II- Les mesures rigoureuses de gestion du transport
administratif routier togolais (1937-1946)
Au Togo sous mandat, dans la deuxième moitié des
années 1930, l'Administration a pris, tout comme dans presque tous ses
secteurs, des dispositions pour gérer et réglementer son
transport automobile. Avant d'aborder ces dispositions et leurs
conséquences, il est intéressant d'analyser les facteurs qui y
ont conduit.
1- Les raisons de la prise des mesures
Elles sont pour l'essentiel de deux ordres : les raisons
budgétaires et celles liées à l'utilisation jugées
abusives des véhicules administratifs.
1.1- Les difficultés économiques
Vers la fin du gouvernorat d'A. F. Bonnecarrère
(1922-1931), commença, pour le territoire togolais, une période
de dures épreuves dans tous les secteurs en raison de la crise
économique des années 1930 qui affecta l'économie
togolaise. Dans le transport administratif, elle se manifesta par
l'insuffisance d'achat des véhicules nécessaires au Garage
central pour
48 La STAO avait transporté gratuitement 2479
kg composé essentiellement de vivres (Tsigbé 2009 : 176).
assurer sa mission pour la bonne circulation des personnes et
des biens administratifs. Le nombre de véhicules administratifs sur le
territoire était restreint par rapport aux besoins. Il était de
51 en 1932, 63 en 1933, 62 en 1934, 68 en 1935 et 67 en 193649. En
novembre 1937, Montagné décida «... en raison de la
modicité du nombre des voitures en service au Garage central, de
réduire au strict minimum les déplacements des automobiles
administratives50».
A cela s'ajoute la mauvaise utilisation des voitures de
l'Etat.
1.2- L'usage hors norme des véhicules
administratifs
Les règles de prescription en matière d'utilisation
des véhicules de l'Administration n'étaient pas bien
respectées.
En effet, aux rebours des dispositions, des
mécaniciens-conducteurs même voyageant avec l'autorité
qu'ils conduisaient, roulaient à une vitesse non réglementaire,
causant d'éventuels accidents de circulation qui gonflait les
dépenses de l'Etat par réparation onéreuse et achat du
matériel roulant et par soins médicaux. Par exemple, c'est
l'excès de vitesse (40 km/ h) qui a causé l'accident de la
voiture du Commandant de cercle de Mango le 20 août 193351.
Elle était tombée dans la rivière
d'Ossidizenam52 dont le pont provisoire était
emporté par les courants. Ce véhicule a été
nettoyé à Kara et réparé à l'Ecole
professionnelle de Sokodé53.
Aussi, les véhicules de l'Etat furent-ils souvent
utilisés par des fonctionnaires pour des besoins privés et
garés hors des garages règlementaires. Cela est d'autant plus que
le gouverneur L. Montagné regrettait que les dispositions prises en 1937
dans le cadre de la réglementation du transport automobile administratif
ne soit pas souvent appliquées54. Elles exigeaient que les
véhicules de l'Etat soient utilisés exclusivement pour des
questions de service, qu'ils soient garés dans les parkings des
cercles et que leurs ressources, carburants et lubrifiants, soient
régulièrement contrôlées. Cet état de chose
ne pouvait qu'alourdir les dépenses de l'Administration en maintenance
des automobiles et en dotation de carburant.
49ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier n°
7, correspondance avec le Commissaire de la République sur les
autorisations de circulation demandées par quelques maisons de commerce,
1929-1931, op. cit.
50 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier
n° 14, sollicitation des moyens de transport, 1937.
51 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier
n° 15, circulaire relative à la réduction de l'importation
du carburant, 1948.
52 Ossidizenam se trouve dans le Nord-Togo à
trois kilomètres au Nord de Tchautchau.
53 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier n° 15,
circulaire relative à la réduction de l'importation du carburant,
1948.
54 JOT du 16 juin 1939, instruction n° 1153 du 16 juin 1939
à Monsieur l'Ingénieur des ponts et chaussées, Chef du
service des travaux publics et des transports du Togo à Lomé, pp.
268-269.
Cet état de fait ajouté aux difficultés
économiques que connaissait le Togo, amena L. Montagné à
prendre des mesures strictes de gestion du transport automobile administratif
pour réduire les dépenses publiques et pour mieux gérer le
territoire.
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