2.2 Revue de la
littérature
2.2.1 L'enjeu des recherches dans
le domaine de l'impact de l'exploitation
Les premières études s'intéressant aux
dégâts d'exploitation ont été menées
essentiellement dans un but sylvicole (Nicholson, 1958 ; 1962 ; Hendrison,
1989). Les principaux objectifs de ces recherches étaient de mieux
connaître les conséquences de l'exploitation et de son
intensité sur la production future de bois d'oeuvre dans le cadre d'une
gestion durable des écosystèmes forestiers tropicaux. Ces
études ont apporté de précieux résultats concernant
les types et l'intensité des dégâts engendrés par
l'exploitation (Vanclay, 1989 ; 1990 ; 1994) et démontrent
que plus l'impact de la récolte sur le peuplement est important, plus le
retour de celui-ci à un niveau de production acceptable est lent.
Parallèlement à ces études d'orientation sylvicole, des
recherches fondamentales, concernant l'impact de l'exploitation sur
l'écologie et le fonctionnement de l'écosystème forestier
(impact sur la faune, le sol, la biodiversité) se sont
multipliées (White, 1994). Ces études interdisciplinaires ont
permis de démontrer que l'exploitation forestière en fonction de
son intensité et des techniques utilisées peut avoir des
conséquences très diverses sur l'ensemble de
l'écosystème dont l'intégrité dépend en
premier lieu du maintien de la complexité des interactions
régissant son fonctionnement. La richesse de la forêt tropicale a
fait croire qu'elle était inépuisable, de même que la
complexité de ses écosystèmes a parfois laissé plus
d'une personne sceptique quant aux possibilités de réussite de
l'aménagement des forêts (Ondoa, 1998).
Les bois tropicaux sont considérés comme une
ressource renouvelable (FAO, 2011). Le bassin du Congo, principal massif
forestier d'Afrique est une vaste étendue forestière d'environ
204 millions d'hectares. Les superficies attribuées à
l'exploitation ont beaucoup augmenté au cours des dernières
décennies. Pour l'ensemble de la région, elles atteignaient
49.400.000 ha en 2004, soit 36% de la superficie totale des forêts de
production et 27% de la superficie totale des forêts denses humides
(PFBC, 2006). La forêt dense humide tropicale joue de multiples
rôles indispensables pour la satisfaction des besoins de l'homme.
L'exploitation forestière représente un secteur économique
très important pour les pays concernés: elle contribue pour 0,7%
(en RDC) et pour 10-13% (en RCA) du produit national brut des pays, fournit
près de 20% de l'emploi et se place en deuxième position
après l'exploitation minière et/ou pétrolière dans
ces pays. Elle génère aussi un nombre important d'emplois et
d'activités économiques indirectes, notamment en rapport avec les
diverses formes de transport, la maintenance des équipements, les
services et les microprojets agricoles ou pastoraux.
Enfin le secteur forestier contribue dans une large mesure au
développement socio économique par la construction et l'entretien
de routes ou la mise en place d'infra structures de santé et
d'éducation directement associées aux concessions
forestières (PFBC, 2006). La sauvegarde de cette forêt dont
l'importance à l'humanité n'est plus à démontrer se
trouve aujourd'hui confronté à de nombreux problèmes,
liés à sa pérennisation, du fait de sa dégradation
croissante au fil du temps (Kwopi, 2000). Selon Tadjuidje (2009), la richesse
faunique et floristique de ce massif le place dans le cadre d'un
écosystème extrêmement fragile. Cette fragilité est
due, surtout aux besoins socio-économiques cruciaux d'une population
croissante dont une part importante de ces besoins est satisfaite par
l'exploitation et la commercialisation des produits forestiers. D'après
Auber (1996), cité par Tadjuidje (2009), plus de 65 millions de
personnes en Afrique central vivent à l'intérieur ou à
proximité des forêts tropicales et dépendent de ces
forêts qui jouent un rôle pluriel : source d'énergie,
d'alimentation, de médicaments, de produits et services divers
(construction, artisanat, etc.). Cette forêt est ainsi soumise à
une pression humaine croissante. Les causes de cette déforestation
poussée du couvert végétal sont attribuées
particulièrement à l'exploitation forestière.
En effet, les opinions publiques nord-américaines et
européennes exigeaient dans les années 80 un boycott total des
bois tropicaux sur le marché afin de sauvegarder l'avenir des
forêts tropicales. Ce boycott n'avait pas produit les effets
escomptés, d'où l'introduction du concept de certification
forestière. Différents systèmes de certification
forestière se sont établis selon la réalité des
différents modes de gestion de la forêt et sont aujourd'hui
reconnus. La plus répandue dans le bassin du Congo est la certification
FSC (Forest Stewardship Council). L'essentiel du travail du FSC
consiste à faire en sorte que les forêts, qu'il s'agisse de
forêts tropicales, tempérées ou boréales, soient
correctement gérées (FSC, 2009). Le label FSC permet au
consommateur final d'identifier les produits du bois et du papier, de
façon à ce que celui-ci puisse avoir la garantie que ces produits
proviennent bel et bien des forêts gérées durablement (FSC,
2009). Les inquiétudes concernant les pratiques de gestion
forestière dans cette région appellent donc l'introduction de
changements dans leur application en vue d'un aménagement durable des
forêts (Tadjuidje, 2009).
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