotation, en conservant les mêmes
critères d'exploitabilité (essences, qualités et
dimensions des produits) (Bayol et Borie, 2004). Les valeurs
des paramètres utilisés dans le calcul du taux de reconstitution
ont été fixées par le MINEF suite à des
études menées par le projet Forêts et terroirs
d'Aménagement Pilote Intégré (API) de Dimako (de 1992
à 1994). Il est présumé que ces calculs soient
fondés sur trois paramètres essentiels de dynamique
forestière à savoir : l'accroissement (moyen ou courant) annuel
du diamètre, la mortalité naturelle annuelle et les
dégâts causés par l'exploitation (Bayol et Borie, 2004). Le
taux de dégâts causés par l'exploitation varie en fonction
de la densité du peuplement forestier, du taux de
prélèvement des arbres et du volume des essences
exploitées. Il a été fixé à 7% du peuplement
résiduel par la législation forestière camerounaise de
1994.
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