2.2.2 Dégâts
causés par l'exploitation forestière
Ce sont les dommages causés aux arbres laissés
sur pied pendant les activités d'exploitation. Au Cameroun, ils sont
fixés à 7% du peuplement résiduel.
Les études initiées par le projet API Dimako (de
Madron et al., 1998a) avaient pour but de mieux
appréhender l'influence de l'exploitation sur les peuplements et de
déterminer un seuil d'impact de l'exploitation qui n'hypothèque
pas la ressource, ni la pérennité de la forêt et
éventuellement les seuils maxima d'exploitation. A l'issu de ces
études, de Madron et al. (1998a) estiment que pour un
prélèvement prévisible de 2 tiges par hectare (si
l'exploitant exploite toutes les essences proposées dans les plans
d'aménagement par UFA), le taux de dégâts peut être
évalué à 12,5% du peuplement résiduel. Ces derniers
estiment le taux de tiges détruites en prenant une marge de
sécurité à 10% du peuplement résiduel. Le
modèle initial de l'API Dimako considère que les
paramètres d'aménagement sont constants pour une essence
donnée alors que les études menées par Bayol et
al. (2004) montrent qu'ils sont variables dans l'espace et avec le temps,
en fonction des classes de diamètre et en fonction du statut
« social » des individus, les dominés poussant moins
vite (Delegue et al., 1998). Bayol et al. (2004) pensent que
la durabilité ne peut être évaluée qu'à
l'échelle de la concession par le plan d'aménagement. Pour ces
derniers, ce n'est que lors de la planification annuelle des travaux sur les
AAC qu'il sera possible d'intervenir localement à l'échelle du
peuplement. Pour le choix du seuil de reconstitution, ces mêmes auteurs
proposent que l'exploitation doive à l'avenir être moins
sélective en qualité comme en nombre d'espèces
prélevés; les coefficients de prélèvement devraient
s'améliorer au cours des années et décennies à
venir. Hendrison (1990) pensait que la plupart des forêts tropicales
faisaient seulement l'objet d'une légère exploitation, de l'ordre
d'un demi à deux arbres à l'hectare et ainsi la forêt
originelle était peu perturbée. Mais durant ces vingt
dernières années, l'exploitation des forêts tropicales
s'est accrue et la durabilité de cette ressource est remise en question.
L'exploitation annuelle de bois (y compris de bois de feu) atteint 3.470
millions de m3. Une estimation raisonnable de la capacité de production
des forêts mondiales est d'environ 1 m3/ha/an. Or, sachant que la
superficie mondiale est estimée à 3.442 millions d'hectares,
l'exploitation a donc désormais atteint la limite de la capacité
de régénération de la forêt sur une base mondiale
moyenne (FAO 1995 cité par Fréquelin, 1998). Au regard de la
disparition croissante du couvert forestier, notamment du à
l'intensification de l'exploitation forestière, la pression
démographique, le développement urbain et rural, le
défrichement, l'agriculture itinérante, l'agro-industrie,
l'industrie minière, le pâturage, les feux de brousse... et sa
lente reconstitution naturelle, on s'est rendu compte heureusement à
temps que l'intervention humaine était nécessaire (Ondoa,
1998).
Le Cameroun est inscrit dans le processus
d'aménagement de son territoire forestier; ainsi donc, les
techniques d'aménagement forestier ont été
définies ; elles se proposent de planifier et organiser la
reconstitution, l'exploitation, l'utilisation et la conservation de
l'écosystème forestier. C'est pour cette raison qu'il est
nécessaire de connaitre le taux de reconstitution, élément
clé de l'aménagement durable des forêts, pour chaque
assiette annuelle de coupe avant son exploitation. Mais l'insuffisance des
données scientifique disponibles amène à faire des
hypothèses ou des simplifications ce qui conduit à des seuils
arbitraires. Par exemple au Cameroun la valeur des dégâts
d'exploitations est de 7% alors qu'elle est de 10% au Gabon et en RCA. Il
existe une étude plus fine, mais, dans une forêt donnée,
avec un type d'exploitation donné (de Madron et al., 2004). Les
indices de reconstitution obtenus ne chiffrent pas la reconstitution
réelle entre la dernière exploitation et la prochaine, mais
donnent une idée du renouvellement de la ressource, entre une
exploitation qui a lieu à la date de l'inventaire d'aménagement,
et une exploitation effectuée une rotation plus tard. Le calcul de
l'indice de reconstitution se base sur les résultats de l'inventaire
d'aménagement (distribution des effectifs par classe de diamètre
et par essence de la série de production de la matière ligneuse)
et sur une modélisation de l'évolution des peuplements forestiers
(SPIAF, 2007).
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