II. Les ressorts de l'intégration des deux pays
:
2.1. Les mouvements transfrontaliers :
L'importance qualitative et quantitative des
déplacements des personnes et des flux économiques dans cette
partie de la Mauritanie et du Sénégal constitue une source
d'union entre ces peuples. Le rapprochement des populations
frontalières, est facilité par les discontinuités
territoriales liées à l'existence de familles «
multinationales ». Les migrations avant et pendant la colonisation sont
à l'origine de la segmentation territoriale d'un bon nombre de familles
entre les deux rives du fleuve. Une même famille peut réunir des
sénégalais et des mauritaniens. Cela développe à
coté du sentiment d'appartenance au pays de résidence ; un
réseau de solidarité transnationale. Ce réseau de
solidarité peut créer des éléments de
contiguïté, de proximité ou de continuité avec des
membres de la famille établis dans un autre pays. Ces échanges
qui dépassent les territoires nationaux, entretiennent un sentiment
d'appartenance « régionale ».
39 Le Chaab du 21Juillet 1989.
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal »
Le réseau social tissé entre commerçants
sénégalais et mauritaniens, joue aussi un rôle important
dans le processus d'intégration. Les membres de ce réseau unis
par une préoccupation commune et appartenant à un même
milieu socio-économique, nouent des liens solides. Ces acteurs se
situent, donc dans une double appartenance : celle du citoyen et celle d'un
membre d'une famille s'inscrivant dans un réseau transnational en
fonction de sa position sociale.
2.2 Le fleuve: un cadre de concertation autour d'une
organisation supranationale :
La création de l'OMVS en 1972 par La Guinée
Conakry, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie s'est
accompagnée d'une autre convention déclarant le fleuve
Sénégal et ses affluents comme « cours d'eau international
» sur les territoires des Etats membres. L'une des conséquences de
ce nouveau statut est que toute intervention pouvant altérer de
façon significative le régime du fleuve et les conditions de sa
navigabilité, les formes d'exploitation agro-industrielles des eaux du
fleuve ou ses caractéristiques écologiques, nécessitent
l'approbation préalable des Etats membres de l'OMVS. La convention de
1978 sur le statut des ouvrages communs, déclare les infrastructures
hydrauliques et électriques (barrages, lignes de transmissions,
infrastructures portuaires, etc.) à réaliser dans le cadre de
l'OMVS comme propriétés communes et indivisibles des Etats
membres. A cet effet, la mission assignée à l'organisation est de
promouvoir la coopération entre ses Etats membres, la coordination des
études techniques et les activités de mise en valeur du fleuve,
et la régularisation du débit du fleuve pour répondre aux
besoins de l'irrigation, de production d'électricité et de la
navigation. (OMVS, 2OO9). C'est ainsi qu'elle a réalisé les
barrages de Diama et de Manantali. Plus récemment, ses Etats membres ont
adopté une charte qui fixe les principes et modalités de la
répartition des eaux du fleuve entre les différents secteurs
d'utilisation, y compris l'environnement. Ce dynamisme est fondé en
partie sur la concordance des intérêts des Etats membres et
à l'impératif de coopération que dicte la
nécessité de gérer la ressource commune qui se trouve
être le fleuve. Cette organisation autour du bassin du fleuve joue un
rôle important dans la coopération entre les différents
membres et notamment dans l'apaisement des tensions. Tout au long de la crise
entre le Sénégal et la Mauritanie et lors de la période de
rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, l'OMVS continuait
à fonctionner et avait servi de cadre de dialogue entre les deux Etats.
Ce qui a peut être aidé à faire baisser
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal »
progressivement la tension. De même, cette structure a
servi de cadre d'arbitrage lors de la crise récente sur la
ré-inondation des vallées fossiles du Sénégal.
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