III. La libéralisation de 1993
Comme on le voit, l'Université d'Etat se trouve
confrontée à une crise majeure et pour trouver des palliatifs
à cela, les particuliers vont se mettre dans la danse. C'est le
début de l'épopée des universités et des instituts
privés qui prennent tous ceux qui ne peuvent être pris dans des
établissements publics d'enseignement supérieur et universitaire
officiels. En 1987, l'on comptait au moins 200 de ce genre
d'établissement répandus à travers tout le pays et l'on y
retrouvait à peu près 30.000 étudiants dans tout le
pays169.
Face à ces micros instituts qu'il ne peut
contrôler et qui, pour la plupart, fonctionnent en dehors de toutes les
normes académiques, l'Etat en 1986 va réaffirmer dans la
décision d'Etat n°44/CC/86 du 11avril 1986 son monopole dans
l'organisation de l'enseignement universitaire « la création
d'un établissement d'Enseignement Supérieur ou Universitaire
reste le monopole de l'Etat ». Il exigera la fermeture de ces micros
universités, jugées illégales170.
167 Idem, p.69
168 Idem, p. 60.
169NGUB'USIM, R., Op. Cit., p. 201: il s'agit
des résultats d'une enquête du ministère de l'enseignement
supérieur et université et de la recherche scientifique
170 TSHIBANGU, T. (Mgr), Op. Cit., p.150
Certes, il était précisé que la gestion
des dits établissements pouvait être conviée aux
privés, personnes physiques ou morales qui pouvaient « apporter
la preuve qu'ils [disposaient] de moyens suffisants et présenter des
garanties de moralité, d'honnêteté et de
crédibilité », mais l'Etat ne voulait pas abandonner sa
prérogative. Pourtant comme nous l'avons dit plus haut, elle
n'arrêta pas de diminuer le budget alloué à l'enseignement
et au fil des ans, la crise de l'Université d'Etat alla en s'accentuant
en montrant chaque jour un peu plus les limites du système.
Devant ce naufrage, l'Etat tentera de revoir ses positions
trop stricte pour trouver d'autres voies de sorties à la crise. C'est
ainsi que lors de la 17éme session ordinaire du Comité
Central du Parti, une décision importante fut prise pour tenter un
énième sauvetage de l'enseignement supérieur et
universitaire. La décision d'Etat n°75/CC/89 du 29 avril 1989 qui
modifiait la décision de 1986. Désormais « les
particuliers, personnes physiques ou morales [...] [pouvaient] [...]
créer des établissements d'Enseignement Supérieur et
Universitaire »171. L'Etat décidait donc qu'il
reconnaitrait le droit d'exister aux différents établissements
universitaires qui existaient déjà, pour peu que ces derniers
respectent les conditions qu'il poserait à travers une Loi-cadre sur
l'enseignement national.
Pour arriver à trouver les modalités acceptables
à l'effectivité de cette mesure, une Commission Nationale fut
créée sous la direction du Commissaire d'Etat à
l'Enseignement supérieur et Universitaires et à la recherche
scientifique, M Lombeya Bosongo pour mettre sur pied des combinaisons
convenables. Il fallait « tracer les lignes directrices d'une action
qui [rendrait les] exigences concrètes, réelles pour le profit de
la jeunesse et de la Nation »172. Cette commission se
réunit du 1er au 5 juin 1989 à la N'sele.
Au bout du compte, une nouvelle structure fut donnée
à l'ESU. Elle comprenait un département de tutelle confié
au commissariat d'Etat de l'ESU, un CAS universitaire, ainsi qu'une
chancellerie des universités et enfin des conseils d'administration des
établissements.
Les conseils d'administration des universités
étaient décentralisés, et avaient tous les pouvoirs en
matière de fonctionnement académique, de fonctionnement financier
et de fonctionnement administratif de leurs établissements. La
chancellerie de l'université devait s'assurer que les normes
académiques et scientifiques étaient respectées dans les
différents établissements et en faire rapport au
département de tutelle173. Cette
171 Idem, p. 152
172 Idem, p.154
173 Idem, p.159
libéralisation de l'enseignement, fut officiellement
promulguée durant l'année 1993, avec pour objectif,
l'accroissement du nombre d'établissements d'enseignement
supérieur, mais aussi la création d'une certaine
compétitivité qui devait être bénéfique
à l'enseignement universitaire. Cela ne résolut qu'une partie du
problème, car dans les Universités d'État les mêmes
problèmes continuaient à se poser et le contrôle effectif
de l'État sur ces nouveaux établissements ne fut pas toujours
effectif174.
174Ici encore c'est un problème de moyen,
l'Etat n'a pas les moyens de contrôler effectivement tous ces
établissements.
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