4.2.2 Financement de l'activité rizicole
Les sources de financement agricole peuvent être
décomposées en deux groupes principaux : les ressources propres
et les sources extérieures. Le financement d'origine externe peut
provenir de deux sources, les circuits officiels et les sources informelles de
crédit. Les sources informelles de crédit sont constituées
par des personnes physiques. Ces personnes peuvent être des parents ou
des proches et des usuriers qui ont pour métier de prêter de
l'argent à court terme et à un taux d'intérêt
élevé. Dans l'échantillon étudié, seulement
41.7 % des exploitants ont eu accès au crédit. Tous ces
crédits ont été obtenus de sources formelles auprès
des IMF de Malanville. Certains producteurs font de façon informelle des
prêts sans intérêt chez des parents ou des proches.
Cependant, sur le périmètre rizicole de Malanville, en
début de saison les coûts relatifs à l'exécution du
labour, du planage, à l'achat des semences, des engrais sont
supportés par le bureau de l'UGPPM pour les exploitants qui le
désirent; les coûts liés à la fourniture de l'eau
sont systématiquement supportés par le bureau durant la saison
pour tous les producteurs. A la récolte, tous ces coûts
évalués en nombre de sacs sont remboursés par les
exploitants.
4.2.3 L'eau dans la production rizicole dans la commune de
Malanville
Nous considérerons dans cette analyse deux (02) grands
systèmes. Il s'agit du périmètre rizicole de Malanville
qui est une zone aménagée et des autres villages producteurs de
riz qui ne disposent pas d'un aménagement. La gestion de l'eau sur le
périmètre de Malanville est faite par des techniciens
appuyés par les Chinois de la coopération sino béninoise.
Le fleuve Niger est la principale source d'eau utilisée sur le
périmètre rizicole irrigué de Malanville. L'irrigation est
effectuée par un système de pompage de l'eau du fleuve Niger vers
le périmètre rizicole.
Le périmètre dispose d'une station de pompage et
d'une station de drainage qui permet de drainer le surplus d'eau du
périmètre vers le fleuve Niger au besoin.
Au niveau de la station de pompage : les pompes
électriques, alimentées par des groupes
électrogènes, prélèvent l'eau (arrivée du
fleuve par la prise d'eau) du bassin vers le canal principal. Le bassin est
situé juste après la digue de protection qui sépare le
périmètre du fleuve Niger. Du canal principal, l'eau va dans les
canaux secondaires et ensuite dans les canaux tertiaires. Les vannes des canaux
secondaires des zones à irriguer sont ouvertes suivant un calendrier
d'irrigation. Le tour d'eau est de deux et les zones sont irriguées
ainsi de façon périodique.
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Canal principal d'irrigation
Digue de protection
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Vannes
Photo 1 : Digue de protection et canal
principal du périmètre rizicole de Malanville
Source : Collecte Août- Octobre 2009
Les producteurs du périmètre s'organisent en de
petits sous groupes selon la situation de leurs parcelles par rapport aux
canaux de distribution de l'eau. Le but de ce regroupement est de gérer
au mieux (d'une façon relativement équitable) la distribution de
l'eau sur leurs diverses parcelles.
La plupart des Groupements Mutualistes des Producteurs (GMP)
disposent d'un gardien qui est choisi en début de saison parmi les
exploitants. Pendant les heures d'irrigation, le gardien s'assure d'une bonne
distribution de l'eau sur les parcelles des exploitants de son GMP en ouvrant
ou en fermant les vannes (en sable) donnant accès aux parcelles. Il
s'agit des vannes des canaux tertiaires (canaux secondaires-parcelles).
L'ouverture ou la fermeture des vannes est fonction des besoins des parcelles.
Il a été défini sur le périmètre que chaque
parcelle est irriguée deux à trois fois par semaine. Les
parcelles sont regroupées en zone de parcelle et reçoivent
périodiquement de l'eau. De toutes les façons, une lame d'eau de
5cm doit être maintenue dans les casiers rizicoles. A la récolte,
le gardien reçoit par exploitant et par parcelle une bassine5
de 12kg environ. Certains exploitants préfèrent
rémunérer les gardiens en espèce et cette somme varie
entre 250 et 1000 F Cfa. Sur le périmètre, 87 % des exploitants
ont eu recours au service d'un gardien dont 92 % les ont payés avec des
bassines de riz paddy et 8 % en numéraire.
A la récolte, chaque exploitant paye une redevance pour
l'eau au bureau de l'UGPPM. La redevance est normalement proportionnelle
à la superficie de la parcelle exploitée et est de trois (03)
sacs de riz paddy pour une superficie de 0,25 ha soit 12 sacs à
l'hectare. Mais compte tenu de la panne des groupes électrogènes
enregistrée au cours de certaines saisons de production, cette
proportionnalité peut ne pas se respecter. Ainsi, la redevance est
souvent revue à la baisse pour les producteurs n'ayant pas
effectué une bonne récolte. Ces redevances permettent d'amortir
les infrastructures d'irrigation et de pourvoir à leur
renouvellement.
En dehors de la fourniture d'eau par la station de pompage du
périmètre, 18,3 % des exploitants possèdent ou louent des
motopompes pour irriguer leurs parcelles. Ils disposent de forages
réalisés près des parcelles. Ceci est confectionné
par les producteurs exigeants en vue de subvenir aux besoins des plantes
lorsque le moteur de distribution de périmètre est en panne. Une
autre raison de cet état de choses est que certains producteurs
supposent que l'eau à eux accordée n'est pas toujours suffisante.
Ces ouvrages leur permettent de faire un complément hydrique.
ENCADRE 1
« Il vaut mieux avoir des forages aussi, étant
donné que le coût de mise en place n'est pas élevé.
Cela m'évite des surprises causées par ce moteur qui peut tomber
en panne à n'importe quel moment. En plus, je suis plutôt encore
plus sûr de la quantité d'eau que reçoivent mes plants
lorsqu'il ne pleut pas pendant longtemps ».
|
5 Le coût d'une bassine de riz paddy est
évalué à 1500 Fcfa
Dans le présent travail, le coût de l'eau a
été estimé en prenant en compte les redevances
payées pour l'eau, le coût du gardiennage, le coût
d'entretien et/ou de location de motopompe, le coût du carburant et le
coût d'huile à moteur ou à vidange ; soit la formule :
Coût eau = coût (redevance +
gardiennage + entretien motopompe + location motopompe + carburant + huile a
moteur ou a vidange).
Les producteurs du périmètre irriguent en moyenne
leurs parcelles pendant 39 (#177;8.03) jours en saison des pluies et 37.50
(#177;3.41) jours en saison sèche compte tenu du calendrier.
ENCADRE 2
Je peux vous assurer que cette histoire de forages
gratuits ne nous intéresse pas ici. De toutes les façons, nous
préférons faire le riz pluvial. Cela est beaucoup plus rentable
et nous évite certaines maladies.
Au niveau des terres qui ne disposent pas
d'aménagements hydro agricoles formels comme le périmètre,
l'apport en eau se fait de plusieurs manières. Certains producteurs
disposent de forages et d'autres s'approvisionnent par la pluie en eau
complémentaire. Le niveau de l'eau dans le sol varie selon la nature et
la structure du sol. Sur les sols à forte hydromorphie, la nappe se
retrouve très proche. Les producteurs avec l'aide de quelques
techniciens réalisent des forages et s'équipent en
matériels de pompage (motopompes, tuyaux en PVC). D'autres mettent en
place des puits tubés et irriguent leurs champs rizicoles. Il est
à noter qu'il y a eu une multiplication des producteurs disposant de
cette infrastructure grâce à l'appui du PUASA. Ce programme mis en
place par l'Etat a réalisé depuis 2006 et gratuitement des
forages sur les parcelles rizicoles des producteurs de la commune de
Malanville. Cet appui à été fait uniquement pour les
producteurs appartenant à un groupement de riziculteurs. Certains
producteurs compte tenu de leurs inaptitudes à intégrer un
groupement n'ont pas eu ces infrastructures. D'autres producteurs encore ne
voulaient pas de ces infrastructures bien qu'elles pourraient améliorer
leur niveau de rentabilité et leurs revenus. Ces producteurs supposent
que la riziculture de type pluvial reste le plus rentable sur tous les plans.
Voilà les propos tenus par un certain nombre de paysans d'un village qui
est divisé sur le plan politique. Ceci explique les raisons de la
décision de disposer ou non d'un forage.
Les producteurs irriguent leurs parcelles selon le niveau
d'humidité du sol et les besoins des plantes définis de
façon empirique. En saison sèche, ils irriguent en moyenne
pendant 78.12 (#177;4.81) jours tandis qu'en saison hivernale, le nombre moyen
de jours d'irrigation est de 31.046 (#177;25.24) jours. Nous remarquons que le
nombre de jours d'irrigation varie selon la saison. En saison sèche, les
besoins de la plante sont plus grands ; le nombre de jours accroît pour
favoriser l'atteinte des objectifs de production
Forage
Tube en PVC
.
Photo 2 : Forage pour riziculture dans le
village de Tomboutou / Commune de Malanville Source :
Collecte Août- Octobre 2009
Le tableau suivant présente le nombre moyen de jours
d'irrigation par système
Tableau 6 : Digue de protection et canal
principal du périmètre rizicole de Malanville (SP : Saison des
pluies ; SP : Saison sèche)
Nombre de jours Nombre de jours
d'irrigation SP d'irrigation SS
PRM 39 (#177;8.03) 37.50 (#177;3.41)
Hors PR 31.04 (#177;25.24) 78.12 (#177;4.81)
Total 32.37 (#177;23.44) 27.04 (#177;33.741)
Source : Collecte Août- Octobre
2009
Le nombre moyen de jours d'irrigation est plus
élevé en saison des pluies (SP) qu'en saison sèche (SS).
On pourrait donc penser que les producteurs irriguent encore plus en saison des
pluies malgré la pluie. Ce n'est pas le cas.
En effet, la différence dans ces valeurs s'explique par
le fait que tous les producteurs produisent le riz en saison des pluies. En
saison sèche, 43.3% des producteurs produisent le riz. Le nombre de
jours d'irrigation en saison sèche est donc calculé à
partir de ces producteurs. De plus, certains producteurs produisent le riz
uniquement par apport des eaux des précipitations.
Le nombre de jours d'irrigation sur le périmètre
est défini par les techniciens ayant en main la gestion de la station de
pompage. Dans les villages, les producteurs irriguent en moyenne trois fois par
semaines en saison sèche. En saison des pluies, la fréquence
d'arrosage dépend de la périodicité des pluies. Lorsque la
pluie n'apporte pas de l'eau dans les casiers, le producteur irrigue son champ.
D'une façon générale, il est difficile pour les
producteurs de quantifier l'eau reçue sur la parcelle par jours
d'irrigation. Il est cependant certains qu'avant la fumure, les producteurs
n'irriguent plus leurs champs. Juste après la floraison, les producteurs
arrêtent l'irrigation.
Système de culture du riz
La production du riz dans la commune de Malanville se fait en
deux saisons au cours de l'année :
- la saison hivernale de juin à octobre
- la contre saison de janvier à mai.
Cette section se propose de décrire les opérations
inhérentes à la culture de riz.
Opérations culturales et organisation du
travail
La préparation du terrain :
Elle commence en général la fin du mois de
janvier par le curage des canaux d'irrigation et de drainage, la
réalisation des diguettes. Sur le périmètre, les portions
communes des canaux sont nettoyées en groupement alors que chacun
s'occupe de la portion qui dessert son champ. Il consiste au nettoyage
des abords des canaux et au curage de ces derniers. Après le curage
des canaux, chaque exploitant nettoie sa parcelle.
Pendant ce temps, une portion de la parcelle est
préparée pour recevoir la pépinière jusqu'en
début février. Celle-ci est entretenue tout au long de son
existence.
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Diguettes
Casier rizicole
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Photo 3 : Diguettes des parcelles de riz,
Bodjécali / Commune de Malanville Source :
Collecte Août- Octobre 2009
Le labour et le planage :
Le labour est effectué en février. 38% des
exploitants étudiés possèdent leur propre
équipement d'attelage pour effectuer le labour. Certains exploitants
rizicoles effectuent un labour à plat sur sol humide6 et
à une profondeur d'au moins 10 cm par la traction animale et d'autres
font le labour en retournant manuellement le sol avec la houe.
Les producteurs ne disposant pas d'équipement de labour
louent les paires de bSufs. Après le labour, les champs sont
nivelés, planés et ensuite repiqués.
Labour d'un
casier rizicole
Mise en boue du casier rizicole
Photo 4 : Labour et mise en boue,
Périmètre de Malanville / Commune de Malanville
Source : Collecte Août- Octobre 2009
Le nivellement et le planage sont effectués pour 25,7%
des exploitants avec les motoculteurs loués au CeCPA; 42,9 % des
exploitants les réalisent avec leurs bSufs et la herse ; le reste fait
cette opération de façon manuelle.
Le repiquage :
Il se fait au jugé de la ligne de base. Les
écartements ne correspondant toujours pas à
ceux recommandés (15cm sur ligne et 20cm entre ligne). Pour les
exploitants, les mesures prennent
6 Trois jours avant le labour, la parcelle est irriguée
afin de faciliter le labour
trop de temps encore que le repiquage est souvent fait par les
ouvriers qui sont souvent majoritairement des jeunes. Le repiquage est
effectué à la fin du mois de février et en début du
mois de mars. Le repiquage est réalisé 15 à 30 jours
après l'installation de la pépinière.
Les opérations d'entretien sont constituées de
l'épandage, du désherbage, et de l'irrigation. Ces
activités se font de façon progressive. Le désherbage se
fait deux fois au cours de la production. C'est une opération qui permet
d'assurer une bonne croissance des plantes en éliminant les adventices.
L'irrigation se fait selon chaque système. Mais il n'y a pas vraiment
une forte réglementation selon les besoins en eau des plants. L'eau est
envoyée sur la parcelle dès que la pluie ne vient pas
régulièrement en saison des pluies mais est
systématiquement distribuée en saison sèche.
Photo 5 : Opération de repiquage,
Périmètre de Malanville / Commune de Malanville
Source : Collecte Août- Octobre 2009
Fumure et lutte contre les oiseaux granivores :
Le NPK est utilisé 1 à 3 jours après le
repiquage, quant à l'urée elle est utilisée au
début de l'épiaison, soit 45 jours après le repiquage.
Deux (02) désherbages sont réalisés sur
le périmètre pour éviter l'envahissement des parcelles par
les adventices. C'est l'opération culturale la plus fastidieuse et elle
s'effectue soit avec la houe soit à la main et consiste à
arracher les mauvaises herbes des casiers rizicoles.
La chasse aux oiseaux commence lorsque les graines sont en
cours de formation. Au stade laiteux surtout, les oiseaux viennent vider les
panicules de leurs contenus, ce qui affecte considérablement le
rendement. Cette phase de chasse aux oiseaux est importante parce qu'elle
permet de maintenir les panicules. On aurait des panicules sans graine de riz
si cette phase n'est pas rigoureusement suivie.
Notons que tout au long du développement du riz, les
parcelles sont régulièrement irriguées. Ces irrigations
d'entretien se déroulent suivant un calendrier pré-établi
en début de saison et
prennent fin deux ou trois semaines avant la récolte sur
le périmètre. Cependant, ces irrigations se font de façon
aléatoire et continuent dans les autres champs hors
périmètre.
La récolte a lieu à la maturité
complète et consiste à couper avec une faucille les tiges lorsque
les panicules virent au jaune pâle.
Les opérations post-récoltes :
Les opérations post-récolte concernent le
battage, le ramassage du paddy, le transport, le séchage et le vannage,
le stockage du paddy dans des sacs de 84 kg en vue de la vente. Après la
récolte, les gerbes sont mises en tas et battues. Deux (02)
méthodes de battage sont actuellement utilisées.
La première, actuellement rare, utilise les batteuses
motorisées et la deuxième, la plus utilisée, se sert des
tonneaux vides et des tapis du sol. Cette dernière consiste à
battre les épillets des plants contre un tonneau déposé
sur des bâches de camions ou faites avec des sacs d'engrais. Ensuite, les
graines de paddy sont ramassées, ensachées et transportées
vers l'aire de séchage. Le paddy, une fois sur les aires de
séchage, est débarrassé des débris
végétaux et étalé pour être
séché. En ce qui concerne le vannage, le paddy
séché est passé à la vanneuse afin de le
débarrasser des débris restants et des coques sans graines
(ovules avortés). Le paddy vanné est ensuite ensaché,
transporté et stocké dans les magasins.
Opérations de vannage et de séchage :
Le riz est vendu paddy dans des sacs de 84 kg. L'ONASA
s'organise ensuite pour décortiquer le riz et l'ensacher. Dans les deux
grands magasins du périmètre par exemple, on retrouve quatre
à six petites décortiqueuses. Toute la récolte de la
commune vendue à cette structure d'appui à la
sécurité alimentaire est ramenée dans ces magasins.
La figure suivante fait un résumé du système
de production et de gestion du riz dans la commune de Malanville.
Production du riz sur le périmètre rizicole
de Malanville. Zone aménagée pour la production
des cultures irriguées. Irrigation totale avec maîtrise de
l'eau
Production du riz dans les villages suivant les divers
systèmes de production existants. Riz des bas fonds inondé ou
riz pluvial. Irrigation partielle ou inexistante
Constitution par village du stock de riz
paddy, récolté, vanné et ensaché dans des sacs
de 84 Kg.
Constitution du stock du ménage. Ce stock est soit
décortiqué et consommé ou vendu au Nigéria
à un prix variant
entre 12500 et 13800 F CFA/sacs
Organigramme :Organi gramme de la
production du riz à Malanville Source : Collecte
2009
Achat des stocks de riz paddy disponible par village par
l'ONASA à 15000 F CFA/Sac. Il s'agit d'une collecte du riz dans toute
la commune.
Séchage du stock obtenu pour s'assurer du niveau
d'humidité du riz
Deuxième vannage du riz paddy afin d'enlever tous les
débris pouvant affecter la
décortiqueuse.
Commercialisation du riz sur le marché
par l'ONASA. Label : Riz du Bénin
Décorticage du riz dans les magasins de l'ONASA et
ensachement dans plusieurs types de sacs
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