A - Un impact globalement positif sur la recherche
La réforme du crédit d'impôt recherche en
2008 poursuivait trois objectifs majeurs : la hausse de la dépense
intérieure de recherche développement (1), le renforcement de
l'attractivité du territoire français pour les activités
de R&D et l'encouragement aux embauches de jeunes docteurs (2). Depuis
2009, les résultats en ces trois domaines apparaissent encourageants.
1) Une stabilisation de la dépense
intérieure de R&D en dépit de la crise
Selon le rapport concluant les travaux de la mission
d'évaluation et de contrôle de la commission des finances de
l'Assemblée nationale sur le crédit d'impôt
recherche140, en 2007, les travaux de R&D exécutés
en France représentaient une dépense de 38,9 milliards d'euros,
ce qui correspond à 2,06 % de la richesse nationale. Cette
dépense s'est élevée à 40,2 milliards d'euros en
2008, soit une progression de 3 %, qui porte l'intensité de la R&D
à 2,07 % du PIB. Cette légère amélioration du ratio
mesurant l'intensité de la R&D intervient dans un environnement
économique particulièrement défavorable, marqué par
la crise, en vertu duquel on aurait logiquement pu s'attendre à une
baisse de la dépense de recherche. Le rapport souligne qu'elle serait
imputable au renforcement du soutien direct à la R&D des entreprises
et, plus précisément, à la réforme du CIR
intervenue en 2008141.
Du fait de la réforme, cette dépense pourrait
d'ailleurs connaître une évolution plus notable dans les
années à venir. Selon certaines études
économétriques142 en effet, à court terme, un
euro de CIR a un « effet additif » sur la dépense
privée de recherche. Il induit une hausse de celle-ci de l'ordre de un
euro supplémentaire. A long terme, le méme euro a « un effet
de levier » puisqu'il porte la hausse de la dépense privée
à 2,6 euros. Cela signifie non seulement que les entreprises emploient
chaque euro de CIR reçu pour accroître leur budget de R&D,
mais qu'elles mobilisent à terme, chaque année, 1,6 euro
supplémentaires sur leurs fonds propres par rapport à ce qu'elles
auraient financé en l'absence de CIR.
2) Des résultats encourageants en matière
d'attractivité et d'emploi
Malgré la crise observée en 2008, la France
affiche en 2009 des résultats satisfaisants en matière d'accueil
des investissements directs étrangers. L'Agence française pour
les investissements internationaux a en effet enregistré 639
décisions d'investissement étranger créateur d'emplois,
soit un peu plus que les 624 enregistré une année
auparavant143.
L'implantation de nouveaux centres de R&D occupe une place
de choix parmi ces projets d'investissements. En effet, 41 projets
d'implantation de centres de R&D ont été annoncés
en France en 2009, ce qui représente une évolution de 64 % par
rapport à 2008. Bien plus, ces
140 Rapport d'information n°2686 de la Commission des
finances de l'Assemblée nationale du 30 juin 2010, déposé
en conclusion des travaux de la MEC sur le CIR, p. 12
141 Idem, p. 14.
142 MULKAY, MAIRESSE (2008), Financing R&D Through Tax
Credit in France. Preliminary Draft, cité par MARTEL (L.), MASSE
(A.), in Rapport n°10-M-035-02 du MESR de la Mission d'évaluation
sur le crédit d'impôt recherche, p. 15.
143 Rapport d'information n°2686, op. cit. p. 22.
projets devraient, à terme, permettre la
création de 2 115 emplois, soit une progression de 142 % qui place la
France en tête des pays européens créateurs d'emplois
liés aux investissements internationaux dans la
recherche144.
Cette progression du taux d'emplois est rendue possible grace
aux conditions d'embauche particulièrement favorables
aménagées par le dispositif du CIR. En effet, lorsqu'une
entreprise embauche un chercheur pour son premier contrat après son
doctorat, le salaire de l'intéressé est pris en compte dans
l'assiette du CIR pour le double de son montant pendant les 24 premiers mois.
La mesure aurait du reste déjà incité près de 30 %
des entreprises bénéficiaires du CIR à recruter de jeunes
docteurs. Le volume de dépenses de personnel relatives aux jeunes
docteurs est ainsi passé de 30 567 K€ en 2007 à 77 134
K€ en 2008145. L'impact sur l'emploi est donc certain. Mais il
ne dissimule pas les quelques inconvénients que présente le
dispositif et qui mériteraient d'être corrigés.
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