2.2- Autres mesures de réglementation du trafic
administratif (1938-1946)
Pour régulariser et redynamiser le secteur du transport
administratif au Togo, des dispositions adéquates s'imposaient.
C'est dans cette logique qu'elle avait sorti
l'arrêté du 10 juin 193859. Elle
réitérait certaines prescriptions de l'arrêté
n° 325 du 19 juin 1937 organisant et réglementant le service des
automobiles administratives notamment le contrôle des automobiles de
l'entrée à la sortie et de leur consommation en carburant et
lubrifiant et leur usage. L'obligation de garer tous les véhicules dans
un seul garage pour tous les cercles et l'utilisation des rails à chaque
fois que l'itinéraire est desservi par les chemins de fer était
également exigée.
Toutefois, Montagné faisait remarquer à
l'Ingénieur des ponts et chaussés, Chef du service des Travaux
publics et des transports, que ces prescriptions étaient souvent
restées lettre morte. En conséquence, Montagné lui
demandait à travers l'instruction n° 1 153 du 16 juin 1939, de
proposer un nouveau projet pour juguler les maux60.
Il faut noter que ces prescriptions susceptibles de
réduire les dépenses administratives et résoudre le
problème d'insuffisance des véhicules administratives
n'étaient pas totalement balayées de revers de la main. Elles
étaient prises en compte et avaient des impacts sur le transport
administratif dans une certaine mesure. Pour la circulation du personnel
administratif dans le Sud-Togo, les rails ont été
empruntés là où ils existaient.
En effet, lors de ses tournées et inspections en
octobre 1937 en vue d'effectuer une révision complète des
voitures administratives dans les cercles et de recenser celles qui
nécessitaient une reforme, le Chef du Garage central a utilisé
à la fois les rails et les routes :
- Par automobile du Garage central à Aného et
Palimé,
- Par train de Lomé à Atakpamé,
58 Ibidem.
59 JOT du 16 juin 1939, instruction n° 1153 du 16
juin 1939 à Monsieur l'Ingénieur des ponts et chaussées,
Chef du service des Travaux publics et des transports du Togo à
Lomé, pp. 268-269.
60 Ibidem.
- Par train d'Atakpamé à Blitta,
- Par voiture du cercle de Sokodé, de Blitta à
Sokodé61.
Aussi, une feuille de déplacement par train a
été remise le 17 novembre 1937 par Montagné au receveur de
l'enregistrement pour effectuer son déplacement de travail sur
Tsévié contre sa demande d'avoir une voiture automobile à
sa disposition. Il évoqua la raison de réduction au minimum des
déplacements des véhicules à cause de leur nombre
réduit au Garage central62. Ce genre de transport augmenta le
trafic administratif par train au détriment de celui automobile
(même s'il reste le plus utilisé). Aussi, alourdissait-il le
fonctionnement administratif, le transport ferroviaire n'étant pas bien
organisé et régulier au Togo.
Ainsi, la circulation des trains n'étant pas permanente
mais temporaire (à des heures précises), des retards ont
été observés dans le service administratif.
En 1939, l'arrêté n° 254 fixant les
attributions du Service des travaux publics et des transports du Togo, reconnut
à ce service la compétence de la gestion des affaires relatives
au trafic routier, en particulier, la gestion des garages administratifs et
l'organisation des transports routiers administratifs. Il devait aussi assurer
les relations avec les sociétés de transports
routiers63.
Sur proposition du chef du Service des travaux publics et des
mines, le commissaire de la République française au Togo (CRFT),
J. Delpech avait, en décembre 1941, fixé par le biais de
l'arrêté n° 637, les conditions dans lesquelles les garages
administratifs pouvaient mettre les véhicules à la disposition
des Sociétés indigènes de prévoyance
(SIP)64. Cette mise à disposition ne se faisait sans l'aval
du CRFT. Le payement des combustibles et des lubrifiants, l'usure anormale ou
un accident survenu pendant la location, l'assurance aux tiers, et la solde du
chauffeur étaient à la charge des SIP. En contrepartie de
l'amortissement des véhicules, de l'usure des pneus et des
réparations courantes, elles devaient payer mensuellement au budget du
territoire togolais, une prime forfaitaire. Celle-ci était fixée
au kilométrage à 2 francs pour les camions de 4 tonnes poids en
lourds, à 2 francs pour les camions de 3 tonnes de poids en lourd,
à 1 franc 50 pour les camions de 1 tonne 200 à 2 tonnes 500 de
poids, à 1 franc 20 pour les camionnettes de 0 tonne 500 à 1
tonne 800 de poids en lourd et à 1 franc pour les voitures touristes.
61 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 13,
correspondance A/S affectation des voitures, 1936-1937
62 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 14, sollicitation
des moyens de transport, 1937.
63 JOT du 1er juin 1939,
arrêté n° 254 du 13 mai 1939 fixant les attributions du
Service des travaux publics et des transports du Togo en ce qui concerne les
travaux routiers, p. 247.
64 JOT du 1er décembre 1941,
arrêté n° 637 du 19 novembre 1941 fixant les conditions dans
lesquelles les garages administratifs peuvent mettre des véhicules
à la disposition des SIP, p. 614.
Ces tarifs furent remaniés en 1943 par l'Administration
locale à travers l'arrêté n° 56 T. P. du 26
janvier65. Ainsi, le prix des transports effectués par les
véhicules administratifs à gazogène ou à alcool
pour le compte des services administratifs du Chef-lieu, cercle de
LoméTsévié, et SIP, fut fixé au kilométrage
à 4 francs 25 pour les voitures et camionnettes, et à 6 francs 65
pour les camions à partir de 2 tonnes de charge utile. L'Administration
supportait toutes les dépenses liées au fonctionnement des engins
(chauffeur, carburants, etc.).
Mais, peu avant le remaniement des prix, en 1942, en pleine
Seconde Guerre mondiale, période pendant laquelle il était
exigé aux colonies de participer à l'effort de guerre en faveur
de leurs métropoles, l'Administration coloniale française au Togo
prit l'arrêté n° 180 du 20 mars pour faciliter et
accélérer l'écoulement des produits vers la France.
En effet, cette disposition stipulait que les camions
gazogènes du Garage central et des garages annexes peuvent effectuer des
transports de produits destinés au ravitaillement de la métropole
sur autorisation du Commissaire de la République de France au Togo. Le
tarif des transports fut de 2 francs 56 par tonne de charge utile offerte par
véhicule et par kilomètre compté à la descente.
Quant au prix du trafic effectué à la montée, il se
faisait au prix cidessus réduit du tiers. Il était majoré
à 25 % en cas de cession aux particuliers. Les frais de combustibles et
de lubrifiants, et la solde du chauffeur incombait à l'Administration.
Les frais de dépenses inhérentes aux accidents éventuels
de toute nature (concernant les personnes et les marchandises) étaient
à la charge des commerçants.
L'organisation du Garage central et la réglementation
du Service des automobiles administratives en 1937, et les multiples
dispositions prises par les autorités coloniales françaises au
Togo, visaient à rendre efficace le transport automobile administratif
qui souffrait de manque d'équipements avant et pendant la Seconde Guerre
mondiale. Le fonctionnement administratif en avait fait les frais.
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