IV- HYPOYHESE.
Dans La Mémoire amputée, la femme est
au centre de l'intrigue. C'est pourquoi nous soutenons que le personnage
féminin est valorisé dans la société du texte et
dans la tradition africaine. S'engager donc dans le combat féministe
c'est ignorer cela. La condition des Africaines d'aujourd'hui devrait les
conduire, non pas à s'enrôler dans une lutte
dépersonnalisante comme celle-là, mais à s'interroger sur
le matriarcat et chercher à se le réapproprier. Telle est la
problématique aussi bien du corpus que de ce travail.
V-PROBLEMATIQUE.
Au regard de ce qui précède, on en vient
à se demander : comment La Mémoire amputée
fait-elle l'éloge du matriarcat ? En d'autres termes, comment le
personnage féminin est-il valorisé dans ce récit ? Quels
sont les lieux d'expression de cette valorisation ? Quels sont les
référents qui portent à parler de matriarcat et non de
féminisme ? Telles sont les préoccupations qui constituent la
toile de fond de cette réflexion. Notre analyse se projette
prioritairement sur le parcours narratif du personnage principal, Halla
Njokè, et sur les faire des autres personnages féminins qui,
comme elle, sont très ancrés dans la tradition africaine.
Le regard est aussi porté sur les autres personnages
féminins de même que sur les personnages masculins pour comprendre
leurs rôles actantiels et les relations qu'ils entretiennent avec les
premiers. De manière globale, nous questionnons la société
du texte avec toutes ses composantes pour relever la place de la femme dans la
société traditionnelle africaine d'une part et dans la
société dite moderne - l'Afrique occidentalisée, l'Afrique
d'aujourd'hui - d'autre part. La première hisse la femme au sommet de la
pyramide sociale alors que la seconde l'avilit à cause du colonialisme.
Ceci est l'un des motifs qui invitent à parler du matriarcat et non du
féminisme.
L'auteur dénonce cet avilissement, affirmant par
ricochet que la femme africaine en général doit reprendre la
place qui est sienne dans l'Afrique traditionnelle. Si la femme traditionnelle
est portée au firmament, celle circonscrite exclusivement dans
l'occidentalisme est invitée à sortir de son errance pour la
rejoindre afin que toutes conjuguent leurs forces pour redonner à
l'Afrique sa splendeur d'antan. Les deux personnages sont ainsi
interpellés, pas au même degré bien entendu. Il n'est pas
question pour nous d'honnir les traditions importées, d'ailleurs riches
en hauts faits ; ni même de médire des bienfaits des apports
extérieurs, voire du colonialisme. Nous reconnaissons aussi que tout
n'est pas lumineux dans le matriarcat ou dans l'Afrique traditionnelle. Comme
l'exige tout travail scientifique, nous tenons simplement à rester
fidèle à l'esprit de cette recherche.
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