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Quelle bourse régionale des valeurs mobilières en vue du financement des entreprises?

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par Harounan Alleyroux BAMBA
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en ingénierie financière 2005
  

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I.2.2. Les contraintes liées à la levée des fonds sur la BRVM

I.2.2.1. L'accès au marché

Les conditions liées à l'accès au marché primaire, c'est-à-dire l'appel public à l'épargne ou l'emprunt privé, sont si restrictives qu'elles excluent d'emblée les PME et les PMI. En effet, seules les entreprises dont le capital est ouvert à au moins cent (100) personnes sont éligibles au marché.

Parmi les entreprises les plus dynamiques et à fort potentiel, on compte de nombreuses PME et PMI dont la répartition du capital ne satisfait pas cette condition. De plus, les grandes entreprises sont généralement des succursales de certaines multinationales ; leur financement étant le fait de leurs maisons mères.

I.2.2.2. La fiscalité et les garanties

I.2.2.2.1. La fiscalité :

Une bonne politique d'harmonisation des législations fiscales passe par une connaissance des régimes existants et par une réelle perception de leur impact sur le fonctionnement du marché financier. Le constat qui ressort de notre analyse, c'est que les systèmes fiscaux actuels sont inadaptés et ne favorisent pas un développement harmonieux du système financier régional.

L'inadaptation des systèmes fiscaux apparaît globalement à travers l'imposition des revenus en général. Les Etats membres de I'UEMOA ont hérité leurs systèmes fiscaux de la colonisation. Ces systèmes ont donc pour base le droit fiscal français pour ce qui est des pays francophones, et le système fiscal portugais pour ce qui est de la Guinée Bissau. Mais, contrairement aux systèmes d'emprunt qui ont connu une rapide évolution induite par le développement économique et social, les systèmes fiscaux des pays de I'UEMOA comme ceux des autres pays en voie de développement sont restés figés, presque en l'état de leur réception.

L'essentiel des réformes fiscales est dicté par des considérations budgétaires, la préoccupation première des Pouvoirs Publics étant de combler le « gap » qui existe entre d'une part, des dépenses publiques qui ne cessent d'augmenter, et d'autre part, des recettes fiscales dont la maîtrise reste incertaine.

Cette situation explique la complexité et la lourdeur de ces systèmes fiscaux qui n'ont pas connu de véritables réformes de fond allant dans le sens de leur modernisation et de leur simplification.

La complexité des systèmes fiscaux apparaît d'abord à travers l'existence, encore dans certains Etats comme la Côte d'ivoire, le Bénin, le Niger, de la vieille méthode d'imposition cédulaire des revenus qui combine, d'une part une imposition distincte de chaque catégorie de revenu et d'autre part, un impôt de superposition: impôt général sur le revenu. Dans certains Etats, comme le Sénégal, où le système d'imposition cédulaire n'existe plus théoriquement, la technique d'imposition des revenus des personnes physiques en vigueur, qui allie des droits proportionnels par catégorie de revenu et un droit progressif s'ajoutant auxdits droits, ressemble beaucoup au système d'imposition cédulaire.

L'on note aussi l'existence de techniques complexes de paiement de l'impôt sur le revenu avec, dans la plupart des Etats, un système de paiement par anticipation basé sur le versement d'acomptes provisionnels dont la méthode de calcul est très difficile à maîtriser ; ce qui occasionne des redressements fiscaux et l'application de pénalités préjudiciables aux entreprises.

Quant à la lourdeur des prélèvements fiscaux, elle s'explique par la portion congrue des contribuables qui sont connus des administrations fiscales de ces pays et qui s'acquittent correctement de leurs obligations fiscales.

En effet, il y a dans tous ces pays une coexistence entre, d'une part, un secteur dit moderne avec des entreprises régulièrement déclarées auprès de l'administration fiscale, et d'autre part, un secteur traditionnel qualifié d'informel, officiellement inconnu de l'administration fiscale, qui occupe une bonne frange de la population. Le poids des prélèvements fiscaux est ainsi supporté par les entreprises du secteur dit formel et par les salariés. Cela se traduit naturellement par la lourdeur de la charge fiscale pour ces entreprises alors que, paradoxalement, le niveau de la pression fiscale est relativement très bas dans tous ces pays.

Pour ce qui concerne les revenus des valeurs mobilières, des différences fondamentales existent entre les Etats membres aussi bien par rapport aux taux d'imposition que par rapport aux modalités d'imposition.

Concernant les taux d'imposition, les disparités sont frappantes. A titre d'exemple, le taux de droit commun de la retenue à la source sur les produits d'actions est de 18% au Bénin, 25% au Burkina Faso, 10% au Sénégal et 12% en Côte d'ivoire (pour ce qui est des dividendes distribués par les sociétés non cotées à la BRVM). Les revenus d'obligations connaissent également d'importantes disparités: 6% au Burkina, 12% en Côte d'Ivoire, 25% au Niger.

Il est certain que de tels systèmes fiscaux ne favorisent pas le développement d'un marché financier intégré.

Dans un contexte de marché financier régional, comme celui de l'UEMOA, dont l'ambition est de promouvoir l'épargne intérieure et la mobilité des capitaux, la fiscalité applicable aux revenus de valeurs mobilières ne peut être neutre. En effet, le choix des placements de capitaux étant dicté, entre autres facteurs déterminants, par des considérations fiscales, les investisseurs avertis seront plus attirés par les Etats offrant des avantages fiscaux les plus attractifs.

Or, les disparités que nous avons relevées entre les régimes fiscaux en vigueur dans les différents Etats de l'UEMOA constituent des facteurs réels de distorsion parce que pouvant considérablement influer sur la mobilité des capitaux et même sur l'investissement en valeurs mobilières du fait de leur complexité et de leur lourdeur. En outre, la complexité des systèmes en vigueur dans les Etats membres de l'UEMOA et l'imprécision de certaines dispositions fiscales dans beaucoup de situations constitue une cause d'insécurité juridique pour les investisseurs non locaux.

Par essence, la règle de droit fiscal doit garantir la sécurité juridique de ses destinataires. Cette règle doit donc permettre de déterminer avec certitude le montant des impositions mise à la charge d'un contribuable. La sécurité fiscale des contribuables dépend du degré de précision avec lequel est déterminé le champ d'application des règles de droit fiscal. Aussi, tant que cette sécurité juridique ne sera pas assurée dans l'UEMOA par une politique adaptée de simplification et d'harmonisation des législations fiscales, il sera difficile d'attitrer les capitaux étrangers.

I.2.2.2.2. Les garanties :

Conformément aux dispositions réglementaires actuellement en vigueur, l'émission d'un emprunt obligataire sur le Marché Financier Régional requiert la production préalable d'une garantie à première demande destinée à couvrir à hauteur de 100%, en principal et en intérêts, le risque de défaillance de l'emprunteur.

Du point de vue de l'organe régulateur, cette exigence vise la protection des investisseurs dans un contexte de marché naissant.

Cette disposition est jugée contraignante par les acteurs du marché, dans la mesure où elle ne permet pas un accès aisé à tous les émetteurs.

En effet, il a été observé que le coût élevé d'obtention des garanties renchérit le taux de sortie des financements obtenus par le biais du marché. De même, les formalités administratives et les délais nécessaires à la délivrance desdites garanties réduisent la compétitivité du marché financier. Les émetteurs se tournent alors vers le financement bancaire qui est plus facile d'accès.

Par ailleurs, le système actuel de garantie rend la répartition des risques sur le marché financier très asymétrique. En effet, il concentre l'ensemble des risques sur un petit nombre de garants, au lieu de les diversifier au sein du pool des émetteurs. Dès lors, l'appréciation du risque spécifique et l'analyse par les investisseurs des informations financières diffusées par chaque émetteur, perdent leur importance.

Enfin, une comparaison avec les places financières de même maturité montre que, contrairement à la pratique en vigueur sur le Marché Financier Régional, la production de garanties n'est pas une exigence réglementaire sur les autres marchés émergents. Souvent, sa production est facultative et ne sert qu'à renforcer la solvabilité de l'émetteur, déjà indiquée par sa note délivrée par des agences de notation de renom.

Au total, la disposition réglementaire sur les garanties semble constituer un frein pour plusieurs émetteurs potentiels d'emprunts obligataires de l'Union. Elle a conduit à un marché financier où le "pricing" des titres obligataires ne reflète pas nécessairement le risque intrinsèque de chaque émetteur.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius