2.2. La réciprocité
Selon le dictionnaire « réciproque » est ce
« qui implique entre deux personnes, deux groupes, deux choses, un
échange de même nature 18». Or, dans les
accords de coopération
18 Le Robert, « Dictionnaire de la langue
française », Ed Club France loisirs, 1994.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
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décentralisée entre la ville de Porto-Novo et
ses homologues les collectivités françaises, il est surprenant de
constater qu'aucune des actions prévues dans les conventions n'est
destinée à s'inscrire dans une logique de
réciprocité. Dans le chapitre II de ce travail, au niveau de la
citation des objectifs et des orientations des partenariats, nous pouvons
constater que les objectifs sont formulés dans une logique de
réciprocité mais, par la suite, absolument aucune des actions
programmées ne constitue un agissement susceptible d'apporter une
quelconque réciprocité. Dans les actions engagées ne
figure nullement des activités dont le bénéficiaire direct
serait l'une des collectivités du Nord.
Une forte dissociation apparaît dans les objectifs
fixés et structurés autour du principe de
réciprocité et le contenu des projets à mettre en oeuvre.
Le principe de réciprocité se traduit dans les documents par des
phrases du type « enrichissement mutuel », « comparaison des
pratiques professionnelles », « connaître une autre
réalité », etc.
Nous pouvons également soulever un autre paradoxe assez
étonnant. La méthodologie de travail des partenaires du Nord se
caractérise par une omniprésence de l'approche technocratique :
toutes les étapes, tous les objectifs doivent pouvoir, au moins,
être vérifiés, suivis ou évalués. Pourquoi ce
défaut soudain de rationalisation des procédés et de
technocratisation du principe de réciprocité ? Les
collectivités du Nord trouvent-elles leur compte juste dans la mise en
oeuvre des projets ?
Dans le tableau de la partie trois du chapitre III concernant
la synthèse de projets engagés par Cergy-Pontoise, le Grand Lyon
et la ville de Buchelay, nous pouvons voir que la totalité des
activités ont pour seul bénéficiaire direct la ville de
Porto-Novo. Où les partenaires du Nord trouvent-ils alors leur compte ?
Une fois que tous les projets sont menés à bien, quel a
été le bénéfice par exemple pour la
communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise?
Résoudre le mystère parait moins pertinent
qu'analyser les conséquences que cela entraine dans la dynamique du
partenariat. En effet, l'une des premières conséquences est le
fait que les rapports se trouvent déséquilibrés. Dans un
contexte d'aide humanitaire par exemple, le principe de
réciprocité s'articule différemment, mais dans le cas de
la coopération décentralisée la balance est censée
être plus équilibrée.
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Les partenaires de Porto-Novo s'octroient une
réciprocité dans le processus global de mise en oeuvre des
projets, les bénéfices de la coopération ne
découlent pas d'un projet ou d'un autre. En conséquence, cela
donne l'impression à Porto-Novo que la coopération est
menée par les partenaires du Nord, et que ce serait donc à eux de
la porter. De plus, ce partenaire dispose d'un appareillage impressionnant de
dispositifs de coopération décentralisée et d'une
équipe technique mieux payée et plus performante.
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