3.3 Synthèse de l'analyse et formulation de la
question de recherche.
Je constate que je ne suis pas la seule à trouver ce
soin « difficile ». L'infirmier n'est pas une
« machine » et lui aussi peut-être en
difficulté face à la taille d'une aiguille, face à un
produit qui n'est jamais anodin, face à l'impudeur... cependant, il fait
le soin, et ceci dans les meilleures conditions possibles. C'est en cela qu'il
est « professionnel ». Ce soin semble être
vécu d'une manière particulière par le schizophrène
et les manifestations corporelles sont caractéristiques et très
présentes. Contrairement à mon hypothèse de départ,
ce n'est pas la « piqûre » en elle-même qui en
est la cause, mais d'autres éléments. Le rôle des
vêtements me semble prédominant. Cette autre peau semble contenir
le corps et le psychisme. Le « Moi-peau » prend pour moi
tout son sens. Il conviendra au soignant lors de ce soin d'y prêter une
attention toute particulière (prêter attention à
l'incurie), mais également de tenir compte d'une douleur difficile
à évaluer, du délire, de ce que représentent les
neuroleptiques, pour le patient et pour le soignant, en matière
d'efficacité mais également d'effets
délétères pour le corps. Enfin le contexte dans lequel le
soin est prodigué est un élément essentiel qui va modifier
la façon de faire du soignant. Le soignant se devra (et je me devrai)
alors de déceler où en est le patient de sa pathologie ?
Quelle connaissance il a du soin et de l'effet du traitement ? En est-il
à sa première injection ou y est-il
« habitué » ? Et où en suis-je
moi ? Suis-je à l'aise avec cet acte ? Suis-je capable
d'être professionnelle et de ne pas transmettre au patient mes
éventuelles inquiétudes ? Suis-je capable de le
rassurer ? Ai-je assez de connaissances pour lui expliquer le but du
soin ? En un mot, suis-je capable de donner du sens au soin ?
Il y a plusieurs questions qui restent en suspens et que
j'aimerais explorer davantage : la douleur et la psychose, le rôle
du rituel pour les psychotiques, l'influence du délire sur les soins
infirmiers... mais celle qui retient mon attention est issue de la fonction des
vêtements pour le schizophrène : la fonction contenante. J'ai
évoqué les vêtements « contenants »,
l'injection « contenante », l'odeur
« contenante ». Qu'en est-il de l'infirmier
« contenant » ? En quoi l'infirmier peut-il se
substituer à la fonction contenante des vêtements ?
D'où ma question de recherche :
En quoi l'infirmier peut-il être contenant face au
patient atteint de schizophrénie ?
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