SIGLES ET ABREVIATIONS
ANT : Archives nationales du Togo.
APA : Affaires politiques et administratives.
BM : Banque mondiale.
CEET : Compagnie énergie électrique et du Togo.
F CFA : Francs de la communauté française
d'Afrique. CHU : Centre hospitalier universitaire.
DGCA : Direction du garage central administratif.
DRDR : Direction régionale de développement rural.
ENA : Ecole nationale d'administration.
FAT : Forces armées togolaises.
FED : Fonds économique européen.
FIDES : Fonds d'investissement pour le développement
économique et social. FMI : Fonds monétaire international.
OMS : Organisation mondiale de la Santé.
ONU : Organisation des nations unies.
OPT : Office togolais des phosphates.
PAM : Programme alimentaire mondial.
PAS : Programme d'ajustement structurel.
PNUD : Programme des nations unies pour le développement.
RAT : République autonome du Togo.
RMUT : Régie municipale des transports urbains.
RPT : Rassemblement du peuple togolais.
RT : République togolaise.
RTG : République togolaise-gouvernement.
SDN : Société des nations.
SGGG : Société générale de golfe de
Guinée.
SIP : Société indigène de
prévoyance.
SNT : Sûreté nationale togolaise.
SORAD : Société régionale pour l'action et
le développement. SOTOCO : Société togolaise de coton.
SPAR : Société publique d'action rurale.
SRCC : Société nationale pour la rénovation
et le développement de la cacaoyère et de la
caféière togolaise.
STAO : Société des transports de l'Afrique de
l'Ouest.
STOCA : Société togolaise de crédit
d'automobile.
TT : Territoire du Togo.
UNESCO : Organisation des nations unies pour l'éducation,
la science et la culture.
INTRODUCTION GENERALE
La mobilité traditionnelle, même dans les pays
les moins développés comme le Togo, bien que subsistante, a perdu
de son dynamisme avec la modernisation du secteur des transports. Si les
transports aérien, plus rapide, et naval, plus quantitatif, sont d'une
importance particulièrement vitale dans les déplacements
internationaux ou à longue distance, le transport terrestre est le plus
utilisé dans la mobilité à courte, sinon à moyenne
portée, surtout sa section routière en raison de sa
flexibilité et de sa facilité d'accès. Le transport
automobile contribue efficacement à l'organisation et à la
gestion d'un territoire.
Au Togo, l'Administration coloniale française,
consciente de l'importance de ce trafic, a pris des mesures pour
réglementer l'utilisation de ses véhicules devant efficacement
l'accompagner dans la gestion et la mise en valeur du territoire.
Mais, de nos jours, il n'est pas rare de constater que
l'automobile de l'Administration togolaise est déloyalement
utilisée par des autorités, des chefs de services publics et des
conducteurs. Et ceci en dépit, d'une part, des dispositions
constitutionnelles disposant l'inviolabilité des biens
publics1, l'aliénation et la gestion du domaine de
l'Etat2, et d'autre part, des règles juridiques de
réglementation en matière d'utilisation du matériel
roulant routier administratif. Ce dernier est souvent monopolisé et
utilisé aux heures et jours de service ou non à des fins
privées, pour se rendre aux funérailles, aux lieux de culte, aux
lieux de loisirs (au sport, aux invitations, etc.), au village, et pour le
transport lucratif des passagers et marchandises, etc. Aussi, l'automobile de
l'Etat est-elle, aux rebours des dispositions, plus d'une fois, conduite par
des agents publics autres que les conducteurs professionnels. Elle est souvent
réparée dans des garages privés sans autorisation,
entraînant des conséquences négatives, soit sur
l'état de l'engin, soit sur le budget du service de gestion du
matériel (du fait du montant des factures souvent exorbitant).
Par ailleurs, les ressources (carburants, lubrifiants,
pièces, etc.) indispensables au fonctionnement de l'engin font objet de
détournement et de commerce. Ce délit gonfle les dépenses
du Garage central administratif (service chargé de la gestion du parc
automobile de l'Etat) et des services publics, et par ricochet, le budget de
l'Etat. Le véhicule administratif est parfois garé aux domiciles
de son utilisateur comme une propriété privée. Or, selon
Balakindé3, en principe, il doit être garé au
parking du Garage central, ou tout le moins, pour des raisons
d'étroitesse d'espace, au parking du service public auquel il
est affecté. Des fois, l'automobile de l'Etat est carrément
immobilisée chez l'utilisateur pour une durée
1 Constitution de la IVe République
du Togo (1992), article 46, pp. 21-22.
2. Idem, article 84, p 42.
3 Y. S. Balakindé, entretien du 06/ 01/ 2010
dans son bureau au Garage central administratif.
indéterminée sans inquiétude. L'image
suivante est une preuve de la mauvaise gestion qui est faite du véhicule
administratif au Togo de nos jours.
Photo n° 1 : Une voiture administrative
immobilisée à Lomé devant la concession de son utilisateur
depuis les vacances (juillet-septembre) 2009
Cliché Gbamehossou, 16/ 11/ 2010.
L'état (pneus affaissés et couverts de sable)
dans lequel se trouve ce véhicule immatriculé en 2003 et
reimmatriculé en 20074, montre que son immobilisation n'est
pas récente. Selon un riverain5, elle remonte aux vacances
(juillet-septembre) 2009. L'utilisateur l'aurait laissé à la
devanture de sa maison lorsqu'il se rendait, sur affectation de service,
à Kara. Il s'agit d'une preuve de la mauvaise gestion des automobiles de
l'Etat au Togo. Cet engin, laissé sur la voie publique est exposé
à tous les dangers : intempéries et vol. Or, le Garage central
administratif est là pour réparer les véhicules de l'Etat
en cas de panne. Sa plaque d'immatriculation peut même servir à
des missions vicieuses des malhonnêtes individus.
Il est aujourd'hui clair que les voitures de l'Etat ne sont
plus utilisées exclusivement dans le cadre de la mission officielle qui
leur est assignée, servir l'intérêt public. Cet état
de chose choque la conscience d'honnêtes citoyens togolais. On convient
alors avec Y. S. Balakindé (2000) qu'il y a dérive dans l'usage
des automobiles administratives. A en croire cet auteur, cette pratique, qui
ressort de la pure gabegie, devenue quasi courante dans l'Administration
togolaise actuelle, remonte au tout début des années 1990 avec
l'ère de la démocratisation6.
4 Registre d'immatriculation du Garage central.
5 Entretien du 15/ 12/ 2010 à Lomé.
Cet informateur a requis l'anonymat pour raisons de
sécurité.
6 La perversion dans l'utilisation des voitures de
l'Etat à partir de cette période serait due à la
compréhension erronée que certains se font de la
démocratie. Selon eux, la démocratie est synonyme de `'chacun est
libre de
Il se pose alors un véritable problème de
gestion des automobiles des pouvoirs publics devant servir très
largement dans le transport administratif au Togo. Or, la mauvaise gestion du
matériel roulant routier de l'Etat contribue au mauvais fonctionnement
administratif.
On ne peut véritablement examiner et comprendre cet
aspect de la question qu'en s'inscrivant dans la moyenne durée. C'est
cette dimension historique qui légitime le choix de notre sujet
d'étude intitulé : « La gestion du parc automobile
de l'Etat et le déploiement administratif au Togo (1937-1992)
».
Qu'est ce qui justifie le choix de ce sujet? Les facteurs qui
ont motivé son choix sont à la fois personnels et
scientifiques.
Les premiers sont doubles. Primo, le transport automobile joue
un grand rôle dans le fonctionnement du dispositif administratif du Togo.
Secundo, ce sujet s'est imposé à nous par sa présence
constante dans notre environnement.
Ainsi, l'inspiration du sujet vient du constat quotidien de la
mobilité des agents et des matériels administratifs à
partir des véhicules de l'Etat togolais. A force d'une observation
permanente, nous avons choisi de connaître davantage le domaine. Cette
connaissance passe nécessairement par une étude approfondie.
A ces motivations premières s'ajoutent les inspirations
d'ordre scientifique.
Ainsi, les travaux scientifiques abordant le secteur du
transport automobile, s'ils ne sont pas rares, traitent très
partiellement de la question de l'organisation du transport automobile de
l'Administration au Togo et de son incidence sur le fonctionnement
administratif. C'est pour combler cette lacune que nous avons choisi de mener
cette étude qui porte sur le transport administratif au Togo et qui
s'inscrit dans la moyenne durée, à cheval entre la période
coloniale et celle postcoloniale (1937-1992). Comment se justifie alors le
choix de ces bornes temporelles?
L'année 1937, la borne inférieure, est celle de
l'organisation du Garage central et de la réglementation du service des
automobiles administratives (annexe I) dans le territoire du Togo.
Ainsi, cette structure étatique fut chargée
d'assurer, à bien des égards, la gestion des matériels
roulants du pouvoir colonial français et du transport administratif
conformément aux prescriptions en vigueur dans ce secteur.
faire ce qui lui plaît» en banalisation des
règles socio-juridiques. En conséquence, l'on peut se servir
à son gré des biens des pouvoirs publics puisque dit-on souvent
l'Etat c'est moi y compris les voitures administratives.
Enfin, la borne supérieure, 1992, profondément
marquée par les crises sociopolitiques qui ont eu cours au Togo, loin
d'être seulement une rupture majeure dans l'histoire
générale du Togo, est aussi significative dans l'évolution
du transport automobile administratif du pays. Ce choix se justifie par deux
raisons principales.
En premier lieu, pendant ces crises, les matériels du
Garage central furent la cible des pillards, et les voitures de l'Etat, mal
contrôlées furent plus abusivement utilisées
(Balakindé 2000). Une nouvelle ère s'ouvrit à la gestion
des véhicules de l'Etat togolais, celle de la dérive. La mauvaise
gestion était telle qu'elle n'a pas laissé indifférentes
les institutions impliquées directement ou non dans ce secteur des
transports.
Ainsi, dans la lettre n° 050/ CAB/ MEF/ DGCA du 24
octobre 1992, le Ministère de l'Economie et des Finances et la Direction
du garage central administratif condamnaient l'achat ou la réception des
véhicules administratifs sans l'aval de cette Direction7,
ayant la compétence en la matière. Cette situation perverse
affecta logiquement le bon fonctionnement des services publics.
En second lieu, la Constitution togolaise du 14 octobre 1992
protégeait le secteur du transport automobile administratif.
En effet, elle reconnaît aux députés la
compétence de légiférer, entre autres, en matière
de gestion des automobiles de l'Etat lorsqu'elle ordonne que «les
biens publics sont inviolables. Toute personne ou tout agent public doit les
respecter scrupuleusement et les protéger. Tout acte de sabotage, de
corruption, de dilapidation est réprimé dans les conditions
prévues par la loi. » Aussi, énonce t-elle en son
article 84 que la loi fixe les règles concernant «...
l'aliénation et la gestion du domaine de l'Etat, le régime des
transports et des communications » y compris les biens mobiliers dont
les automobiles. Sans doute, la perversion constatée dans l'utilisation
des matériels roulants routiers de l'Etat, et en général,
des biens publics à cette période, a influencé le contenu
de cette Constitution qui se veut régulatrice de la situation lors de sa
rédaction.
Toutefois, ces bornes chronologiques qui circonscrivent notre
champ d'étude ne sont pas rigides. Chaque fois qu'il est jugé
nécessaire et utile à la bonne compréhension du sujet, il
est évoqué des faits qui leurs sont soit antérieurs, soit
postérieurs.
7Lettre du 3 décembre 1996 du Ministère
de l'Economie et des Finances et de la Direction du garage central
administratif.
On nous a fait lire cette lettre au Garage central administratif,
section Reforme et Immatriculation, le 14/ 03/ 2010.
Par ailleurs, notre étude concerne toute
l'étendue du territoire togolais dont les frontières juridiques
furent fixées par les autorités coloniales franco-britanniques en
1919 et définitivement précisées entre 1927 et 1929.
Notre sujet, tel que libellé, contient quelques
concepts qu'il convient de définir afin d'éviter une confusion
sémantique. La définition de ces concepts permet de saisir leurs
contours du point de vue sémantique et permet d'éviter des
confusions et des incompréhensions. Ils sont au nombre de quatre.
Le premier est le concept gestion, le deuxième
un groupe de mots, parc automobile, le troisième est un
véritable concept, Etat, et le dernier également un
groupe de mots, déploiement administratif.
La gestion est, en général, la
manière ou l'action de gérer, d'administrer, de diriger,
d'organiser quelque chose (Petit Larousse illustré 2002). Celle-ci peut
être un intérêt, une entreprise, un ensemble de
marchandises, des informations, des données, un problème, etc.
Dans ce travail, il s'agit de l'organisation, de l'administration des
automobiles de l'Etat togolais, de leur acquisition jusqu'à leur
reforme, en passant par leur maintenance. Une telle organisation permettrait de
maintenir en bon état les automobiles.
Pour mieux cerner le sens du groupe de mot parc
automobile, il s'avère sine qua non de définir au
préalable séparément ses composantes.
Le parc désigne, selon le dictionnaire petit
Larousse illustré (2002 : 747), en général, l'ensemble
d'équipement, du matériel, d'installation de même nature
dont dispose un pays, une entreprise, etc. On distingue plusieurs types de
parcs. C'est le mot le suivant qui lui confère sa signification
accomplie. On a le parc national, le parc naturel régional, parc
industriel, parc de stationnement, le parc automobile, etc. Le sens de parc
étant appréhendé, il reste à savoir ce que c'est
que l'automobile.
L'automobile8 renvoie à un
véhicule routier léger à moteur, à quatre roues
servant essentiellement au transport des personnes (Petit Larousse 2002 : 101).
Elle est synonyme de voiture. Dans notre contexte, il est plus judicieux
d'élargir le concept d'automobile au camion qui désigne selon Y.
S. Balakindé (2000 :13), un gros véhicule automobile (camions
remorques, camions citernes,...) destiné au transport de lourdes charges
; à la camionnette ; bref quasiment à tous les matériels
roulants routiers impliqués dans le transport administratif. En
considération de toutes ces différentes notions, l'on peut
dégager une approche de définition du parc
automobile.
8 La circulation automobile est
réglementée en 1900 à Per Pignon dans
l'intérêt de la sécurité publique, au moment
où l'automobile est en plein progrès (Boullon et al. 1981 :
382).
Ainsi, ce concept désigne l'ensemble du matériel
roulant routier (voiture, camionnette, camion, etc.) que possèdent les
Administrations coloniale française et postcoloniale pour assurer le
transport automobile administratif.
La définition de l'Etat varie selon les
époques, les auteurs et les disciplines.
Au point de vue sociologique, l'Etat est « une
espèce particulière de société politique
résultant de la fixation sur un territoire déterminé d'une
collectivité humaine homogène régie par un pouvoir
institutionnalisé comportant le monopole de contrainte
organisée » (spécifiquement le monopole de la force
armée) (Guichard et Montagnier 2010 : 311). Cette définition de
l'Etat se rapporte à la notion de nation.
Karl Marx, F. Engels au XIXe siècle et
Lénine au XXe siècle, dans le cadre de la lutte
socialiste, considéraient l'Etat comme un organe d'oppression
d'une classe (prolétariat) par une autre (bourgeoisie). Ils
envisageaient un dépérissement inéluctable de
l'Etat avec l'instauration d'une société sans classe
(Lapierre 1977 : 367).
Sur le plan juridique, l'Etat est une personne morale
titulaire de la souveraineté (Guichard et Montagnier 2010 : 311). M.
Hauriou définit l'Etat comme une institution supérieure
aux autres, une institution qui s'est lentement formée à partir
de la communauté nationale.
Contribuant à la pose des fondements juridiques de
l'Etat moderne, R. C. Malberg définit l'Etat comme la
personnification juridique de la nation et possède une
souveraineté.
Le dictionnaire Petit Larousse illustré (2002 :
401-402) est un peu discret sinon moins explicite sur cette
souveraineté, considérée inaliénable à
l'Etat par les juristes.
En effet, selon ce document, l'Etat est une
entité politique constituée d'un territoire
délimité par des frontières, d'une population et d'un
pouvoir institutionnalisé. C'est ce dernier qui, selon le dictionnaire
Robert, est l'Etat.
Ainsi, est-il une autorité souveraine s'exerçant
sur un peuple et un territoire. Les méandres du concept Etat
étant explorés, on peut tenter sa définition contextuelle
pour en saisir la trame.
Dans cette étude, l'Etat se rapproche à
cette dernière définition. Il est une autorité
régnant sur un peuple et sur un territoire bien déterminé.
Ainsi dire que contrairement à la précédente, cette
autorité n'est pas forcement souveraine.
En effet, elle correspond à l'Administration coloniale
française au Togo et celle d'après indépendance ayant
géré ou gérant le territoire togolais dont les
frontières juridiques furent fixées à l'époque
coloniale.
Enfin, les notions déploiement administratif
méritent aussi d'être définies. Le déploiement
renvoie à l'action de déployer, qui consiste à
étendre largement, à ouvrir ce qui est plié, roulé
(Petit Larousse illustré 2002).
Quant à l'adjectif administratif, il est
relatif à l'Administration, assimilable au service public. Celle-ci est,
pour Ch. Debbasch (2002 : 5), une « structure créée par
l'Etat pour gérer les affaires publiques ». Elle est donc,
l'ensemble des services de l'Etat (Larousse 1988 : 15). Dans notre
développement, ce mot est utilisé selon cette dernière
définition.
Dans notre travail, on entend par déploiement
administratif, le fonctionnement de l'Administration togolaise (coloniale
comme indépendante), grâce à la mobilité
géographique de son personnel et de tous ceux qui sont à son
service, et à la circulation de ses biens, indispensables pour sa bonne
marche, son efficacité et la bonne gestion du territoire par l'entremise
de l'automobile de l'Etat.
Le secteur des transports, de par son importance, a de tout
temps suscité l'intérêt de nombre de chercheurs des
disciplines diverses. Nombreux sont les travaux réalisés dans ce
domaine. Pour peaufiner la problématique de notre étude portant
sur le parc automobile de l'Etat et le fonctionnement administratif au Togo de
1937 à 1992, nous avons fait le tour d'horizon de la littérature
abondante existante sur le transport routier togolais pour l'essentiel. Elle
porte sur les moyens et les structures de transport automobile,
nommément ceux appartenant à l'Etat et sur son trafic. Aussi,
avons-nous fait une revue des oeuvres écrites sur le système de
fonctionnement administratif au Togo et en France.
L'objectif de la colonisation était l'exploitation
aussi systématique que possible des ressources des colonies. Pour la
réussite d'une telle ambition, il s'avérait indispensable pour
les colonisateurs de développer dans les colonies le secteur des
transports.
Ainsi, au Togo, le trafic automobile a-t-il retenu l'attention
du pouvoir colonial français aux dépens du trafic ferroviaire. Il
fut encadré par des structures spécialisées d'alors. C'est
ce système de gestion que S. Y. Simtokena (1997) et K. N. Tsigbé
(2005; 2009) ont décrit dans leurs travaux respectifs. La
première auteure, en traitant de la question de transport et de ses
influences socioéconomiques dans l'entre-deux-guerres, a exposé
l'oeuvre des services de transport automobile au Togo, notamment la
Société des transports de l'Afrique de l'Ouest (STAO). Cette
dernière fut, à la suite d'un contrat avec l'autorité
coloniale française, chargée d'assurer le convoi des courriers
postaux, des matériels et du personnel administratifs dans les cercles
du Nord-Togo. Le second, Tsigbé (2005), est allé plus loin. En
analysant les réalisations en infrastructures routières et
ferroviaires au Togo
pendant les périodes coloniale française et
postcoloniale, il s'est penché sur l'évolution du parc automobile
du territoire togolais et sur l'oeuvre des structures de gestion du transport
administratif qui y ont tour à tour opéré. Il est revenu
sur son analyse dans sa thèse (2009) pour l'approfondir et
l'élargir.
En effet, en décryptant l'apport des infrastructures de
transport terrestre à la restructuration du territoire togolais et
à la mobilité des personnes entre 1920 et 1980, il s'est
intéressé à la gestion du trafic automobile administratif,
ses équipements et l'état de la mobilité du personnel et
des biens de l'Etat.
La valeur des travaux des deux auteurs pour notre étude
réside dans le fait qu'ils exposent les réalisations des
différents services en charge du transport administratif et montrent
l'évolution du patrimoine automobile togolais (Tsigbé
spécialement).
Toutefois, ils comportent assez d'insuffisances pour assouvir
notre soif.
Ainsi, ils ont manqué chacun de faire mention, non
seulement de la gestion des véhicules administratifs, mais
également du système de fonctionnement de l'Administration
d'alors. En conséquence, il n'est pas établi une liaison entre
ces deux sujets. C'est pour combler en partie ces insuffisances que nous avons
eu recours à d'autres travaux portant sur la gestion du patrimoine
automobile de l'Etat togolais.
La gestion des véhicules administratifs va de
l'acquisition des engins jusqu'à leur reforme en passant par leur
maintenance.
C'est à certains aspects de cette gestion que S. A.
Amegan (2000) et A. Attitso (2001) ont consacré entièrement leurs
études. Le premier, en étudiant la gestion du carburant et des
lubrifiants par la Direction du garage central administratif (DGCA), a
analysé les différents contours de la question tout en relevant
les difficultés qui la gangrène et auxquelles il a proposé
des remèdes. A. Attitso, pour sa part, s'est penché sur la
reforme des automobiles de l'Etat. Il y a abordé les divers contours de
cette reforme.
Certes, ces travaux sont utiles pour notre document mais, ils
sont limités dans le cadre de notre étude. Ils ne se sont
occupés chacun que d'un aspect spécifique de la gestion des
véhicules administratifs. Il s'agit de la gestion du carburant et de la
reforme des automobiles.
Les études de R. Tchitara (1995), T. B. Bayaro (1998),
S. Y. Balakindé (2000), A. Amedzame (2002) et S. Lawani (2005)
paraissent plus complets en la matière.
Ces auteurs ont analysé quasiment toutes les facettes
de la gestion des automobiles étatiques. Ils ont exposé plus ou
moins en détail les méandres de la question. Plus
intéressant encore, ils ont, à l'exception de Tchitara,
abordé le problème écoeurant de dérive, d'inflation
dans l'usage de ces matériels roulants à partir du début
des années 1990. Cette mauvaise
gestion des véhicules des pouvoirs publics s'ajoute,
selon eux, aux difficultés qui minent déjà le secteur du
transport automobile administratif.
Certes, notre étude est en partie redevable à
ces travaux dans la mesure où ils traitent de la gestion du patrimoine
roulant routier de l'Etat. Cependant, ils sont loin d'estomper notre ambition
de mener des recherches dans le domaine pour deux raisons principales.
Ainsi, au prime abord, sont-ils plus une analyse
d'ingénieur que d'historien. Ils manquent donc de profondeur historique,
même si Balakindé tente, par endroit, de prendre un peu de recul
dans le temps pour inscrire ses analyses dans la moyenne durée. Secundo,
ils n'ont pas abordé le second aspect de notre travail, le
système de fonctionnement de l'Administration togolaise, ni à la
période coloniale, ni au lendemain de l'indépendance.
C'est pour combler ces lacunes qui risquent de nous amener
à élaborer un travail partiel que nous avons fait une revue de la
littérature existante (des documents qui nous sont accessibles) sur le
fonctionnement administratif. Ch. Debbach (2002), Ph. Georges (1988) et C.
Agbodjan (1987) ont abordé la question dans leurs travaux.
Ainsi, les deux premiers ont montré le système
de fonctionnement de l'appareil administratif et institutionnel français
en exposant les contours du fonctionnement des structures des administrations
centrale, territoriale, etc. Leur analyse nous a beaucoup éclairé
du fait que le système administratif togolais est calqué sur
celui français à quelques exceptions après
l'indépendance. L'étude d'Agbodjan permet de déceler ces
exceptions dans la mesure où elle est spécifique au Togo.
L'auteur fait une analyse sur les institutions et l'organisation administrative
du Togo après son accession à la souveraineté
internationale.
Oeuvre de juriste à priori, ces travaux ont beaucoup
d'intérêt pour notre étude. Ils permettent d'établir
une liaison entre le parc automobile et le fonctionnement administratif.
Cependant, ils manquent de profondeur historique car, ils portent surtout et
presque tous sur la période d'après 1960.
Ces insuffisances ont été rétablies par
un groupe de chercheurs historiens de l'Université de Lomé qui,
dans une nouvelle approche historiographique, subaltern studies, a
retracé le passé général des Togolais, dans
l'Histoire des Togolais (2005), vol II, T1 et 2. Dans son travail, il
s'est intéressé aux structures institutionnelles et
administratives mise en place par le colonisateur pour la gestion du territoire
togolais, et leur système de fonctionnement. L'importance de ce travail
pour notre étude est indéniable.
Cependant, il reste insuffisant pour notre analyse. En effet,
il aborde très sommairement le transport automobile administratif et
n'établit pas une véritable corrélation entre le parc
automobile et la circulation du personnel et des biens de l'Administration.
D'une façon générale, la littérature
sur le transport routier au Togo est vaste.
En revanche, aucun chercheur n'a tenté l'aventure qui
est la notre, c'est-à-dire analyser la contribution de la gestion du
parc automobile de l'Etat au déploiement administratif au Togo pendant
les périodes coloniale et post coloniale.
Toutefois, ces travaux ne sont pas sans intérêt
pour notre étude. Ils nous ont permis de mieux situer et orienter notre
problématique.
L'un des secteurs clés de développement est le
transport, en témoignent les colossaux investissements qui y sont faits
aussi bien dans les pays du Nord que du Sud depuis l'époque coloniale.
Sa section routière est indispensable et efficace dans les
déplacements à courte distance.
Au Togo, l'intérêt accordé au trafic
routier, surtout automobile ne date pas d'aujourd'hui. Il remonte à la
période coloniale.
Ainsi, les autorités coloniales françaises,
contrairement à leurs prédécesseurs allemandes qui ont
fait la promotion du trafic ferroviaire, ont pris des initiatives de
développement du transport routier par la dotation du territoire en
infrastructures y afférentes. Il s'impose comme un outil «
...indispensable pour une bonne administration...» comme le disait
Albert Sarraut9. Il devait donc contribuer à la bonne gestion
du territoire togolais.
C'est dans cette logique que le pouvoir colonial
français créa, dans les années 1920, un patrimoine
automobile administratif. Les véhicules de l'Etat devaient jouer un
rôle impératif dans le fonctionnement du système
administratif sur le territoire togolais mal restructuré par les
infrastructures de transport ferroviaire. Ils devaient assurer un bon
fonctionnement des services publics et favoriser des liaisons rapides entre les
services centraux et extérieurs de l'Administration par la
mobilité de leur personnel et de leurs biens d'un point à un
autre du pays. Consciente que cette initiative ne serait un succès hors
d'un véritable système d'encadrement, l'autorité coloniale
moula le transport automobile administratif dans un maillage structurel et de
législations. Déjà en 1924, elle institua un cadre et une
école des conducteurs d'automobiles administratives pour alimenter ce
transport. Avec la création du Garage central en 1926, ces conducteurs
devaient y faire carrière. Cette structure devait assurer à bien
des égards, sous l'autorité du Service des travaux publics et des
transports, la gestion du parc automobile de l'Etat et de son trafic.
Organisé en 1937, date à laquelle le service des automobiles
administratives fut réglementé, cette structure administrative
a
9ANT-Lomé, 1 G Travaux publics, dossier 23,
note du ministre des colonies aux Commissaires de la République et
Gouverneurs (février 1932) cité par Tsigbé (2005 : 40).
survécu à la colonisation. Après
l'indépendance, elle continua sa mission, mais désormais avec des
attributions plus élargies10, et ce, jusqu'à nos
jours. Eu égard à tout ce qui précède, il est
nécessaire de poser la question : En quoi la gestion du
patrimoine automobile de l'Etat a-t-elle contribué au fonctionnement
administratif au Togo de 1937 à 1992 ? Cette interrogation
nécessite d'être structurée en ses éléments
de base prenant en compte ses différentes phases historiques.
Créé pendant la période mandataire, le
parc automobile administratif s'élargit au fil des années dans un
dispositif officiel d'encadrement. Les véhicules devaient permettre
à l'Administration coloniale française de bien se déployer
sur le territoire togolais structuré en pôles
politico-administratifs afin de bien le gérer, en assurant une jonction
entre ses différentes structures et avec les administrés. Quel
est alors l'apport des automobiles au fonctionnement du système
administratif colonial français au Togo depuis l'organisation du Garage
central et la réglementation du service des automobiles administratives
de 1937 à la veille de l'indépendance?
Devant l'imminence et l'irréversibilité de
l'accession du Togo à la souveraineté internationale, les
nouvelles autorités du pays devant l'administrer pensaient
déjà à une gestion plus rationnelle des véhicules
étatiques, paraissant être le meilleur moyen moderne de
déplacement des services administratifs à l'intérieur du
pays dans le cadre de leurs attributions. Ils devaient favoriser le bon
enracinement de la nouvelle Administration dans le pays qu'elle voulait
gérer avec dynamisme dans un nouvel ordre politique. Comment par le
transport, l'Administration togolaise a pu se déployer sur le territoire
dont elle a la gestion de 1959 à 1992 ?
C'est à toutes ces questions que nos recherches
essayent d'apporter des éléments de réponses.
L'objectif visé par cette étude est de mettre
à la disposition de la communauté scientifique en
général, et de la corporation historienne en particulier, un
outil d'analyse sur le fonctionnement administratif au Togo à travers
l'organisation du patrimoine automobile de l'Etat (colonial et post colonial)
entre 1937 et 1992.
De façon spécifique, elle vise à
étudier :
10 Par exemple, pendant la période
coloniale, l'immatriculation des véhicules administratifs ne relevait
pas de la compétence du Garage central comme c'est le cas après
l'indépendance, mais du Service des travaux publics et des
transports.
-La part des automobiles étatiques dans le
déploiement des structures et institutions de l'Administration coloniale
française au Togo de 1937 à 1959.
-L'apport de l'organisation des matériels roulants
routiers de l'Etat à l'application de la nouvelle politique de gestion
et d'administration du territoire togolais de la veille de
l'indépendance jusqu'au début des crises sociopolitiques des
années 1990.
L'approche méthodologique utilisée pour
l'élaboration de ce travail est bâtie autour de plusieurs
données. Il s'agit des hypothèses, des sources et bibliographie,
du traitement des données recueillies et des difficultés de
recherche et de leurs approches de solution.
Notre recherche repose sur deux hypothèses
fondamentales s'accordant avec les questions secondaires de notre
problématique et les objectifs spécifiques.
- Primo, le territoire togolais étant mal desservi par
les infrastructures ferroviaires, et le portage, déjà peu
quantitatif et moins rapide, y étant en decrescendo, on peut
conjecturer que l'Administration coloniale française devait l'essentiel
de son transport aux véhicules automobiles.
- Secundo, avec la déliquescence du transport
ferroviaire (surtout après l'indépendance), il est probable que
les automobiles de l'Etat eurent été de loin le principal moyen
de mobilité géographique11 du personnel et du convoi
des matériels nécessaires pour le fonctionnement et
l'enracinement administratifs de l'Etat togolais de la veille de
l'indépendance jusqu'aux débuts des années 1990.
Ces hypothèses seront naturellement confirmées
ou infirmées par les données recueillies des sources et des
ouvrages.
Nombreuses sont les sources qui ont servi à la confection
de notre travail.
Elles sont de trois ordres : les sources orales, les sources
archivistiques et les documents officiels. D'abord, les sources orales
utilisées dans cette étude, sont-elles un complément de
taille aux documents écrits, et partant, elles enrichissent et
diversifient les moyens d'analyse. Le personnel du Garage central administratif
; du Ministère de l'administration territoriale, de la
décentralisation et des collectivités locales; de la Direction du
matériel et du transit ; et du garage du CHU Tokoin, entre autres, a
été la cible de notre enquête orale.
11 Selon le Bureau international du travail (1983 :
92), la mobilité de la main d'oeuvre peut revêtir trois formes :
géographique (déplacement des travailleurs d'une région
à une autre du pays), professionnelle (changement de métier)
enfin sociale (passage d'une classe d'emploi à une autre).
Ensuite, les sources archivistiques ont été
d'une importance capitale pour la réalisation de cette étude.
Portant sur les périodes aussi bien coloniale que postcoloniale, elles
sont recueillies des rapports, des procès-verbaux, des circulaires, des
lettres, des notes de services, des télégrammes-lettres, des
télégrammes officiels, des contrats et accords officiels, etc.
Ces documents de première main sont collectés aux Archives
nationales du Togo (ANT) des séries 9 C (dossier Garage central relatif
au transport administratif), 1 G (Travaux publics) et 7 G (transport et
circulation, STAO). Les documents des séries 1 et 2 APA fournissent des
informations générales sur les cercles administratifs coloniaux.
Ceux des séries 1 G inhérente aux travaux publics, 3 C relative
au Service du matériel informent sur les tournées du Commissariat
de la République française au Togo, etc., ont aussi fait objet
d'analyse.
Les sources primaires de la Direction du garage central
administratif informent sur le système de gestion des automobiles
administratives surtout en matière d'acquisition, d'immatriculation et
d'affectation.
Enfin, les documents et publications officiels ont largement
contribué à la production de ce travail.
En effet, des rapports annuels envoyés par la France
à la SDN puis à l'ONU ont été consultés aux
Archives nationales du Togo (ANT-Lomé). Ces rapports rendent compte de
la gestion du territoire à ces organes internationaux. De là, ils
fournissent des informations sur le transport routier automobile togolais. Il
s'agit entre autres des rapports des années 1924, 1925, 1926, 1937,
1938, 1946, 1947, 1954, 1958, 1959. Ces rapports sont pour ces institutions un
instrument de contrôle de la gestion du Togo par la France.
Les journaux officiels du Togo n'ont pas été
négligés. Nous avons collecté quasiment tous les
décrets, arrêtés, circulaires, etc. relatifs au transport
automobile administratif voire ferroviaire contenus dans les journaux officiels
des années 1920, 1930, 1940, 1950, 1960, 1970, 1980 et 1990. Ces
documents donnent un aperçu sur la politique non seulement de la
puissance coloniale française mais également du Togo
indépendant en matière de transport terrestre en
général et routier en particulier.
La collecte de ces diverses données a suivi une
méthodologie qu'il n'est pas moins nécessaire d'exposer.
Réalisée uniquement à Lomé, elle a permis
l'élaboration de ce travail.
En effet, nous avons visité la Bibliothèque
nationale et les Archives nationales du Togo (ANT-Lomé) où nous
avons exploité nombres de publications officielles et /ou de documents
archivistiques portant sur les transports routiers en général.
Dans ces structures, il a été prises des photos d'archive pour
illustrer le travail. Nous avons ensuite focalisé notre attention sur la
Direction du garage central administratif où les documents relatifs
à la gestion
du patrimoine automobile administratif et à
l'organisation du transport y afférent, ont été
consultés. Nos recherches à l'Unité de recherche
démographique (URD) ont permis d'accéder à des ouvrages
généraux sur la période coloniale au Togo abordant plus ou
moins le transport automobile administratif. Dans les centres de documentation
de l'Université de Lomé, bibliothèque centrale,
bibliothèque de la Faculté des lettres et sciences humaines
(FLESH), bibliothèque de l'Institut national des sciences de
l'éducation (INSE), nombreux mémoires et thèses soutenus
et ayant un rapport plus ou moins direct avec notre sujet d'étude, ont
été consultés.
Quant à la collecte des informations orales, elle s'est
faite selon un choix aléatoire.
Ainsi, par rapport à nos moyens, bien que les personnes
ressources impliquées plus ou moins explicitement dans le transport
automobile administratif, ne soient pas introuvables à
l'intérieur du pays, seulement celles de Lomé ont
été interrogées.
Les informations recueillies ont été soumises
à une organisation rigoureuse.
La méthodologie adoptée pour le traitement des
informations collectées a eu pour assise, la méthode classique
des historiens, l'appareil critique.
Ainsi, les documents sont analysés pour s'assurer de
leur authenticité. Les données (y compris celles quantitatives)
dont la véracité s'avère douteuse sont purement et
simplement délaissées pour éviter de jeter du
discrédit sur notre travail. La partialité et les
contre-vérités qui entachent certaines informations sont
corrigées par une relecture attentive, une analyse et une confrontation
des faits pour tirer matière à histoire.
Par ailleurs, nous avons procédé à la
généralisation de certaines données surtout quantitatives,
lorsque par exemple, les chiffres concernant l'état du parc automobile
du territoire togolais ne distinguent pas les automobiles de l'Etat de celles
des privés. Cette stratégie n'est pas incohérente dans la
mesure où ces dernières furent plus d'une fois sollicitées
pour le transport administratif. Ce qui justifie en partie le fait que nous
avons assez fait mention du parc automobile privé dans cette
étude.
Comme tout travail scientifique, notre recherche a connu des
difficultés.
Les difficultés que nous avons rencontrées et
surmontées, sont multiples. D'abord, elles sont inhérentes
à l'accès aux sources.
En effet, nos efforts inlassables pour accéder
suffisamment aux documents de transport administratif automobile du Garage
central sont limités par la volonté de son personnel de maintenir
discrètes certaines informations. A titre illustratif, pour des
questions
de «secret administratif», nous a-t-on dit,
l'accès aux lignes budgétaires allouées audit service
(à partir des années 1990) pour son fonctionnement nous a
été impossible. Pour pallier en partie ces problèmes, nous
avons consulté des travaux de nos prédécesseurs abordant
plus ou moins la question de la gestion des véhicules étatiques
qui en donnent des précisions12. Aux archives, certains
documents sont mal classés ou carrément disparus. D'autres sont
illisibles parce que partiellement rongés, ou illisibles à cause
de la friabilité du papier ou de l'encre qui s'est
décolorée. Pour surmonter ces obstacles, non seulement nous nous
sommes donnés la peine de consulter le maximum de documents de ce centre
où quelquefois, nous avons trouvé certains documents
archivistiques en plusieurs exemplaires (ce qui nous permet de faire un tri).
Aussi, avons-nous utilisé les oeuvres écrites en rapport avec
notre sujet. Dans les cas extrêmes, les documents bien qu'importants,
sont carrément abandonnés.
En substance, vu les difficultés qui ont jalonné
notre recherche, c'est au prix de gros sacrifices et efforts que nous avons pu
élaborer ce travail selon un plan bipartite à raison de deux
chapitres par partie. Dans la logique de la problématique
soulevée par notre sujet, ce plan a suivi une démarche
chronologique. La première partie court de 1937 à 1959 et
comprend les deux premiers chapitres. Le premier allant de 1924 à 1945,
aborde les mesures prises par l'autorité coloniale française pour
développer le transport automobile administratif au Togo pour la bonne
gestion du territoire. Le second s'intéresse à la contribution
des véhicules au fonctionnement des structures administratives au Togo
sous la tutelle de 1946 à 1959. Dans la seconde partie, les
troisième et quatrième chapitres analysent le rôle
joué par les automobiles des pouvoirs publics dans le système de
fonctionnement administratif au Togo indépendant respectivement de 1959
à 1976 et de 1976 à 1992, à partir du système de
gestion de ce transport.
Il s'agit d'une analyse historique du fonctionnement
administratif au Togo de 1937 à 1992 à travers la gestion du parc
automobile de l'Etat.
12 Il s'agit des travaux de R. Tchitara (1995), T. B.
Bayaro (1998), S. A. Amegan (2000), Y. S. Balakindé (2000), A. Attitso
(2001), A. Amedzame (2002) et S. Lawani (2005)
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