§.3. Résultats de
l'évaluation
La relation émergente entre Moscou et Pékin,
qui s'est développée au lendemain de la guerre froide, à
donné suite à un partenariat de portée stratégiques
particulièrement ambitieux. La déclaration commune de 2001
représente l'illustration ultime de cette convergence de points de vue.
Mais six années plus tard, force est de constater que ces grandes
ambitions soulèvent bon nombre de difficultés. Ces deux pays
paraissent divisés autant par leurs similitudes que par leurs
différences.Ils aspirent tous deux à de venir de grandes
puissances mondiales, la chine entant que puissance émergente, et la
Russie à la recherche de sa puissance perdue.La Russie, qui reprend
confiance en elle suite à la relance progressive de son économie,
pourrait bien durcir ses exigences vis-à-vis de son voisin chinois. Cela
se traduirait par un ralentissement inévitable des diverses
coopérations entre ces deux grandes nations.
A de nombreux égards, les intérêts que la
Russie défend ne sont pas nécessairement compatibles avec les
objectifs visés par les responsables chinois sur le long terme. En
premier lieu, certains responsables chinois considèrent que le partage
du territoire dans la zone frontalière s'est fait au détriment de
leur pays si la confrontation militaire parait hautement improbable, le risque
que la Chine investisse les régions d'extrême orient russe par la
voie de l'immigration de masse ne peut être écarté.
D'autant que le déséquilibre démographique de part et
d'autre de la frontière est flagrant sur le plan économique, la
Russie vient à peine de se relancer grâce aux pétrodollars
et la pérennité de sa croissance pose encore question, tandis que
la chine connait une progression considérable depuis plusieurs
années. La formidable ascension chinoise pourrait bien placer le voisin
russe en position d'éternel junior.Par ailleurs, et paradoxalement, ces
deux pays se livrent une compétition de plus en plus après pour
obtenir les faveurs de l'occident, en particulier des Etats Unis. Les enjeux
sont nombreux: afflux d'investissement, soutien politique, ou arrangements
avantageux pour la sécurité nationale. A l'évidence, ce
pragmatisme vis-à-vis de l'occident peut gêner les relations
bilatérales sino-russes. Sur le plan militaire, Pékin s'est
engagé dans une politique de réarmement et dispose à
présent de forces conventionnelles modernes. Une pareille tendance
soulève de multiples inquiétudes parmi les dirigeants russes qui
deviennent de plus en plus préoccupés pour la
sécurité nationale. Mais la relance de son économie
interne est la diversification de ses clients extérieurs pourrait bien
rendre la Russie moins dépendante de la chine en matière
d'exportation d'armements.Enfin, chaque partenaire est particulièrement
soucieux de consolider son intégration dans la vie politique et
économique internationale. Cela implique de préserver de bonnes
relations avec la super puissance américaine immanquablement, cette
dépendance réduit notablement la marge de manoeuvre de chacun
lorsqu'il s'agit de s'opposer aux intérêts américains.
Ainsi, à propos de la future relation sino-russe, le
scénario le plus probable suggère que la Russie, à la
recherche de sa puissance perdue, pourrait bien veiller à consolider sa
position dans la région asiatique. Elle s'efforcerait du coup de varier
l'ensemble de ses partenaires, et ne se cotonnerait plus à une relation
privilégiée avec la Chine dans ces conditions d'imaginer que le
partenariat stratégique se développe de manière
significative à l'avenir. Le risque qu'il devienne plus une constante
rhétorique qu'une réalité profonde parait bien
réel, et l'on pourrait fort assister à une période de
stagnation dans les relations entre ces deux grandes puissances.
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