III- Le fonctionnement du système administratif
colonial français au Togo sous mandat redevable aux automobiles
L'Administration mandataire française au Togo devait
son fonctionnement à ses structures et à son personnel mobile,
une mobilité qui devait être inefficace sans les moyens de
transport automobile..
65 JOT du 16 février 1943, arrêté n° 56
T. P. du 26 janvier 1943, p. 139.
JOT du 1er avril 1942, arrêté n° 180
du 20 mars 1942 portant location des véhicules à gazogène
administratifs au commerce local, pp. 299-300.
1 - Gestion des structures administratives
Le territoire togolais sous mandat français
était dirigé par une autorité locale qui prenait appui sur
les chefs de services et de bureaux. Les différentes mesures prises
étaient appliquées par les chefs de divisions territoriales. Leur
mobilité géographique était assurée par des
véhicules de fonction.
1.1- Le Commissariat de la République
française au Togo
La plus haute structure de l'Administration coloniale
française au Togo était le Commissariat de la République
française. Il était dirigé par un Commissaire qui
était le Chef de la "haute administration locale". Il avait une
marge de manoeuvre lui permettant de prendre des mesures idoines de gestion qui
s'imposait au territoire dans l'intérêt de la France.
En rappel, en matière de transport routier, il
était le seul à qui les demandes d'affectation des
véhicules pour des besoins de service étaient adressées.
Il donnait en conséquence l'ordre de mettre à la disposition des
services ou des fonctionnaires nécessiteux des automobiles de service.
Il prenait des dispositions de gestion du transport automobile par
décrets, arrêtés, notes de service, etc. Pour la bonne
gestion du territoire, il observait "des déplacements
périodiques à l'intérieur du territoire" qui lui
offraient l'occasion d'entrer en contact direct avec ses administrés
(Gayibor 2005 : 188). Sur ce, il disposait en permanence des
véhicules66administratifs pour ses missions et
tournées. Pour mémoire, son véhicule était
classé dans la catégorie des voitures spéciales.
En effet, des états établis en 1932 et 1935
faisaient mention chacun de deux voitures (dont une familiale) mises à
la disposition des Commissaires67 d'alors. Il s'agit de R. De Guise
et L. Bourgine. Bien avant eux, A. Bonnecarrère (1922-1931), leur
prédécesseur, disposait d'un véhicule pour ses
déplacements. En témoigne la photo n° 468.
66 JOT du 1er juillet 1937, arrêté
n° 325 du 19 juin 1937 portant organisation du Garage central et
réglementation du service des transports administratifs, pp. 287-288.
67 ANT-Lomé, 9 C, dossier 7, correspondance
avec le Commissaire de la République sur l'autorisation de circulation
demandée par quelques de commerce, 1929-1931, op.cit.
68 Voir page 40
Photo n° 4 : Le gouverneur A. Bonnecarrère et
son épouse à coté de son véhicule en
1930
Source : Gayibor 1997 : 119.
Les véhicules du Commissariat de la République
française étaient alimentés en carburant par le Garage
central pour leur fonctionnement. Le tableau n° 369 fait
apparaitre le kilométrage effectué par ces véhicules au
temps de Montagné et la quantité d'essence qu'ils ont
consommée de janvier à avril 1937 à partir d'un
état établi par le Chef du Garage central le 22 mai 1937.
Selon les données du tableau n° 3, le
véhicule immatriculé T.T. 425 a parcouru 7 533 kilomètres
en quatre mois (janvier à avril) et a consommé 1 281 litres
d'essence et était le plus utilisé des quatre véhicules.
Il est suivi de la voiture T.T. 800. Mise à la disposition du Cabinet et
des bureaux du Gouvernement, cette dernière a parcouru 3 448
kilomètres pendant la même durée. Les véhicules T.T.
828 et T.T. 900 (voiture du Gouverneur) suivent avec respectivement 1 662 et
864 kilométrages et, 290 et 125 litres d'essence dépensés.
Le camion T.T. 828 servait de moyens de tournées au
Gouverneur70.
69 Voir page 41
70 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 14, sollicitation
des moyens de transport, 1937.
Tableau n° 3 : Etat des sorties effectuées
par les voitures du service du gouverneur Montagné de janvier à
avril 1937
Données
sur les
véhicu-
cules
Mois
|
Immatriculation T. T. 800
|
Immatriculation T. T. 425
|
Immatriculation T. T. 828
|
Immatriculation T. T. 900
|
Quantité d'essence consom- mée (en litre)
|
Nombre de kilo- mètres parcou- rus
|
Quantité d'essence consom- mée (en litre)
|
Nombre de
kilomè- tres
parcou- rus
|
Quantité d'essence consom- mée (en litre)
|
Nombre de
kilomè- tres
parcou- rus
|
Quantité d'essen-ce consom- mée (en litre)
|
Nombre
de kilo-
mètres parcou-
rus
|
Janvier
|
165
|
886
|
237
|
1553
|
440
|
220
|
---
|
---
|
Février
|
95
|
560
|
398
|
2789
|
---
|
---
|
---
|
---
|
Mars
|
221
|
1000
|
293
|
1339
|
800
|
445
|
---
|
---
|
Avril
|
165
|
1002
|
353
|
1852
|
166
|
997
|
125
|
864
|
Source: Gbamehossou à partir de ANT-Lomé, 3 C
Service du matériel, dossier n° 25, état des sorties
effectuées par les voitures du service le Gouverneur pendant les mois de
janvier à avril 1937.
La note de service n° 883 du 28 mai 1937 précisait
que la dotation mensuelle maximum en essence était fixée à
huit caisses pour la voiture (T.T. 900) du Gouverneur et à deux caisses
pour celle du Cabinet et des bureaux du Gouvernement (T.T. 800)71.
La même note mentionnait que l'essence utilisée par le camion T.T.
828 était fournie à chaque départ de tournées et la
quantité consommée étaient contrôlée à
chaque arrivée.
Le Commissariat de la République française au
Togo disposait d'un parking pour garer ses véhicules et des
mécaniciens-chauffeurs pour les réparer et les conduire. Ce qui
montre que cette instance disposait des moyens humains et matériels de
mobilité pour accomplir ses missions.
Neuf représentants français ont tour à tour
dirigé le Togo sous mandat français de 1920 à 1948. Il
s'agit de :
- Louis Woelffel (1920-1922).
- A. F. Bonnecarrère (1922-1931).
71 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 14,
sollicitation des moyens de transport, 1937.
- Robert De Guise (1931-1933).
- Léon Pêtre (1933-1934).
- Léon Bourgine (1935-1936).
- M. L. Montagné (1936-1941).
- Leonce Delpech et Pierre Saliceti
(1941-1943).
- Jean Noutary (1944-1948) (Gayibor 1997 :
188-124 ; APHIGETO et GRPDP72 2010 :
25).
Ils avaient pour collaborateurs directs les chefs de service et
de bureaux.
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