2.2.7 Stratégies indigènes d'adaptation aux
changements climatiques
Après le raz-de-marée de décembre 2004
qui a ravagé la côte de l'Indonésie, des nouvelles ont
commencé à circuler sur la manière dont les
communautés autochtones ont pu échapper à la colère
du raz-de-marée, grâce à leur savoir traditionnel, attirant
ainsi l'attention sur l'importance de cultiver cette forme de savoir pour se
préparer à réagir aux catastrophes naturelles (Salick,
et al., 2007 ; Malhi, et al., 2004). Juste avant le
raz-de-marée de l'océan Indien, en 2004, de nombreuses personnes
se sont rendues sur le rivage, attirées par le spectacle inhabituel de
poissons se débattant sur le fond de la mer exposé au ressac.
Parmi elles ne se trouvaient ni les populations Moken et Urok Lawai des
côtes et des îles de Thaïlande, ni les Ong des îles
Andaman de l'Inde, ni la communauté Simeulue d'Indonésie; ils
savaient tous qu'il fallait se diriger rapidement vers l'intérieur pour
échapper à la force destructrice de la mer. Les petits villages
des Moken et des Ong ont été entièrement détruits,
mais leurs habitants sont restés indemnes. Encore plus frappant a
été le déplacement de plus de 80 000 personnes appartenant
à la communauté Simeulue vers des zones hors de l'atteinte du
raz-de-marée; il n'y a eu que sept victimes. Cette réaction
étonnamment efficace, qui contraste avec les immenses pertes subies
ailleurs en Indonésie, a été récompensée par
la remise à la population Simeulue du prix Sasakawa des Nations Unies
pour la prévention des catastrophes (Elias et al, 2005).
Le savoir traditionnel, la sagesse, les connaissances et les
pratiques des populations autochtones acquises par l'expérience et
transmises oralement de génération en génération, a
joué au fil des ans un rôle significatif dans la résolution
des problèmes, y compris ceux liés à l'évolution et
à la variabilité du climat (Gyampoh et al., 2007).
Les populations autochtones qui vivent près des
ressources naturelles observent souvent les activités qui se
déroulent autour d'elles, et sont les premières à
identifier les changements et à s'y adapter (Elia et al.,
2005). L'apparition de certains oiseaux, l'accouplement de certains
animaux et la floraison de certaines plantes sont autant de signes fondamentaux
de changements dans le temps et les saisons qui sont bien compris dans les
systèmes de savoirs traditionnels. Les populations locales ont
utilisé la biodiversité comme tampon contre la variation, le
changement et les catastrophes; face aux fléaux, si une récolte
échoue, une autre survivra (Salick et Byg, 2007).
Pour affronter les risques dus à des
précipitations excessives ou faibles, à la sécheresse et
à l'échec des cultures, certaines populations traditionnelles
plantent un grand nombre de cultures et de variétés ayant des
niveaux très différents de vulnérabilité à
la sécheresse et aux
18
inondations; elles les complètent par les produits de
la chasse et de la pêche et la récolte de plantes vivrières
sauvages. La diversité des cultures et des ressources alimentaires
s'accompagne souvent, comme mesure de sécurité, d'une
diversité similaire des emplacements des champs, pour s'assurer que,
face à des phénomènes climatiques extrêmes, certains
champs survivront et produiront des cultures pouvant être
récoltées (GEPA, 2000).
|