L'avocat et la protection des droits de l'homme au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Charles Marcel DONGMO GUIMFAK Université catholique d'Afrique Centrale/ institut catholique de Yaoundé - Master 2 en droit de l'homme et action humanitaire 2009 |
Section II : Les autres mesures pour la levée des limitesOn se limitera à la sensibilisation de la population à la justice et au rôle de l'avocat (paragraphe1), puis à la nécessité de la généralisation de l'aide juridictionnelle et de la revalorisation du taux de rémunération des commissions d'office (paragraphe 2). Paragraphe I : La sensibilisation de la population à la justiceet au rôle de l'avocatDe prime à bord, il faut relever que la détermination des Etats comme l'adoption des textes juridiques ne suffisent pas à elles seules à garantir aux citoyens une véritable protection en l'absence de certaines mesures spécifiques. Le Barreau est interpellé à un plus haut niveau. Aussi, la première mesure à prendre devra être la mobilisation des associations des promotions et des régions (tribales)189(*) constituées par des avocats, et la synergie avec les autres associations de défense des droits de l'homme, pour s'investir dans la formation des populations à la connaissance et à la défense de leurs droits. Pour ce faire, le Barreau doit sensibiliser la population notamment rurale, aux enjeux contemporains en matière de droits de la personne, en insistant sur la nécessaire ouverture aux différences. Il doit suffisamment participer aux débats publics en matière de droits de la personne. Il peut par exemple, en partenariat avec les pouvoirs publics et la société civile, ainsi que des associations de défense des droits de l'homme, lancer une vaste campagne de sensibilisation visant à informer la population sur la justice et sur le rôle de l'avocat. Un autre élément consistera à mettre en place des services d'information juridique et d'assistance légale proches des zones rurales pour permettre ainsi aux populations ciblées d'y recevoir des conseils juridiques. A cet effet, il sera important de prévoir le recrutement et la formation d'avocats, d'avocats stagiaires et de représentants d'organismes de la société civile, et mettre en place des procédures pour traiter les différents dossiers par des mesures d'orientation, de conseil pour régler les problèmes les plus simples, et de référence vers la représentation légale. Le Barreau devra créer en son sein des services d'assistance légale portant sur les problèmes les plus courants rencontrés par les populations défavorisées, notamment ceux liés au droit de la propriété, à l'état civil, au droit de la famille, aux contrats, aux successions, mais également aux questions de droit pénal. Le Barreau peut aussi, à l'exemple d'AHAVA190(*), créer une école avec au programme l'enseignement des instruments et principes des droits de l'homme.191(*) Cet enseignement devra être basé sur la Charte africaine, le Code Pénal, et d'autres instruments des droits de l'homme, particulièrement la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, avec beaucoup d'attention donnée aux droits des femmes et des enfants. * 189 supra * 190 http://www.sciencespobordeaux.fr/institutionnel/benin.html (consulté le 27 avril 2010). * 191 L'AHAVA a été formé en 1990 par un groupe de quatre personnes décidées de quitter la ville pour le village et de créer un réseau d'éducateurs ruraux des droits de l'homme. AHAVA est une ONG reconnue officiellement à but non lucratif et apolitique. AHAVA s'est développé dans une organisation d'avocats, de magistrats, de professeurs et d'ouvriers ruraux. Il n'a aucun personnel salarié et aucun bureau. Tout le travail est fait sur une base de volontariat, à l'exception du travail fait par des professeurs à l'école que l'AHAVA a établi. |
|