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Pourquoi et comment le consommateur est-il protégé contre les dangers alimentaires ? : de la fourche à la fourchette( Télécharger le fichier original )par Anouar Bachounda kedge business school - Mastère Management par la Qualité 2013 |
B. Dangers : composante de l'analyse des risques1. La Méthode HACCP43 , 44 et 45 L'Analyse des risques permet de s'attaquer « aux incertitudes ou aux lacunes de la connaissance » englobant l'évaluation, la gestion et la communication sur les risques. Elle définit clairement par la suite si l'une des composantes d'un produit alimentaire constitue effectivement un danger pour l'innocuité des aliments et le niveau du risque sanitaire impliqué. a) Un peu d'histoire Dans les années 60, à la demande de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) une méthode de maîtrise de la qualité hygiénique fut crée « la HACCP » l'abréviation de « Hazard Analysis Critical Control Point » traduit de façon approximative par Analyse des Dangers et Points Critiques pour leur Maitrise par la firme agro-alimentaire Pillsbury. La NASA ne pouvant analyser tous les aliments, elle mit en place un système de préparation des rations, dans le but de produire des aliments utilisables en apesanteur lors de missions spatiales pour les astronautes pour leur éviter les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). Cet outil a été la première ébauche de la méthode HACCP, créé par Mr Bauman, qui est depuis reconnu comme le père de l'HACCP. La méthode a été reprise par les instances internationales46 chargées de la sécurité des aliments, comme la FAO, l'OMS ou la Commission du Codex Alimentarius faisant de cet outil le système de qualité et de sécurité sanitaire des aliments. Cette méthode a été instaurée comme référence afin qu'il n'y ait pas de maillons faibles dans les chaînes d'approvisionnement alimentaires, afin d'obtenir des denrées sûres et saines, ce qu'illustrent bien les propos de D. CORPET, Professeur à l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse : « Le Haccp c'est ce qu'on a trouvé de mieux pour s'obliger à envisager tout ce qui peut menacer la santé des consommateurs d'un aliment, et, l'ayant prévu, y porter systématiquement remède à l'avance. » 47 Conclusion, « Mieux vaut prévenir que guérir », c'est un concept reposant sur les principes de gestion des risques que l'on retrouve dans de nombreux secteurs tels que l'aéronautique, l'industrie chimique et nucléaire. C'est grâce à la mise en application de principes d'analyse et de prévention des risques dans l'agroalimentaire, que l'idée de trouver un bout de verre dans une boite de conserve ou un yaourt est inconcevable. 43 Pour plus d'informations, se référer au site internet de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/HACCP. 44 Site d'information dédié à l'hygiène des aliments, et particulièrement à l'HACCP : http://www.haccp-guide.fr/histoire_haccp.htm (Consulté en novembre 2012). 45 Archives de document de la FAO, Module 10 : L'analyse des risques et le codex, sur le site de la FAO : http://www.fao.org/docrep/003/X7354F/x7354f0a.htm (Consulté en septembre 2012). 46 Publiée dans l'annexe Le Code d'usages international recommandé, Principes généraux d'hygiène alimentaire - CAC/RCP 1-1969. 47 CORPET D., Maîtrise des Dangers : HACCP, Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, unité pédagogique de l'hygiène et l'industrie des denrées alimentaires d'origine animale. septembre 2012, 26 pages. Pour plus d'informations, se référer au site internet de http://fcorpet.free.fr (Consulté en octobre 2012). Page n°18 - PARTIE I : ENJEUX DE LA SECURITE SANITAIRE DES DENREES ALIMENTAIRES - b) L'analyse des dangers48 L'analyse des dangers est l'un des premiers principes du système HACCP, nécessitant une expertise technique et des bases scientifiques dans divers domaines pour identifier correctement tous les dangers potentiels. Le document d'analyse des risques des points critiques pour leur maîtrise (HACCP) et directives concernant son application [Annexe au CAC/RCP1-1969, Rev. 3 (1997)] du Codex définit le danger comme : «Un agent biologique, chimique ou physique ou un état de l'aliment ayant potentiellement un effet nocif sur la santé. » A noter que certains clients exigent dans leur étude globale, la prise en compte du danger allergène dû à une molécule toxique, ainsi que le danger terroriste (depuis les attentats du 11 septembre 2001 ce danger est pris au sérieux par l'administration des Etats-Unis). Les dangers peuvent être présents sur/ou dans la nourriture pouvant provoquer des maladies ou des dommages allant du plus bénin au plus grave, jusqu'à menacer la vie du consommateur. Tout dépend de la quantité d'aliments, d'agents ou substances dangereuses présents sur/ou dans la nourriture lors de la consommation. Différents facteurs entrent en jeu, tout dépend de : - sa nature, - son niveau de dangerosité, - la fréquence, - et la durée d'exposition. Il est important de connaître les agents nocifs liés à l'alimentation, de façon à pouvoir estimer les risques et de pouvoir définir des niveaux de risques acceptables pour protéger les consommateurs. Le terme risque est quant à lui défini comme : « La fonction de probabilité d'un effet nocif et de la gravité de cet effet, du fait de l'existence d'un (ou plusieurs) danger(s) alimentaire(s). » Il s'agit d'estimer la possibilité que l'on a d'être touché par un danger, sachant qu'il a été correctement évalué et mis en facteur en termes aléatoires. La décision volontaire d'écarter un aliment que l'on considère comme impropre à la consommation car celui-ci semble suspect (aspect anormal, odeur, mauvais goût) correspond à l'évaluation des risques basée sur l'observation sensorielle de l'apparence visuelle, de l'odeur et du goût. Par la suite on aboutit à une estimation des conséquences éventuelles qu'il y aurait à consommer cet aliment. N'importe quel risque sanitaire lié à l'alimentation est directement lié aux dangers pouvant être transmis à l'homme à tout moment dans la chaîne de l'alimentation, par un phénomène appelé contamination. Il est important de communiquer un message d'information sur les risques, afin de prévenir les consommateurs d'une possibilité d'infection. 48 Archives de document de la FAO, Module 10 : L'analyse des risques et le codex, sur le site de la FAO : http://www.fao.org/docrep/003/X7354F/x7354f0a.htm (Consulté en septembre 2012). Page n°19 - PARTIE I : ENJEUX DE LA SECURITE SANITAIRE DES DENREES ALIMENTAIRES - 2. Dangers chimiques Parmi les dangers relatifs à la sécurité des denrées alimentaires, il y a ceux qui sont chimiques, représentés sous trois formes différentes : a) Additifs49 Les additifs sont des molécules ajoutées aux aliments en petites quantités, permettant d'ajuster le goût, la couleur, ou de donner au produit une consistance intéressante. Ils peuvent présenter un risque en cas d'allergies ou d'intolérances. Il est impératif qu'ils soient réglementés afin de s'assurer qu'ils ne présentent aucun risque pour la santé humaine. Avant d'être autorisés au niveau de l'Union Européenne dans les denrées alimentaires, les additifs sont contrôlés et des limites sont fixées concernant la quantité pouvant être ajoutée dans un aliment donné. C'est l'EFSA50 (L'Autorité Européenne de la Sécurité des aliments) qui est en charge d'évaluer que les additifs ne représentent aucun danger pour l'homme et qu'il est indispensable pour le consommateur. Il existe des règles détaillées concernant l'étiquetage des additifs alimentaires et leur présence ainsi que leur catégorie (conservateurs, antioxydants) devant être mentionnées sur chaque emballage alimentaire. En 1961 La Commission du Codex Alimentarius (Organisation internationale) recense et contrôle ces molécules classées en 23 catégories. Les additifs alimentaires portent tous un numéro SINxxx ou Exxx (en Europe). On retrouve des molécules naturelles comme la vitamine C (sous la dénomination E300 ou acide ascorbique). A titre d'exemple, les plus connus sont : - les colorants donnant de la couleur aux aliments (E140, Chlorophylle), - les antioxydants contre l'oxydation des produits (E307, la vitamine E), - Les émulsifiants stabilisent l'émulsion et évitent que deux phases se séparent, comme dans les vinaigrettes (E460, la cellulose), - les épaississants et
gélifiants qui renforcent la tenue d'un aliment trop liquide - les acidifiants qui augmentent l'acidité des aliments (E330, l'acide citrique), - les exhausteurs qui augmentent la perception du goût (E640, la glycine), et - les édulcorants qui rendent les aliments sucrés (E420, le sorbitol). 49 PELTIER Claire, "Les rôles des additifs alimentaires", http://www.futura-sciences.com, 16 décembre 2011, [En ligne] Article disponible sur le lien suivant : http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/medecine-1/d/danger-alimentation_1227/c3/221/p3/ (Consulté en septembre 2012). 50 L'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a été créée en janvier 2002 à la suite d'une série de crises liées à la sécurité des aliments survenues à la fin des années 1990. C'est une source indépendante de conseils scientifiques et de communication dans le domaine des risques liés à la chaîne alimentaire dans le but d'apporter des bases solides aux politiques et à la législation européennes et d'aider les instances européennes et les États membres à arrêter des décisions efficaces et opportunes en matière de gestion des risques. Page n°20 - PARTIE I : ENJEUX DE LA SECURITE SANITAIRE DES DENREES ALIMENTAIRES - b) Résidus Les résidus correspondent à des substances intentionnellement utilisées en production animale (résidus d'antibiotiques). La seule exception concerne les produits de nettoyage. Les dangers chimiques peuvent être nocifs voire toxiques pouvant se retrouver sur l'aliment ou à l'intérieur de celui-ci. Les causes sont diverses : usage d'intrants agricoles (pesticides, fertilisants), pollution industrielle ou utilisation d'additifs dans les aliments, en quantité volontairement ou accidentellement excessive par rapport au seuil acceptable. En matière de dangers chimiques, la sécurité sanitaire des aliments s'est organisée par le biais de lois et de comités d'experts51 depuis la fin du 19ème siècle avec pour objectif de protéger le consommateur de l'usage de substances chimiques dans les aliments : - Loi de 1884 : les maires sont responsables de la qualité des denrées alimentaires. - Loi de 1905 : sur la répression des fraudes concernant la lutte contre les tromperies commerciales et contre l'usage abusif de produits chimiques. - Loi de 1912 : adoption du principe de listes positives c'est-à-dire que « tout produit doit subir un examen toxicologique ». - Loi de 1973 : obligation d'une autorisation préalable pour l'emploi des additifs. - Loi de 1980 : fixe les protocoles d'étude des demandes d'autorisation d'emploi. Les exemples suivants représentent des cas de mesures de maîtrise des dangers chimiques52:
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), principale institution spécialisée des Nations Unies chargée de tous les aspects relatifs à la qualité et à la sécurité sanitaire des aliments, propose des exemples représentant des mesures de maîtrise de dangers biologiques disponible à l'annexe n°3 : Mesures de maîtrise pour les dangers biologiques p VI. 59 FEDERIGHI M., Sécurité des aliments : Les dangers et les stratégies de maîtrise, Conseil de développement Nantes métropole CCO Tour Bretagne, octobre 2009 [en ligne]. Disponible sur : http://www.nantes-citoyennete.com/X_FICHIERSPDF/091007_Ponan_Federighi.pdf (Consulté en novembre 2012). Page n°25 - PARTIE I : ENJEUX DE LA SECURITE SANITAIRE DES DENREES ALIMENTAIRES - |
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