4.2 Caractéristiques des systèmes de
production rizicole
Le système de production est défini comme un
ensemble structuré de moyens de production (force de travail, terre,
équipements, etc.) combinés entre eux pour assurer une production
végétale et/ou animale en vue de satisfaire les objectifs des
responsables de l'exploitation agricole (Daane et al. , 1992)
Le système de production regroupe plusieurs
sous-systèmes dont le système de culture, le système
d'élevage et le système de transformation des matières
premières. Le système de culture se définit par une
surface de terrain traitée de manière homogène par des
cultures avec leur ordre de succession et par les itinéraires techniques
qui leur sont appliqués (Adégbidi, 1994).
4.2.1 Facteurs de production
Il existe quatre (04) facteurs de production essentiels qui
interviennent dans la production de riz à Malanville. Il s'agit de la
terre, de la main d'Suvre, du capital et de l'eau.
La terre
Plusieurs modes d'accès à la terre existent
à Malanville. Le plus dominant est l'héritage (65.55%) suivi de
l'emprunt (20%). Ce dernier est subordonné à l'adhésion
à un groupement de producteurs. Le don et le gage n'occupent que 13.88%
et sont faiblement observés. Il existe plusieurs types de sols où
la production de riz se réalise dans la commune de Malanville. Les
producteurs disposent des bas fonds aménagés
(périmètre rizicole de Malanville), des bas-fonds non
aménagés, des zones inondables et des plateaux.
Les superficies de terres cultivées varient entre 0,25
ha et 30 ha avec une moyenne de 3.68 (#177; 3.76) ha. Les emblavures du riz
sont en moyenne de 0.97 (#177;0.72) ha et varient entre 0.25 ha et 6ha.
Le tableau 5 présente les superficies moyennes
emblavées au cours de la dernière saison selon le sexe.
MOF MOS MOE

Tableau 5 : Superficies emblavées au cours
de la dernière saison de production
Superficie totale Superficie du
riz (Supriz/Suptot)* SupTot (ha)
SupRiz (ha) 100
Femmes
|
1.20 (#177;0.23)
|
1.60 (#177;1.31)
|
64.38 (#177;7.54)
|
Hommes
|
3.90 (#177;0.29)
|
2.32 (#177;0.05)
|
42.87 (#177;2.41)
|
Total
|
3.68 (#177;3.76)
|
0.9792 (#177;0.72)
|
44.66 (#177;31.41)
|
Source : Collecte Août- Octobre
2009
L'analyse de ce tableau montre que les superficies
disponibles pour l'agriculture sont plus grandes pour les
ménages dirigés par les hommes que pour les ménages
dirigés par des femmes. Les hommes disposent donc de
3.90 (#177;0.30) ha tandis que les femmes ont en moyenne une
superficie totale cultivable de 1.20 (#177;0.23) ha. Le riz est cultivé
par les femmes .à 64.38 (#177;7.5)% tandis que les
hommes n'occupent que 42.87 (#177;2.41) de leur superficie totale
.
disponible. Les femmes occupent plus de leurs superficies
disponibles pour la culture du riz que les hommes. 44.66% des superficies
disponibles sont utilisées pour la culture du riz.
La main d'Suvre
D'une façon générale, dans la
commune de Malanville, pour la production du riz, trois (03)
types de main d'Suvre sont utilisés : la main d'Suvre familiale,
la main d'Suvre salariée et l'entraide. La dominance de
l'un ou l'autre des types de main d'Suvre dépend du village et
des opérations culturales. La figure 5 présente les
proportions de chaque type de main d'Suvre dans
l'échantillon étudié.

36%
12%
52%
MOF : Main d'Suvre
Familiale
MOS : Main d'Suvre salariée MOE :
Entraide
Figure 6 : Proportion des types de main d'Suvre
Source : Collecte Août- Octobre 2009
Cette figure montre que la main-d'Suvre familiale est
dominante dans la commune de Malanville pour la culture du riz et occupe en
moyenne 52 % de la main d'Suvre totale utilisée au niveau des
exploitations étudiées. La main d'Suvre familiale est
utilisée pour toutes les opérations culturales et de
transformation post-récolte, mais surtout pour le nettoyage des canaux,
la préparation de la pépinière, l'épandage
d'engrais et le désherbage. Elle est suivie de la main-d'Suvre
salariée avec en moyenne 36 % de la main-d'Suvre totale dont le
degré d'utilisation varie en fonction du nombre d'actifs par
exploitation rizicole. Elle est surtout utilisée pour le repiquage, le
labour, le planage, la récolte, le battage, le vannage et le transport
du paddy. La main-d'Suvre d'entraide, dans une moindre mesure, intervient
surtout pour le désherbage et la récolte. La main-d'Suvre
salariée est rémunérée à la tâche et
varie en fonction des opérations et des périodes culturales. Le
prix moyen de l'Homme-jour (HJ) est de 2025 Fcfa. Comparativement au prix moyen
de l'Homme-jour (HJ) à Gogounou qui est de 1033,33 Fcfa (Chanou 2007),
le prix sur le périmètre est élevé surtout à
cause du niveau avancé de mécanisation et de la rareté de
la main-d'Suvre salariée. Cette rareté pourrait se justifier par
le caractère cosmopolite de la commune de Malanville et surtout par les
travaux de réhabilitation en cours sur le périmètre et qui
absorbent une grande partie de la main-d'Suvre potentielle.
Parmi les opérations culturales effectuées, le
désherbage est l'activité qui nécessite la plus importante
quantité de travail avec une moyenne de 24,95 (#177;8,41) HJ/ha. Il est
suivi du battage 22,54 (#177;9,27) HJ/ha, de la récolte 21,42
(#177;8,07) HJ/ha, du repiquage 7,8 (#177;3,16) HJ/ha et du labour 4,89
(#177;3,05) HJ/ha. Au total, il faut 98.729 (#177;18,06) HJ/ha en moyenne pour
exécuter toutes les activités inhérentes à la
production du riz paddy à Malanville.
Le diagramme de la figure 6 montre le coût moyen des
différentes opérations culturales de la production du riz
à Malanville par 0.25 ha.
12000

10000
8000
4000
6000
2000
0
Figure 7 : Coût moyen des opérations
culturales en riziculture Source : Collecte Août- Octobre
2009
A l'analyse de ce diagramme, nous remarquons que
l'opération la plus coûteuse dans la production
du riz est le désherbage. Il s'agit d'une opération qui mobilise
beaucoup de temps et de ressources. La récolte, le
labour et le défrichement sont aussi des opérations
importantes, grosses consommatrices de budget.
Le capital
Matériels de production
utilisés
Beaucoup de matériels interviennent dans la
production du riz à Malanville. Certains
matériels, propres à chaque producteur, sont
constitués de houes, faucilles, râteaux, machettes,
pelles, pioches, tonneaux, bâches, bSufs de trait, ânes et
constituent le capital fixe. Sur le périmètre
par exemple, les outils appartiennent à l'UGPPM; il s'agit des
motoculteurs, des tracteurs, des vanneuses, des aires de
séchage, des groupes électrogènes, des
électropompes& La grande majorité des
matériels de l'UGPPM et quelques matériels des exploitants sont
des dons chinois. Au niveau du CeRPA, grâce au Programme
de Promotion de la Mécanisation Agricole, des
tracteurs, motoculteurs sont mis à la disposition des producteurs qui le
désirent. Ainsi, ces derniers peuvent louer ces
matériels pour leurs propres champs.
Ces facteurs d'accompagnement font aussi partie des
mesures qui ont favorisé un accroissement des
emblavures de riz.
Beaucoup de pièces de rechange sont également
fournies par les Chinois en vue de la maintenance de ces matériels. Les
matériels de l'UGPPM sont utilisés pour des prestations de
service de labour, de planage, de vannage. Pour les exploitants, le petit
matériel3 est amorti après trois ans, le grand
matériel4 est amorti après dix (10) ans et la
motopompe est amortie au bout de cinq (5) ans. Pour les bSufs, on ne parlera
pas d'amortissement mais il a été tenu compte de leur
alimentation. Cette alimentation est essentiellement constituée par les
résidus de récolte et pendant qu'ils s'alimentaient, leur
déjection participe à relever le niveau de fertilité des
parcelles.
Semences
Les variétés de riz utilisées sont toutes
des variétés améliorées. Il s'agit de Adny 11,
Berrys 21, Inaris 88, Irat 127 et récemment Nerica V35. De toutes ces
variétés, l'Irat 127 s'est révélée la plus
performante, avec un rendement allant jusqu'à six (6) tonnes à
l'hectare. Les souches de semences utilisées sont pour la plupart
distribuées par l'UGPPM. En contrepartie l'UGPPM reçoit, à
la récolte, une quantité de riz paddy au prorata de la
quantité de semence reçue. Les autres producteurs qui ne sont pas
sur le périmètre reçoivent ces semences du CeCPA
gratuitement. Néanmoins, 38,9 % des exploitants utilisent des souches
vieilles qui sont issues des récoltes précédentes, ce qui
diminue la performance ou la vigueur des plants et affecte de facto le
rendement.
Dans les conditions d'exploitation rizicole sous irrigation
à Malanville, la quantité de semences conseillée par la
vulgarisation est de 80 kg/ha. Mais la dose moyenne de semis pratiquée
est de 89.65kg/ha (#177;20,93). Pour les exploitants, il est souhaitable
d'augmenter la quantité de semence pour réaliser la
pépinière et pouvoir en récupérer la
quantité voulue pour le repiquage ; il est préférable
d'avoir plus de plants à repiquer que d'en manquer.
Engrais
Tous les exploitants rizicoles utilisent de l'engrais pour
intensifier leur production. Ils reçoivent l'engrais du CeCPA en
début de saison. Le nombre de sacs reçus (NPK et/ou urée)
équivaut au nombre de sacs de riz paddy de 84kg à rembourser
à la récolte sur le périmètre rizicole de
Malanville. Les autres producteurs qui ne sont pas sur le
périmètre prennent les sacs d'engrais au prorata de leurs
emblavures. A la fin de la saison de production, ils payent les redevances au
CeCPA.
3 Houe, bâche en sacs d'engrais, faucille,
coupe-coupe, râteau, ligne de base, pelle.
4 Tonneau, bâche de camion, charrue,
charrette.
Lorsqu'un retard est constaté dans l'approvisionnement
en engrais, les producteurs vont s'en procurer sur le marché à
Malanville ou au Nigéria. Ces biens reviennent un peu plus chers mais
ils disent qu'ils n'ont pas le choix. Si cela ne se faisait pas, les plants
vont simplement mourir progressivement. Cela affecterait le rendement et leurs
niveaux de revenus. La dose moyenne d'utilisation d'engrais obtenue dans
l'échantillon étudié est de 397 Kg/ha dont 205kg/ha
(#177;69,14) de NPK et 192kg/ha (#177;63,23) d'urée. La dose
pratiquée pour l'urée est largement supérieure à la
dose recommandée (100 Kg/ha). Cette surdose pourrait s'expliquer par la
baisse progressive de la fertilité des sols, ce qui oblige les
producteurs à augmenter la dose d'engrais afin de maintenir constant le
rendement ou d'obtenir un rendement très fort. Cependant, cette surdose
observée a beaucoup de conséquences environnementales. Cet
état de choses contribue à la pollution des cours d'eau et de la
nappe souterraine (PDC, 2004). En effet l'excès d'eau sur le
périmètre par exemple est drainé dans le fleuve Niger ;
cela entraîne sans doute des externalités négatives en
affectant la vie ainsi que la diversité des nombreux êtres qui y
vivent.
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