III- Le Programme d'ajustement structurel et, le
secteur de
l'administration et son transport automobile au Togo
(1983-1992)
Encouragé par les revenus importants de l'exploitation
du phosphate, l'augmentation du prix des café-cacao sur le marché
international et le dynamisme commercial, le Gouvernement togolais
s'était lancée vers le milieu des années 1970, dans un
ambitieux programme d'investissement public en vue d'une modernisation et d'une
industrialisation de son économie par la création d'entreprises.
La conjoncture, devenue défavorable, ces investissements, devant
l'improductivité des entreprises, éléphants
blancs, créés sur emprunts extérieurs, apparaissent
clairement comme une jetée de fond et constituent un gouffre
budgétaire. Une situation qui approfondit la dette de l'Etat
togolais223. Incapable de rembourser ces emprunts, le Gouvernement
était obligé d'entreprendre dans les années 1980, sous la
pression des partenaires financiers, la FMI et la Banque mondiale
particulièrement, de gros efforts d'ajustement destinés à
corriger les déséquilibres macroéconomiques. Les mesures
qu'impliquait la nouvelle donne, ont concouru à plonger progressivement
plusieurs secteurs, dont ceux social, politique, administratif et du transport
dans une crise profonde.
222Plusieurs véhicules étaient
affectés au RPT dans les années 1980, comme c'était
déjà le cas dans les années précédentes.
Registres d'immatriculation du Garage central administratif.
223 Le service de la dette du Togo était passé de
11 % de recette de l'Etat en 1973 à 76 % en 1981 (Banque mondiale
1996).
1- Le PAS : quelles conséquences administratives et
sociopolitiques?
L'ajustement économique de grande envergure que le Togo
a tâché d'opérer à partir de 1983 afin de redresser
le déficit économique et promouvoir la croissance à moyen
et à long terme, imposait certaines mesures qui, progressivement,
étaient devenues fatales aux institutions du pays et à la
société.
1.1- La réduction du personnel des services
publics, une politique de redressement économique fatal au
fonctionnement de l'Administration
La réduction des dépenses de l'Etat était
un point clé du PAS. Cela passe
nécessairement par une diminution des agents au service
des pouvoirs publics.
L'Etat togolais a gelé le recrutement des fonctionnaires
depuis 1984 alors que la population augmentait à 3,1%, (Banque mondiale
1996).
Ainsi, beaucoup de licenciements étaient
observés dans le secteur public et parapublic (la privatisation
était aussi passée par là). C'était le cas au
niveau de la SRCC en 1992. Cette politique de réduction du personnel des
services paralysa le secteur administratif et grossit les autres secteurs
d'activités. En 1983, selon la Banque mondiale (1996)224, 72
% de la population active était employée dans le secteur
agricole, 21 % dans le secteur informel et seulement 7 % dans le secteur
moderne. Cette stratégie de réduction des dépenses
étatiques par le rétrécissement du personnel
entraîna inexorablement une insuffisance d'employés dans les
services (y compris les chauffeurs de véhicules et le personnel
gérant le transport administratif) pour faire tourner l'appareil
administratif a bon escient, surtout quand on sait l'impact négatif du
cumul exagéré de fonctions . Le Garage central a souffert de
manque de personnel (Amedzamé 2002 : 13-14).
Que peuvent entraîner les licenciements, l'arrêt
de recrutement de fonctionnaires et l'excès de chômage? Tout porte
à croire que les conséquences des mesures qu'imposait le PAS
préparaient une implosion sociale dans une situation économique
difficile et dans un pays soumis à un monolithisme politique.
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