3.2.7 Le Pharmakon
Un autre élément entrant en compte dans la
réalisation de l'injection intramusculaire de neuroleptique a
été relaté lors des entretiens. Cet élément
peut-être facilitant ou problématique. Il s'agit de la
connaissance du produit par le patient. Ceci peut-être une aide car le
patient sait que les neuroleptiques ont pour fonction d'apaiser des
symptômes envahissants. Les soignants constatent fréquemment la
demande du « si besoin » par le patient lui-même
lorsqu'il se sent très « envahi ». Les
soignants ont parlé à ce propos d'injection de neuroleptique qui
devient contenante ; s'est également posé la question de la
part du rituel. Mais il y a le « revers de la
médaille », et je fais référence ici à la
notion de Pharmakon citée dans le pôle théorique (page 12).
Certains patients appréhendent ces effets secondaires ; nous devons
alors être attentif à leur apparition, à leur
tolérance, et à l'impact que cela peut avoir sur l'acceptation de
l'injection (code de la santé publique, article R.4311-5, page
10). Les effets secondaires dont se plaignent le plus souvent les patients sont
la prise de poids (posant plus problème aux femmes), la baisse de libido
(posant plus problème aux hommes), et la fatigue après
l'injection. A ce sujet, je trouve assez paradoxal le fait de ne pas se soucier
de son corps, mais de se préoccuper de son poids. Peut-être qu'il
ne s'agit pas des mêmes personnes, ou du même stade de la
maladie.
3.2.8 La ponction
Mais si l'injection ne semble pas poser d'importantes
difficultés aux patients, il semble par contre que les ponctions
sanguines puissent-être très mal vécues. La symbolique du
sang, le fait que le patient voit le geste peuvent fréquemment s'ajouter
à un délire de persécution ou à des hallucinations
corporelles déjà présents (impression qu'on lui
enlève une partie de son corps par exemple) ; à tel point
qu'il arrive souvent dans les services de soins intensifs que ce soin soit
reporté. Contrairement à ce je pensais, lors d'une injection
intramusculaire dans la fesse, le fait que le patient ne voit pas le geste ne
semble pas être une gêne (en accentuant un délire de
persécution...). Au contraire, ainsi il ne voit pas l'aiguille. (Il est
vrai comme me l'a rappelé une des infirmières, que les patients
en général, même non psychotiques, n'aiment pas
forcément regarder ce geste). Je suppose toutefois que le patient doit
avoir confiance dans le soignant ; ce qui expliquerait d'ailleurs qu'un
patient du CMP avait refusé que moi-même, étudiante
infirmière qu'il n'avait de plus jamais vue, lui fasse l'injection. Le
fait que le patient demande que l'injection soit faite par un soignant en
particulier a d'ailleurs été relaté dans la moitié
des entretiens ; homme ou femme, ceci ne semble pas être forcément
un critère de « sélection » ; l'habitude
là encore ? Ou la confiance ?
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