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Le corps du schizophrène face à l'injection de neuroleptique

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par Sylvie D'HULST
IFSI Pamiers - I.D.E. 2008
  

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2.2 Le corps du schizophrène

2.2.1 Que sont le schéma corporel et l'image du corps ?

Pour tenter de comprendre les troubles corporels précédemment cités, il m'a paru tout d'abord intéressant d'aborder les concepts de schéma et d'image du corps.

Plusieurs auteurs ont écrit sur ce sujet. En 1911, Henry Head sera le premier à parler de schéma corporel ou « schéma postural » ; en 1968, Schilder popularise la notion d'image du corps dans « L'image du corps », et Françoise Dolto écrit « L'image inconsciente du corps » en 1984.

J'ai retenu les définitions de Didier Anzieu pour qui :

[... ] l'image du corps appartient au registre imaginaire et demande à être distinguée du schéma corporel, qui relève d'un registre sensori-moteur et intellectuel. L'image est inconsciente, sa base est affective ; le schéma corporel est préconscient, sa base est neurologique. Dans le premier cas, le corps est vécu comme le moyen premier de relation avec autrui ; dans le second cas, le corps sert d'instrument d'action dans l'espace et sur les objets » (ANZIEU D. 1980, p.59).

Le schéma corporel est ce qui va permettre d'utiliser son corps ; l'image du corps est comment on se représente son propre corps.

2.2.2 Le Moi-peau de Didier Anzieu.

C'est également Didier Anzieu qui introduit en 1974 le concept de moi-peau à partir de l'analogie suivante : « Le moi enveloppe l'appareil psychique comme la peau enveloppe le corps. »(BIOY A. / FOUQUES D. Manuel de psychologie du soin 2002, p.136.). « Selon Smirnoff, « Didier Anzieu définit le moi-peau comme une figuration qui permet à l'enfant à partir de ses expériences de la surface cutanée, de différencier son moi psychique de son moi corporel » » (Ibid. p.136).

Le moi-peau, tout comme la peau, assure plusieurs fonctions ; je m'attarderai ici sur trois fonctions principales :

· La fonction contenante garde à l'intérieur ce qui est « bon », et ce qui vient de l'extérieur (et qui est « bon ») ;

· La fonction de barrière : protège de ce qui pourrait venir de l'extérieur et être « mauvais » ;

· La « Fonction de communication et d'échange entre le dedans et le dehors. » (Ibid. p.136).

2.2.3 La position schizo-paranoïde selon Mélanie Klein.

Dans les schizophrénies, l'image du corps est « pathologique ». Le corps est vécu comme morcelé, non unifié. La personne peut alors ressentir des angoisses de morcellement. C'est la construction même du Moi qui est atteinte. Pour tenter de comprendre ces angoisses, caractéristiques de l'angoisse psychotique, je me suis référée à la notion de position schizo-paranoïde théorisée par Mélanie Klein en 1946. Cette théorie présuppose l'existence précoce d'un Moi et d'un Surmoi capables de ressentir l'angoisse (d'anéantissement par exemple).

A la naissance, le bébé fait encore un tout avec sa mère. Jusqu'à l'âge de 4 à 6 mois, il restera dans cette position encore appelée schizo-paranoïde. L'angoisse ressentie par le nouveau-né à cet âge est une angoisse de persécution et de morcellement. Le bébé a affaire à des morceaux d'objets, de fantasmes, de pensées. Son Moi est morcelé, fragmenté. Le Moi va prendre forme progressivement grâce aux mécanismes d'introjection et de projection. Les « bons objets » (expériences satisfaisantes, gratifiantes) seront gardés à l'intérieur, introjectées, et constitueront le Moi. Les « mauvais objets » (expériences frustrantes, déplaisantes, douloureuses...) seront projetés vers l'extérieur car vécus comme dangereux pour le Moi en construction. C'est la naissance du Surmoi archaïque maternel, dangereux et persécuteur. Le bébé, dans cette position schizo-paranoïde, va alors devoir protéger le bon objet, le Moi interne, du Surmoi externe et persécuteur. Selon les psychanalystes Kleiniens, la psychose, et donc la schizophrénie, est une fixation dans cette position schizo-paranoïde qui préfigure la formation du Moi unifié, avec comme mécanisme de défense l'utilisation massive de la projection. « Le délire est une révélation que l'on croit venir de l'extérieur mais qui est en fait originaire de l'intérieur du sujet ».8(*)

Ce paragraphe très synthétique (les mécanismes en jeu sont en fait bien plus complexes), tend à faire toucher du doigt l'angoisse profonde que peut ressentir le patient psychotique souffrant d'angoisse de morcellement ou d'anéantissement. C'est son Moi à peine en construction, son existence propre qui est menacée de destruction.9(*)2.

* 8 Retranscription d'un exposé oral de MR LABASSE, avril 86. Écrit, complété, mis à jour par MR D. GIFFARD pour le site "Psychiatrie Infirmière" Délire, pathologie délirante et hallucination. Disponible sur internet : <http://psychiatriinfirmiere.free.fr>

* 9

1. PASCALINE MANBOUR. Site : Aide Psy. En savoir plus sur la position schizo-paranoïde (ou persécutive) et la position dépressive. Disponible sur internet : < http://www.aidepsy.be/en_savoir_plus_position_klein>

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