5.5- LES TECHNIQUES DE PRODUCTION DE L'IGNAME
5.5.1- Le
défrichement
Il est évident que c'est la première
opération culturale dans la mise en place des cultures. Il consiste
à débarrasser le champ ou la parcelle de sa
végétation. Il se fait toujours manuellement et est d'autant plus
difficile qu'il y a assez d'arbustes sur le champ. C'est une activité
essentiellement masculine généralement confiée à la
main-d'oeuvre salariée. Cette opération culturale consomme entre
6 et 15 hommes-jour à l'hectare suivant la densité de la
végétation présente. Les outils utilisés au cours
de cette activité sont : la machette (coupe-coupe), la hache et la
pioche.
5.5.2- Le labour
Il intervient en début de saison des pluies
après la première pluie significative. Il commence
généralement vers la dernière semaine du mois de mars pour
la grande saison et durant le mois de juin pour la petite saison des pluies. A
cause de sa pénibilité, c'est une activité
Par Habib Lorentz PADONOU/ ESAC- 2010-2011/ Page 44
[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
essentiellement masculine le plus souvent confiée
à la main-d'oeuvre salariée. On distingue dans la région
trois types de labour :
- Le labour en billon : le plus fréquent, il est
réalisé sur les parcelles devant recevoir la plupart des
cultures. Suivant la hauteur et le volume des billons, ce type de labour
consomme entre 8 et 12 hommes-jour à l'hectare.
- Le buttage : ce type de labour est effectué pour
l'igname et le manioc. Le buttage de l'igname nécessite 20 à 25
hommes-jour pour un hectare
- Le labour à plat : il est effectué uniquement
pour le riz. Il consomme environ 15 à 20 hommes-jour par hectare.
- Le labour se réalise à l'aide d'une daba (houe
à grosse lame). La période de labour diffère selon les
spéculations : L'absence de la mécanisation fait que le labour
représente toujours l'une des opérations culturales qui consomme
assez de main-d'oeuvre dans le village.
5.5.3-Le semis
C'est une activité qui intervient juste après le
labour durant la grande saison des pluies et de façon pratiquement
simultanée durant la petite saison des pluies. La manière de
réaliser le semis diffère suivant les cultures : Pour les
céréales et les légumineuses, il se réalise avec le
pied et parfois à l'aide d'un bâton à bout pointu. Pour le
riz, on réalise d'abord une pépinière puis les plantules
sont repiquées par la suite, puisqu'il s'agit du ri de bas-fonds. La
plantation de l'igname se fait à l'aide de la main. On creuse d'abord un
trou dans la butte, on y dépose soigneusement le semenceau, on referme
le trou puis on dépose un chapeau (coussinet) réalisé avec
de la broussaille sur le sommet de la butte. Ce coussinet permet de conserver
l'humidité dans la butte. En dehors de la plantation de l'igname
essentiellement réservée aux hommes, le semis des autres cultures
est généralement confié aux femmes et aux enfants. Les
femmes, à cause de leur aptitude à la procréation
inciteraient le pouvoir germinatif des semences alors que les enfants sont les
plus actifs dans cette activité du fait de leur rapidité dans les
jambes. Les semences pour le semis sont prélevées sur les
récoltes de la saison antérieure. Afin de s'assurer un bon
rendement, le producteur, à la fin de la saison, réserve les
meilleures graines pour la saison suivante. Au début de la nouvelle
saison, le stock de graines est soigneusement trié pour ne retenir que
des semailles de bonnes qualités. Cette étape est
déterminante dans l'installation des céréales et
légumineuses. En ce qui concerne l'igname, les semenceaux
utilisés ont plusieurs origines :
- Les tubercules de deuxième récolte pour les
variétés à deux récoltes :
Par Habib Lorentz PADONOU/ ESAC- 2010-2011/ Page 45
[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
Pour garantir un stock de semences, lors de la première
récolte, le paysan ouvre la butte d'un côté, réalise
une incision nette tout juste au-dessus de la tête du tubercule,
enlève le tubercule et referme soigneusement le trou. Grâce
à son aptitude à la multiplication végétative, la
tête du tubercule laissée en place, développe de petits
tubercules appelés semenceaux qui utilisés comme semence lors de
la mise en place de la nouvelle plantation d'igname.
- La tête ou même le fragment de tubercules pour
les variétés à une seule récolte :
Pour ces variétés, déjà à
la récolte, le paysan constitue le stock des tubercules qui serviront
à la plantation prochaine. Il a été prouvé que pour
ces variétés, les semenceaux limitent considérablement la
production.
|