La régulation des télécommunications au Congo( Télécharger le fichier original )par Audry Jostien EYOMBI Université Marien Ngouabi de Brazzaville - Master en droit public 2012 |
B. Les questions de genre dans la politique de TIC au CongoTous les textes nécessaires, régissant les domaines stratégiques au Congo prône la promotion de la femme au même titre que l'homme. La constitution du 20 janvier 2002 pose un principe fondamental, l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction de sexe(244). 1(*) La loi n° 21-2006, du 21 aout 2006, sur les partis politiques consacre également la représentativité et promotion aux postes de responsabilité les femmes, au même titre que les hommes(245). La création d'un département ministériel pour la promotion de la femme montre à suffisance la volonté du Gouvernement congolais d'atteindre la parité entre l'homme et la femme(246). Cependant, comme dans certains pays africains, l'implication des femmes dans la politique de TIC au Congo demeure encore un casse-tête. La prise en compte des questions de genre semble ne pas être une priorité en ce qui concerne les télécommunications au Congo. Il n'y a à ce jour qu'une seule association de femmes active dans les télécommunications et très peu de femmes sont impliquées dans les activités TIC en général. Les femmes demeurent sous représentées au niveau des structures de décision sur les télécommunications, y compris aux postes de responsabilité à l'agence de régulation, ainsi que les postes de gestion supérieurs dans les sociétés de télécommunications(247). Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment le fait que l'accès aux Technologies de l'Information et de la Communication(TIC) n'est pas garanti pour les femmes et les populations rurales en général, et bien que les coûts des appareils téléphoniques aient baissé, jusqu'à 20 dollars (soit 11.000 Fcfa), les coûts de communication sont parfois élevés par rapport à leurs revenus. Les coupures fréquentes d'électricité et le manque d'électricité en zone rurale sont également des facteurs importants qui réduisent l'accès des femmes aux TIC. Les rôles que les femmes occupent dans la société influent également, par exemple, elles sont plus occupées avec les travaux domestiques et champêtres, etc.1(*) Les femmes sont généralement formées dans les filières de deux ans dans les écoles supérieures, en majorité privées, sur l'informatique de gestion et le secrétariat bureautique. Elles se retrouvent très peu dans les filières plus techniques comme la maintenance et d'autres filières relatives aux télécommunications. Les formations sont parfois coûteuses et elles n'ont pas les moyens financiers. Il y a également le fait que les femmes manifesteraient peu d'intérêt pour les filières pointues des télécommunications, jugées trop techniques. L'analphabétisme des femmes accentué en zone rurale est également un frein à l'accès à l'internet. Il y a peu de contenu local qui soit produit sur internet pour intéresser les femmes. Par contre, le téléphone mobile demeure un outil très utilisé par les femmes. La formation dans une filière TIC ou de télécommunications n'est pas un passeport garanti pour l'emploi pour les femmes congolaises, qui doivent faire face à un marché de l'emploi de plus en plus difficile et où les stéréotypes demeurent. Par exemple, après des années de formation en informatique, beaucoup de femmes sont contraintes à occuper des postes de secrétaire, caissière et comptable dans les sociétés, généralement moins payés et moins sûrs. Le secteur des télécommunications est encore vu comme un secteur plutôt masculin que féminin. Il n'y a pas encore une plateforme nationale regroupant les femmes sur les questions relatives aux TIC au Congo. Ainsi, au niveau de la société civile, les femmes ne se sont pas encore organisées pour traiter de la société de l'information. Et pourtant, le document de stratégie de développement des TIC de 2004, qui a accouché de la réglementation en vigueur(248), reconnaît que l'un des facteurs clés au succès dans la mise en oeuvre de la stratégie, est l'implication des femmes, des jeunes et de la diaspora.1(*) * 264. Article 8 de la Constitution congolaise du 20 janvier 2002 : `' Tous les citoyens sont égaux devant la loi. Est interdite toute discrimination fondée sur l'origine, la situation sociale ou matérielle, l'appartenance raciale, ethnique ou départementale, le sexe, l'instruction, la langue, la religion, la philosophie ou le lieu de résidence, sous réserve des dispositions des articles 58 et 96 `'. 265. Le Préambule de la loi n° 21-2006, du 21 aout 2006, sur les partis politiques. En application de l'article 8, dernier alinéa de la Constitution du 20 janvier 2002, les partis politiques doivent garantir et assurer la promotion et la représentativité de la femme à toutes les fonctions politiques, électives et administratives. * 267. Décret n° 2012-1035 du 25 Septembre 2012 portant nomination des membres du Gouvernement. 268. Rapport d'étude sur « les réformes des politiques des télécommunications en République du Congo », Roméo MBengou Association for Progressive Communications (APC) Septembre 2009 * 270. Rapport d'étude sur les réformes des politiques des télécommunications en République du Congo. Op. cit. 271. Du Marais(B), `' Analyses et propositions pour une régulation de L'Internet `'.Lex Electronic, vol. 7, n°2, Printemps / spring 2002 272. Données Banque Mondiale, rapport 2009,''Perspectives sur l'économie mondiale''. |
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