Section 2. Expériences Internationales
Tout au long de cette section, nous allons présenter l
évolution des flux de capitaux en premier lieu et les expériences
internationales en deuxième lieu.
2.1. L'évolution des flux de capitaux
Hausmann et Fernandez-Arias (2000)103 comparent
l'effet de la nature des flux de capitaux à l'effet «
cholestérol » : Il y a les flux bénéfiques au
développement (principalement les IDE) et les flux qui présentent
un risque pour la stabilité financière (tel que les emprunts).
En d'autre terme Rogoff (2002)104 a trouvé
que les flux de capitaux présentent un danger et qu'il faut envisager de
les contrôler. Néanmoins, selon l'auteur, le risque ne provient ni
de l'IDE, qui reste de loin le type de financement extérieur le plus
stable et qui va de pair avec des transferts de compétences de gestion
et de technologie, ni des investissements de portefeuille qui sont les plus
aptes à assurer un meilleur partage de risque. Ce sont plutôt les
flux de prêts étrangers qui peuvent être une source de
risque suite à la globalisation financière.
De même Prasad et al. (2003)105 ont
affirmé que la nature des flux de capitaux échangés a des
conséquences non négligeables sur les résultats
escomptés de la globalisation financière. En effet, pour certains
pays les échanges en termes d'IDE ont été
prédominants contrairement à d'autres pays qui ont reçu
plus de financement sous forme d'emprunts et d'investissements de
portefeuille.
Prasad et al. (2006) ont trouvé les mêmes
résultats dans le cadre d'une étude qui porte sur le niveau de
volatilité des différents types de flux de capitaux en
pourcentage du PIB sur une période allant de 1985 à 2004. Ils
montrent que dans tous les pays développés et en
développement, la volatilité des flux de dettes est plus
élevée que celle des flux d'IDE, des investissements de
portefeuille ou la somme des deux à la fois.
Kaminsky (2008)106 a montré qu'un niveau
élevé d'intégration financière augmente le risque
de l'arrêt soudain des flux de capitaux, même en absence de
déséquilibre macroéconomique avéré dans le
pays domestique. Cette relation peut s'expliquer par les effets
103 Haussmann, R., Fernandez-Arias, E., 2000. Foreign Direct
investment: Good Cholesterol? IADB, Research Department Working Paper, No.
417.
104 Rogoff, K., 2002. Contrôle des flux de capitaux:
Faut-il garder l'esprit ouvert à cet égart? Finance et
développement.
105 Prasad, E., Rogoff, K., Wei, S.J., Kose, M.A., 2003.
Effects of Financial Globalization on Developing Countries: Some Empirical
Evidence. Research Department, International Monetary Fund. (Occasional Paper
No. 220).
106 Kaminsky, G., 2008. Crises and sudden stops: evidence from
international bond and syndicated loan markets. NBER working paper ,
No.14249.
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néfastes d'une déréglementation des
mouvements de capitaux suite à la libéralisation
financière. Une telle levée des restrictions entraine une libre
entrée et sortie des capitaux sans contrôle ni entrave.
De même, selon Calvo et al. (2008)107,
l'arrêt soudain des flux de capitaux, considéré comme le
point de départ des crises bancaires, est plus probable dans les pays
qui s'appuient d'avantage sur les financements bancaires à court terme
ou sur les investissements de portefeuille que sur les investissements directs
étrangers.
Ainsi, Reinhart et Reinhart (2008)108 ont
trouvé qu'une entrée massive des flux de capitaux internationaux
suite à la globalisation financière est associée à
une probabilité élevée des crises bancaires aussi bien
dans les pays développés que dans les pays en
développement. De plus, Mendoza et Terrones (2008)109 ont
montré que les crises financière dans les pays en
développement sont associées à des booms de crédits
et que ces derniers ont souvent lieu suite à une entrée massive
des flux de capitaux.
Plus récemment, Joyce(2010)110 a mené
une étude sur l'effet de l'intégration financière sur la
durée et les coûts de sortie des crises bancaires
systémiques dans les pays émergents au cours des années
1976-2002. L'auteur a montré que la nature des flux de capitaux
échangés joue un rôle très important sur la
stabilité du secteur bancaire des pays. Il trouve qu'une augmentation
des investissements directs étrangers dans un pays a tendance à
diminuer le nombre et la durée des crises, tandis que les engagements en
emprunts étrangers ont l'effet inverse.
Enfin, Milesi-Ferretti et Tille (2010)111 et
Caballero(2010)112 ont trouvé que les investissements directs
étrangers, de par leur nature de long terme, sont peu vulnérables
aux problèmes de liquidité. Les flux bancaires par contre, sont
plus sensibles aux chocs : les problèmes de déséquilibre
de maturité (« Maturity Mismatch ») caractérisant les
banques exposent ces dernières à un risque de panique bancaire
(« bank runs »).
107 Calvo, G., Alejandro, I., Mejia, L.F., 2008. Systemic
sudden stops: the relevance of balance-sheet effects and financial integration.
NBER working paper, No.14026.
108 Reinhart, C., Rogoff, K., 2008. Banking crisis: An equal
opportunity menace. NBER paper N°14587.
109 Mendoza, E.G., Terrones, M.E., 2008. An Anatomy of Credit
Booms: Evidence from Macro Aggregates and Micro Data. NBER Working Paper14049,
May 2008.
110 Joyce, J., 2010. Financial Globalization and Banking
Crises In Emerging Markets. Open Economies Review, pp 1-21.
111 Milesi, F., Gian, M., Tille, C., 2010. The Great
Retrenchment: International Capital Flows during the Global Financial Crisis.
Economic Policy.
112 Caballero, J., 2010. Do surges in international capital
flows influence the likelihood of banking crises? Working Paper.
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Quant aux investissements de portefeuille, ils
représentent un cas intermédiaire : Bien qu'ils soient plus
instables que les IDE, ils n'ont pas d'implication aussi systémique que
la fuite de la liquidité bancaire.
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