ABSTRACT
The issue of justice is at the heart of society. Old and
consequentialist conception of justice was challenged by John Rawls to rebuild
and provide a new sense of justice based on fairness. Establish justice and
equity, it is hoped that the principles adopted jointly by the partners under
the "veil of ignorance" can not be violated or challenged by them, once engaged
in civilian life. The consequence which is the solidarity which binds the
partners. This solidarity leads not on equal opportunities but the fair
equality of opportunity, to give all the chances of success and fulfillment.
Which presupposes the implementation of the basic structures that make up the
basic institutions. Our memory is divided into three parts: The first part
presents the Rawlsian principles of justice. Through the principle of equal
liberty, John Rawls shows that freedom is a sacred principle that must be
granted and guaranteed to individuals without restriction. Through the
difference principle, the author of A Theory of Justice, said that the fight
against social inequality makes recovery minority layers. In addition,
acceptance of inequality could only be justified if it allows disadvantaged
towards a better life. The second joint of the study is a trial implementation
of this new direction of justice. The difficulty of ensuring that the
agreements between individuals will always be respected, once returned to civil
society brings to question the relevance of the "veil of ignorance" which
guarantee safety should we expect out partners position original? The issue of
fair equality of opportunity raises the problem of freedom: the obligation to
solidarity with the poor does she not apparent to a form of coercion? Moreover,
the claim of freedom without taking into account the environment in which it
must be expressed not it runs the risk of being draconian? The third party
intends to justify the reception of the Rawlsian thought. It is indeed shift
the debate on the question of fair equality of opportunity in relation to the
regional balance, understood as essential to protect the most vulnerable social
groups.
1
« La justice est la première vertu des
institutions sociales comme la vérité est celle des
systèmes de pensée. »1
Faire de la justice « la première vertu
», dans l'entendement de John Rawls suscite un questionnement :
Pourquoi est-elle placée à un tel rang à côté
d'autres vertus comme la tempérance ou le courage ?
Du latin, jus, juris, droit, la justice s'entend comme un
principe normatif et régulateur de la vie sociale. C'est une exigence
morale qui invite au gouvernement de soi, au rejet des inclinations, au
respecte des droits reconnus à chaque homme. De ces définitions,
découle la double connotation, juridique et morale que revêt la
justice. Comme institution judiciaire, elle a vocation à faire appliquer
la loi. Comme concept renfermant une dimension éthique, elle exige le
respect de la personne humaine, de sa dignité et de sa liberté.
Elle est dès lors exigible tant dans la vie politique que dans les
rapports intersubjectifs. Ces deux exigences, se rejoignant car elles
traduisent l'idéal rationnel d'objectivité qu'on appelle la
justesse.
La vertu, du latin vis, renvoi à force, pouvoir,
puissance. C'est cette valeur morale du sujet lorsqu'elle est constante et
confirmée. C'est la réalisation effective de l'idéal
moral. C'est aussi une force avec laquelle une âme s'attache à son
devoir et le réalise. Elle est donc la morale en acte. C'est pourquoi,
pour Rawls, « les vertus morales sont des excellences,
c'est-à-dire qu'il est rationnel de les désirer pour
soi-même et pour les autres comme des biens appréciés en
eux-mêmes ou dans des activités qui fournissent une satisfaction
en elles-mêmes.2 »
Placer ainsi la justice au premier rang des vertus
découle du fait que la justice est une valeur consubstantielle à
l'être humain, c'est-à-dire, une exigence spirituelle et
fondamentale de la raison, qui elle, est souveraine et universelle. C'est par
la justice qu'on juge un système
1 John Rawls, Théorie de la justice,
éd. Le Seuil, février 1987, trad. Catherine Audard, p. 29
2John Rawls , op. cit., p. 571.
2
politique ou une institution. La justice devient alors un
droit et un devoir : un droit parce que toutes les personnes méritent
des conditions de vie meilleures et une protection égale de la loi ;
quiconque se sent lésé a vocation à réclamer les
conditions de vie meilleures. Un devoir de respect de la personne humaine,
entendue comme sujet digne et libre. Un devoir au niveau des institutions
sociales (publiques et privées), car il s'agira de toujours rechercher
la loi et la mesure qui soient favorables à tous les sujets.
Dès lors, peut se comprendre le rôle de la
justice face aux identités et aux conflits d'intérêts que
l'on peut constater dans la société lorsqu'il faut
répartir les fruits de la collaboration: pouvoir « choisir
entre les différentes organisations sociales qui déterminent
cette répartition, des avantages et pour conclure un accord sur une
distinction correcte des parts. 3» Ce rôle de la
justice s'entend parfaitement par ses principes qui « fournissent un
moyen de fixer les droits et les devoirs dans les institutions de base de la
société et ils définissent la répartition
adéquate des bénéfices et des charges de la
coopération sociale.4 »
Les principes de la justice constituent ainsi la
finalité même des politiques et le « lien
intrinsèque et vital entre l'Homme et ses droits serait le moyen
d'expression par excellence de leur survie et de leur importance...Les Etats ne
seraient rien d'autres que des ministres de la cause des droits de l'homme
recherchant dans l'exécution de ses missions que leurs populations
puissent effectivement jouir de leurs droits. »5
Mais, la justice n'exige pas uniquement l'accord des
partenaires; elle nécessite de la coordination dans les projets des
individus, de la stabilité des institutions, de l'obéissance aux
lois qu'on s'est soi-même prescrites et de l'efficacité pour
atteindre les buts sociaux fixés sans que cela ne préjudicie aux
droits et libertés des individus.
Ce rôle de la justice ouvre la porte à son objet.
Rawls lui-même souligne que l'objet premier de la justice, c'est la
structure de base de la société, ou plus exactement, la
façon dont les institutions sociales les plus importantes
répartissent les droits et les devoirs fondamentaux et
déterminent la répartition des avantages tirés de la
coopération sociale.
Rawls, en définissant l'objet premier de la justice qui
réside dans les institutions, montre que, ce sont justement ces
institutions, à savoir la constitution politique, les
3 John Rawls, Théorie de la justice,
éd. Seuil, février 1987, p. 30
4 John Rawls, ibidem,p.31
5 Crescence Nga Beyeme, « Droit et
éthique des droits de l'homme », Revue africaine des sciences
juridiques, Université de Yaoundé II, Vol. 8, N° 2, 2011,
p.100
3
principales structures socio-économiques qui «
définissent les droits et les devoirs des hommes et elles
influencent leurs perspectives de vie6 ».
Notre thème de recherche, John Rawls et la question de
la justice: une lecture de Théorie de la justice, loin
d'aborder exhaustivement les problèmes soulevés, dans une oeuvre
connue et étudiée dans les facultés et écoles, est
tout simplement la présentation des principes de la justice et de leur
réalisation. Cet intérêt à redéfinir la
justice cadrait avec le climat intellectuel dans lequel vivait John Rawls.
Le cadre en question, ce sont les Etats-Unis des «
années soixante-dix ». Une Amérique dominée par la
ségrégation raciale et la Guerre du Viêt-Nam, à
laquelle Rawls a pris part. Les revendications de liberté, les
inégalités éducatives ou économiques vont pousser
John Rawls à engager une réflexion sur les conditions de
possibilité d'une société américaine
expurgée de toutes formes d'injustices. Pour cela, il va commencer par
critiquer la doctrine morale dominante, en l'espèce l'utilitarisme, pour
montrer ses limites et proposer une nouvelle morale, prenant en
considération les défavorisés et rendant à
l'individu toute sa dignité.
Placer ainsi la justice au coeur des institutions publiques ou
privées, nous amène à poser le problème de son
effectivité et de son applicabilité dans la
société. Autrement dit, comment les principes de la justice
définis dans la position originelle peuvent-ils être
respectés et appliqués dans la vie civile ?
Si la réalisation de la justice exige un accord
passé par les partenaires sous le « voile d'ignorance »,
quelle est la garantie du respect de ce contrat une fois ces partenaires
rentrés dans la vie civile avec ses antagonismes et ses conflits de
classes ?
De plus, l'agrégat des volontés individuelles,
garant de l'effectivité des principes de la justice obtenu sous le
« voile d'ignorance » peut-il être transposé dans la vie
civile, marquée du sceau des luttes de classes, des contingences et des
regroupements tribaux ou intéressés ?
La question de la juste égalité des chances
soulève le problème de la liberté : l'obligation à
la solidarité envers les défavorisés ne s'apparente-t-elle
pas à une forme de contrainte ?
Bien plus, la revendication de la liberté sans prise en
compte de l'environnement dans lequel elle doit s'exprimer ne court-elle pas le
risque d'être liberticide?
6 John Rawls, op. cit., p. 33
4
La réponse à ces questions commande tout d'abord
l'examen des principes rawlsiens de la justice (Ière partie).
Il s'agira ensuite et dans une toute autre mesure de soulever les
problèmes que posent les principes de la justice chez John Rawls
(IIème partie). Enfin, nous montrerons l'actualité de
la pensée rawlsienne (IIIème partie).
5
PREMIERE PARTIE :
LA CONCEPTION RAWLSIENNE DE LA JUSTICE
La justice, faut-il le rappeler est un principe normatif et
régulateur de la vie sociale. Que ce soit en philosophie morale,
religieuse ou politique, la détermination d'une société
juste ne reste pas sans débats. En effet, il ne se passe pas un jour
dans notre monde sans qu'on n'assiste à des actes injustes. On voudrait
que la justice donne à chacun ce qui lui revient, qu'elle traite de
manière égale ce qui devrait l'être. Qu'elle aille
même plus loin en sortant des cadres légaux pour s'investir dans
ce qui est charitable. Malheureusement, ce voeu est rarement
réalisé. Et c'est cette difficulté qui nous amène
à nous pencher sur cette question de la justice. Au fait que, nous nous
demandons ce que doit être sa nature et quels doivent être les
critères devant présider aux décisions collectives des
individus ou des pouvoirs publics.
Largement redevable à de nombreux philosophes, la
théorie de la justice de John Rawls voudrait dépasser
les conceptions de la justice, antérieures à la sienne. Pour
cela, il part de la position originelle qui « unit en une seule
conception un problème de choix assez clair et des conditions largement
reconnues comme s'imposant normalement aux choix des principes
moraux.7 » pour déterminer le contenu de la
justice.
La réflexion sur la nature rawlsienne de la justice et
les critères devant présider aux choix collectifs des individus
et des pouvoirs publics commande l'examen des modalités
d'élaboration des principes de la justice (Chapitre I), et leur
exposition chez John Rawls (chapitre II).
7 John Rawls, op. cit., p. 625.
6
|