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Analyse des systèmes de production rizicole et des risques sanitaires y afférents dans la commune de Malanville, Nord Bénin

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par Rostaing Akoha
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Ingénieur agronome 2009
  

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4.2.2 Financement de l'activité rizicole

Les sources de financement agricole peuvent être décomposées en deux groupes principaux : les ressources propres et les sources extérieures. Le financement d'origine externe peut provenir de deux sources, les circuits officiels et les sources informelles de crédit. Les sources informelles de crédit sont constituées par des personnes physiques. Ces personnes peuvent être des parents ou des proches et des usuriers qui ont pour métier de prêter de l'argent à court terme et à un taux d'intérêt élevé. Dans l'échantillon étudié, seulement 41.7 % des exploitants ont eu accès au crédit. Tous ces crédits ont été obtenus de sources formelles auprès des IMF de Malanville. Certains producteurs font de façon informelle des prêts sans intérêt chez des parents ou des proches. Cependant, sur le périmètre rizicole de Malanville, en début de saison les coûts relatifs à l'exécution du labour, du planage, à l'achat des semences, des engrais sont supportés par le bureau de l'UGPPM pour les exploitants qui le désirent; les coûts liés à la fourniture de l'eau sont systématiquement supportés par le bureau durant la saison pour tous les producteurs. A la récolte, tous ces coûts évalués en nombre de sacs sont remboursés par les exploitants.

4.2.3 L'eau dans la production rizicole dans la commune de Malanville

Nous considérerons dans cette analyse deux (02) grands systèmes. Il s'agit du périmètre rizicole de Malanville qui est une zone aménagée et des autres villages producteurs de riz qui ne disposent pas d'un aménagement. La gestion de l'eau sur le périmètre de Malanville est faite par des techniciens appuyés par les Chinois de la coopération sino béninoise. Le fleuve Niger est la principale source d'eau utilisée sur le périmètre rizicole irrigué de Malanville. L'irrigation est effectuée par un système de pompage de l'eau du fleuve Niger vers le périmètre rizicole.

Le périmètre dispose d'une station de pompage et d'une station de drainage qui permet de drainer le surplus d'eau du périmètre vers le fleuve Niger au besoin.

Au niveau de la station de pompage : les pompes électriques, alimentées par des groupes électrogènes, prélèvent l'eau (arrivée du fleuve par la prise d'eau) du bassin vers le canal principal. Le bassin est situé juste après la digue de protection qui sépare le périmètre du fleuve Niger. Du canal principal, l'eau va dans les canaux secondaires et ensuite dans les canaux tertiaires. Les vannes des canaux secondaires des zones à irriguer sont ouvertes suivant un calendrier d'irrigation. Le tour d'eau est de deux et les zones sont irriguées ainsi de façon périodique.

 

Canal principal d'irrigation

Digue de protection

 

Vannes

Photo 1 : Digue de protection et canal principal du périmètre rizicole de Malanville Source : Collecte Août- Octobre 2009

Les producteurs du périmètre s'organisent en de petits sous groupes selon la situation de leurs parcelles par rapport aux canaux de distribution de l'eau. Le but de ce regroupement est de gérer au mieux (d'une façon relativement équitable) la distribution de l'eau sur leurs diverses parcelles.

La plupart des Groupements Mutualistes des Producteurs (GMP) disposent d'un gardien qui est choisi en début de saison parmi les exploitants. Pendant les heures d'irrigation, le gardien s'assure d'une bonne distribution de l'eau sur les parcelles des exploitants de son GMP en ouvrant ou en fermant les vannes (en sable) donnant accès aux parcelles. Il s'agit des vannes des canaux tertiaires (canaux secondaires-parcelles). L'ouverture ou la fermeture des vannes est fonction des besoins des parcelles. Il a été défini sur le périmètre que chaque parcelle est irriguée deux à trois fois par semaine. Les parcelles sont regroupées en zone de parcelle et reçoivent périodiquement de l'eau. De toutes les façons, une lame d'eau de 5cm doit être maintenue dans les casiers rizicoles. A la récolte, le gardien reçoit par exploitant et par parcelle une bassine5 de 12kg environ. Certains exploitants préfèrent rémunérer les gardiens en espèce et cette somme varie entre 250 et 1000 F Cfa. Sur le périmètre, 87 % des exploitants ont eu recours au service d'un gardien dont 92 % les ont payés avec des bassines de riz paddy et 8 % en numéraire.

A la récolte, chaque exploitant paye une redevance pour l'eau au bureau de l'UGPPM. La redevance est normalement proportionnelle à la superficie de la parcelle exploitée et est de trois (03) sacs de riz paddy pour une superficie de 0,25 ha soit 12 sacs à l'hectare. Mais compte tenu de la panne des groupes électrogènes enregistrée au cours de certaines saisons de production, cette proportionnalité peut ne pas se respecter. Ainsi, la redevance est souvent revue à la baisse pour les producteurs n'ayant pas effectué une bonne récolte. Ces redevances permettent d'amortir les infrastructures d'irrigation et de pourvoir à leur renouvellement.

En dehors de la fourniture d'eau par la station de pompage du périmètre, 18,3 % des exploitants possèdent ou louent des motopompes pour irriguer leurs parcelles. Ils disposent de forages réalisés près des parcelles. Ceci est confectionné par les producteurs exigeants en vue de subvenir aux besoins des plantes lorsque le moteur de distribution de périmètre est en panne. Une autre raison de cet état de choses est que certains producteurs supposent que l'eau à eux accordée n'est pas toujours suffisante. Ces ouvrages leur permettent de faire un complément hydrique.

ENCADRE 1

« Il vaut mieux avoir des forages aussi, étant donné que le coût de mise en place n'est pas élevé. Cela m'évite des surprises causées par ce moteur qui peut tomber en panne à n'importe quel moment. En plus, je suis plutôt encore plus sûr de la quantité d'eau que reçoivent mes plants lorsqu'il ne pleut pas pendant longtemps ».

5 Le coût d'une bassine de riz paddy est évalué à 1500 Fcfa

Dans le présent travail, le coût de l'eau a été estimé en prenant en compte les redevances payées pour l'eau, le coût du gardiennage, le coût d'entretien et/ou de location de motopompe, le coût du carburant et le coût d'huile à moteur ou à vidange ; soit la formule :

Coût eau = coût (redevance + gardiennage + entretien motopompe + location motopompe +
carburant + huile a moteur ou a vidange).

Les producteurs du périmètre irriguent en moyenne leurs parcelles pendant 39 (#177;8.03) jours en saison des pluies et 37.50 (#177;3.41) jours en saison sèche compte tenu du calendrier.

ENCADRE 2

Je peux vous assurer que cette histoire de forages gratuits ne nous intéresse pas ici. De toutes les façons, nous préférons faire le riz pluvial. Cela est beaucoup plus rentable et nous évite certaines maladies.

Au niveau des terres qui ne disposent pas d'aménagements hydro agricoles formels comme le périmètre, l'apport en eau se fait de plusieurs manières. Certains producteurs disposent de forages et d'autres s'approvisionnent par la pluie en eau complémentaire. Le niveau de l'eau dans le sol varie selon la nature et la structure du sol. Sur les sols à forte hydromorphie, la nappe se retrouve très proche. Les producteurs avec l'aide de quelques techniciens réalisent des forages et s'équipent en matériels de pompage (motopompes, tuyaux en PVC). D'autres mettent en place des puits tubés et irriguent leurs champs rizicoles. Il est à noter qu'il y a eu une multiplication des producteurs disposant de cette infrastructure grâce à l'appui du PUASA. Ce programme mis en place par l'Etat a réalisé depuis 2006 et gratuitement des forages sur les parcelles rizicoles des producteurs de la commune de Malanville. Cet appui à été fait uniquement pour les producteurs appartenant à un groupement de riziculteurs. Certains producteurs compte tenu de leurs inaptitudes à intégrer un groupement n'ont pas eu ces infrastructures. D'autres producteurs encore ne voulaient pas de ces infrastructures bien qu'elles pourraient améliorer leur niveau de rentabilité et leurs revenus. Ces producteurs supposent que la riziculture de type pluvial reste le plus rentable sur tous les plans. Voilà les propos tenus par un certain nombre de paysans d'un village qui est divisé sur le plan politique. Ceci explique les raisons de la décision de disposer ou non d'un forage.

Les producteurs irriguent leurs parcelles selon le niveau d'humidité du sol et les besoins des plantes définis de façon empirique. En saison sèche, ils irriguent en moyenne pendant 78.12 (#177;4.81) jours tandis qu'en saison hivernale, le nombre moyen de jours d'irrigation est de 31.046 (#177;25.24) jours. Nous remarquons que le nombre de jours d'irrigation varie selon la saison. En saison sèche, les besoins de la plante sont plus grands ; le nombre de jours accroît pour favoriser l'atteinte des objectifs de production

Forage

Tube en PVC

.

Photo 2 : Forage pour riziculture dans le village de Tomboutou / Commune de Malanville Source : Collecte Août- Octobre 2009

Le tableau suivant présente le nombre moyen de jours d'irrigation par système

Tableau 6 : Digue de protection et canal principal du périmètre rizicole de Malanville (SP : Saison des pluies ; SP : Saison sèche)

Nombre de jours Nombre de jours

d'irrigation SP d'irrigation SS

PRM 39 (#177;8.03) 37.50 (#177;3.41)

Hors PR 31.04 (#177;25.24) 78.12 (#177;4.81)

Total 32.37 (#177;23.44) 27.04 (#177;33.741)

Source : Collecte Août- Octobre 2009

Le nombre moyen de jours d'irrigation est plus élevé en saison des pluies (SP) qu'en saison sèche (SS). On pourrait donc penser que les producteurs irriguent encore plus en saison des pluies malgré la pluie. Ce n'est pas le cas.

En effet, la différence dans ces valeurs s'explique par le fait que tous les producteurs produisent le riz en saison des pluies. En saison sèche, 43.3% des producteurs produisent le riz. Le nombre de jours d'irrigation en saison sèche est donc calculé à partir de ces producteurs. De plus, certains producteurs produisent le riz uniquement par apport des eaux des précipitations.

Le nombre de jours d'irrigation sur le périmètre est défini par les techniciens ayant en main la gestion de la station de pompage. Dans les villages, les producteurs irriguent en moyenne trois fois par semaines en saison sèche. En saison des pluies, la fréquence d'arrosage dépend de la périodicité des pluies. Lorsque la pluie n'apporte pas de l'eau dans les casiers, le producteur irrigue son champ. D'une façon générale, il est difficile pour les producteurs de quantifier l'eau reçue sur la parcelle par jours d'irrigation. Il est cependant certains qu'avant la fumure, les producteurs n'irriguent plus leurs champs. Juste après la floraison, les producteurs arrêtent l'irrigation.

Système de culture du riz

La production du riz dans la commune de Malanville se fait en deux saisons au cours de l'année :

- la saison hivernale de juin à octobre

- la contre saison de janvier à mai.

Cette section se propose de décrire les opérations inhérentes à la culture de riz.

Opérations culturales et organisation du travail

La préparation du terrain :

Elle commence en général la fin du mois de janvier par le curage des canaux d'irrigation et de drainage, la réalisation des diguettes. Sur le périmètre, les portions communes des canaux sont nettoyées en groupement alors que chacun s'occupe de la portion qui dessert son champ. Il consiste au nettoyage des abords des canaux et au curage de ces derniers. Après le curage des canaux, chaque exploitant nettoie sa parcelle.

Pendant ce temps, une portion de la parcelle est préparée pour recevoir la pépinière jusqu'en début février. Celle-ci est entretenue tout au long de son existence.

 
 

Diguettes

Casier rizicole

 
 

Photo 3 : Diguettes des parcelles de riz, Bodjécali / Commune de Malanville Source : Collecte Août- Octobre 2009

Le labour et le planage :

Le labour est effectué en février. 38% des exploitants étudiés possèdent leur propre équipement d'attelage pour effectuer le labour. Certains exploitants rizicoles effectuent un labour à plat sur sol humide6 et à une profondeur d'au moins 10 cm par la traction animale et d'autres font le labour en retournant manuellement le sol avec la houe.

Les producteurs ne disposant pas d'équipement de labour louent les paires de bSufs. Après le labour, les champs sont nivelés, planés et ensuite repiqués.

Labour d'un

casier rizicole

Mise en boue du casier rizicole

Photo 4 : Labour et mise en boue, Périmètre de Malanville / Commune de Malanville Source : Collecte Août- Octobre 2009

Le nivellement et le planage sont effectués pour 25,7% des exploitants avec les motoculteurs loués au CeCPA; 42,9 % des exploitants les réalisent avec leurs bSufs et la herse ; le reste fait cette opération de façon manuelle.

Le repiquage :

Il se fait au jugé de la ligne de base. Les écartements ne correspondant toujours pas à ceux
recommandés (15cm sur ligne et 20cm entre ligne). Pour les exploitants, les mesures prennent

6 Trois jours avant le labour, la parcelle est irriguée afin de faciliter le labour

trop de temps encore que le repiquage est souvent fait par les ouvriers qui sont souvent majoritairement des jeunes. Le repiquage est effectué à la fin du mois de février et en début du mois de mars. Le repiquage est réalisé 15 à 30 jours après l'installation de la pépinière.

Les opérations d'entretien sont constituées de l'épandage, du désherbage, et de l'irrigation. Ces activités se font de façon progressive. Le désherbage se fait deux fois au cours de la production. C'est une opération qui permet d'assurer une bonne croissance des plantes en éliminant les adventices. L'irrigation se fait selon chaque système. Mais il n'y a pas vraiment une forte réglementation selon les besoins en eau des plants. L'eau est envoyée sur la parcelle dès que la pluie ne vient pas régulièrement en saison des pluies mais est systématiquement distribuée en saison sèche.

 

Opération de repiquage

 

Photo 5 : Opération de repiquage, Périmètre de Malanville / Commune de Malanville Source : Collecte Août- Octobre 2009

Fumure et lutte contre les oiseaux granivores :

Le NPK est utilisé 1 à 3 jours après le repiquage, quant à l'urée elle est utilisée au début de l'épiaison, soit 45 jours après le repiquage.

Deux (02) désherbages sont réalisés sur le périmètre pour éviter l'envahissement des parcelles par les adventices. C'est l'opération culturale la plus fastidieuse et elle s'effectue soit avec la houe soit à la main et consiste à arracher les mauvaises herbes des casiers rizicoles.

La chasse aux oiseaux commence lorsque les graines sont en cours de formation. Au stade laiteux surtout, les oiseaux viennent vider les panicules de leurs contenus, ce qui affecte considérablement le rendement. Cette phase de chasse aux oiseaux est importante parce qu'elle permet de maintenir les panicules. On aurait des panicules sans graine de riz si cette phase n'est pas rigoureusement suivie.

Notons que tout au long du développement du riz, les parcelles sont régulièrement irriguées.
Ces irrigations d'entretien se déroulent suivant un calendrier pré-établi en début de saison et

prennent fin deux ou trois semaines avant la récolte sur le périmètre. Cependant, ces irrigations se font de façon aléatoire et continuent dans les autres champs hors périmètre.

La récolte a lieu à la maturité complète et consiste à couper avec une faucille les tiges lorsque les panicules virent au jaune pâle.

Les opérations post-récoltes :

Les opérations post-récolte concernent le battage, le ramassage du paddy, le transport, le séchage et le vannage, le stockage du paddy dans des sacs de 84 kg en vue de la vente. Après la récolte, les gerbes sont mises en tas et battues. Deux (02) méthodes de battage sont actuellement utilisées.

La première, actuellement rare, utilise les batteuses motorisées et la deuxième, la plus utilisée, se sert des tonneaux vides et des tapis du sol. Cette dernière consiste à battre les épillets des plants contre un tonneau déposé sur des bâches de camions ou faites avec des sacs d'engrais. Ensuite, les graines de paddy sont ramassées, ensachées et transportées vers l'aire de séchage. Le paddy, une fois sur les aires de séchage, est débarrassé des débris végétaux et étalé pour être séché. En ce qui concerne le vannage, le paddy séché est passé à la vanneuse afin de le débarrasser des débris restants et des coques sans graines (ovules avortés). Le paddy vanné est ensuite ensaché, transporté et stocké dans les magasins.

Opérations de vannage et de séchage :

Le riz est vendu paddy dans des sacs de 84 kg. L'ONASA s'organise ensuite pour décortiquer le riz et l'ensacher. Dans les deux grands magasins du périmètre par exemple, on retrouve quatre à six petites décortiqueuses. Toute la récolte de la commune vendue à cette structure d'appui à la sécurité alimentaire est ramenée dans ces magasins.

La figure suivante fait un résumé du système de production et de gestion du riz dans la commune de Malanville.

Production du riz sur le périmètre rizicole de
Malanville.
Zone aménagée pour la production des
cultures irriguées.
Irrigation totale avec maîtrise de l'eau

Production du riz dans les villages suivant les
divers systèmes de production existants. Riz
des bas fonds inondé ou riz pluvial. Irrigation
partielle ou inexistante

Constitution par village du stock de riz paddy,
récolté, vanné et ensaché dans des sacs de 84
Kg.

Constitution du stock du ménage. Ce
stock est soit décortiqué et consommé
ou vendu au Nigéria à un prix variant

entre 12500 et 13800 F CFA/sacs

Organigramme :Organi gramme de la production du riz à Malanville Source : Collecte 2009

Achat des stocks de riz paddy disponible par
village par l'ONASA à 15000 F CFA/Sac. Il
s'agit d'une collecte du riz dans toute la
commune.

Séchage du stock obtenu pour s'assurer du
niveau d'humidité du riz

Deuxième vannage du riz paddy afin
d'enlever tous les débris pouvant affecter la

décortiqueuse.

Commercialisation du riz sur le marché par
l'ONASA.
Label : Riz du Bénin

Décorticage du riz dans les magasins
de l'ONASA et ensachement dans
plusieurs types de sacs

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld