4.4. Pertinence de nos résultats par rapport aux
résultats des études menées antérieurement
De tout ce qui précède, il ressort de la
synthèse des résultats que :
Le prélèvement est un paramètre
très important en exploitation forestière. Dans la parcelle 218
où il y a eu un prélèvement de 1,76 tiges/ha, les
dégâts sur le peuplement résiduel sont de 25,50%, tandis
que dans la parcelle 222 où le prélèvement a
été de 1,68 tiges/ha, le taux des dégâts
enregistré est de 11,50% sur le peuplement résiduel. On peut
déduire de ces observations que l'ampleur des dégâts
d'exploitation varie en fonction de l'intensité du
prélèvement et surtout de la densité des pieds dans la
zone de prélèvement. Pour l'ensemble des deux parcelles
d'étude, on a pu relever un taux de dégâts d'exploitation
de 19,24% sur le peuplement initial et de
19,31% sur le peuplement résiduel pour un
prélèvement de 1,72 tiges/ha; cette valeur est
très différente de celle (6,7%) obtenue par
Mbolo et al. (1994) dans le Sud-Est Cameroun avec le projet API de
Dimako. Le prélèvement dans la zone d'étude était
de 0,49 tiges/ha, ce qui peut s'avérer
proportionnellement égale à nos résultats. Kwopi (2000)
quant à lui avait trouvé un taux de 8,63% sur le
peuplement résiduel pour un prélèvement de
0,52 tiges/ha ; il avait effectué ses travaux dans
une forêt du Centre-Sud du Cameroun dans le projet So'o Lala. Domsi
(2011), après avoir menée la même étude dans
l'assiette 2-2 de l'UFA 00 004 de Yingui dans les régions du Centre
et du littoral du Cameroun, et exploitée par la société
Transformation Reef Cameroun, trouve que pour un prélèvement de
3,2 tiges/ha en moyenne, le taux des dégâts
d'exploitation s'élève à 24,8% du
peuplement résiduel. Sonkoué (2011), après avoir
axé son étude sur les surfaces dégradées par les
opérations d'exploitation forestières dans l'AAC 2-2 de l'UFA
11004 de la TRC trouve que pour un prélèvement de
1,42 tiges/ha, le taux des dégâts d'exploitation
sur le peuplement résiduel pourrait être évalué
à 31,4%.
Au regard de ces résultats, on peut conclure que les
dégâts sont plus importants quand le prélèvement est
élevé. Pour apprécier le degré de réalisme
de ces résultats, une comparaison avec les résultats des
études conduites antérieurement a été
nécessaire. Le tableau 31 permet d'apprécier les
différents résultats obtenus par d'autres études.
Tableau 31: Comparaison des
études menées sur les dégâts d'exploitation
forestière
Pays/Région
|
Source
|
Années
|
Prélèvement
|
Dégâts relatifs (%)
|
Dégâts absolus
|
Cameroun
|
Nguele
|
1984
|
|
18,33
|
|
Mbolo (API)
|
1994
|
0,49
|
14,56
|
6,75
|
Kwopi
|
2000
|
0,512
|
12,43
|
8,63
|
Domsi
|
2011
|
3,2
|
24,8
|
24,6
|
Sonkoué
|
2011
|
1,42
|
34,7
|
31,4
|
Fosso
|
2012
|
1,72
|
19,32
|
19,24
|
Afrique
|
FAO
|
2003
|
1-3
|
10-15
|
|
Amérique
|
FAO
|
2003
|
2-5
|
|
25-40
|
Asie
|
FAO
|
2003
|
6-20
|
|
50-60
|
RCA
|
CTFT
|
1986
|
3,7
|
|
|
FAO
|
2003
|
|
|
23,9
|
Suriname
|
Jonkers
|
1987
|
5-8
|
17,8
|
|
Hendrisson
|
1990
|
8-10
|
|
|
Guyane
|
Schmitt et Dariteau
|
1993
|
10
|
|
|
NB : Dégâts
relatifs : C'est le taux représentant les tiges totales
endommagées par rapport au peuplement initial.
Dégâts absolu : C'est le
taux des dégâts d'exploitation par rapport au peuplement
résiduel.
Ø Se référant aux données du
tableau 31, on peut dire sans risque de se tromper que les dégâts
d'exploitation varient en fonction du prélèvement adopté
et du site d'étude. Après avoir exploité les documents de
Mbolo (1994) et Kwopi (2000), une remarque importante a été
faite. Il s'avère que ces deux études ont été
basées sur les données d'inventaire national
réalisé en 1989 par l'ex-CENADEFOR sur les ressources
forestières. Compte tenu du fait que cet inventaire est effectué
à un taux de sondage de 0,1% et que la période
écoulée entre l'inventaire et les études soit grande, des
doutes sont permises sur la fiabilité de ces résultats. Un
inventaire réalisé en 1989 et utilisé en 1994 et en 2000
dans une étude peut induire des biais non négligeables
car :
- Le taux de sondage de l'inventaire national est très
faible pour une pareille étude (0,1%) ;
- Des changements sont peut être intervenus entre ces
trois périodes modifiant la régénération naturelle
et le peuplement forestier existant ;
- Le nombre de pied par hectare considéré dans
ces études peut avoir changé sur le terrain. En somme, les
données utilisées dans ces études ne sont peut être
pas des donnés réelles du terrain. Ce qui remettrait en cause
leurs résultats ;
Ø Les dommages causés sur les arbres sont
variables en fonction des catégories d'essences. Les essences
principales et/ou exploitées représentent 54% des tiges
endommagées, tandis que les essences complémentaires et autres en
représentent 46%. Ces valeurs sont très différentes de
celles observées par Domsi (2011) qui trouvait que les essences
principales et /ou exploitées représentaient 11,57% des tiges
endommagées tandis que celles complémentaires et autres en
représentaient 88,43%. Ces résultats sont presque semblables
à ceux trouvées par Mbolo (1994) (12,63%) pour les essences
principales et secondaires et Kwopi (2000) qui trouve 11,48%. Cette
différence peut être dû au fait que leur inventaire ne
prenait pas en compte la nature des essences, car après une
exploitation, les essences principales sont en constante
régénération, et constituent la majorité des
essences inventoriées dans notre peuplement forestier. Toutes ces
valeurs témoignent de la richesse floristique des forêts du
Cameroun qui se dégrade progressivement.
Ø Les dégâts sur le peuplement
résiduel varient par classe de diamètre. Il ressort des
résultats obtenus que, la classe de diamètre I (10-20) soit la
plus affectée, représentant 38,62% des tiges
dégradées, et 72,26% des tiges endommagées ont moins de 40
cm de diamètre, contre seulement 1,48% de ces tiges qui ont plus de 100
cm de diamètre. Domsi (2011) trouve que La classe de diamètre I
({10,20{) est la plus affectée représentant 70,8% des tiges
endommagées contre 13,45% pour la classe II et 7,97% pour la classe III.
Les classes XII ({120,130{) jusqu'à XIV ({190,200{) sont très peu
représentées avec 0,02%. Cet écart n'est pas conforme
à nos résultats. Mbolo (1994) avait trouvé 44,85% pour les
dégâts sur les tiges de la classe I alors que Kwopi (2000) en
avait trouvé 36,22%. On remarque que les petites tiges sont plus
vulnérables que les grosses.
Ø Les opérations d'exploitation causent
différemment les dégâts sur le peuplement résiduel.
Il ressort de nos résultats que le débardage est
l'opération la plus destructrice en exploitation forestière avec
plus de 44% des dégâts généraux, soit 8,43% de
dégâts sur le peuplement résiduel. En second lieu vient
l'abattage avec 27% des dégâts généraux, soit 5,21%
de dégâts sur le peuplement résiduel. Puis vient
l'ouverture des routes primaires et secondaires qui représentent 21% des
dégâts généraux, soit 4,11% de dégâts
sur le peuplement résiduel, répartis en 3,62% pour les routes
primaires, et 0,49% pour les routes secondaire. Enfin, les opérations
d'ouverture des parcs sont responsables de 8% des dégâts
généraux, soit 1,56% des dégâts sur le peuplement
résiduel. Le taux global de dégâts sur le
peuplement résiduel s'élève alors à 19,34%, ce qui
est 2,76 fois supérieur à 7% adopté comme taux des
dégâts d'exploitation dans les sociétés
forestières. Les travaux de Domsi (2011) révèlent que
l'abattage vient en tête avec 15,32%, suivi du débardage avec
7,54%. L'ouverture des routes (0,62% pour la principale et 0,72% pour la
secondaire) et des parcs (0,6%) est peu destructrice. Mbolo
(1994) et Kwopi (2000) sont arrivés à la même conclusion en
désignant l'abattage et le débardage comme des opérations
à dégâts élevés, mais la différence
dans les résultats pourrait être due à des
paramètres propres à l'exploitation (densité de
peuplement, taux de prélèvement et technique d'exploitation
appliquée) et externes à l'exploitation (niveau d'observation,
taux d'échantillonnage, etc.).
|
|