DEUXIEME PARTIE : LE POIDS SOCIAL.
Hors de son environnement familial, le personnage
féminin investit la scène sociale où elle incarne
respectivement la mémoire communautaire et le dynamisme. Etant la
mémoire sociale, la femme est caractérisée par sa finesse
d'esprit. Elle est très rusée et déjoue tous les
pièges tendus à son encontre. Elle se distingue aussi par son
auto-instruction parce qu'elle est autodidacte. Son silence méditatif en
ajoute à sa force mnémonique. Le personnage féminin
observe calmement la société pour mieux la comprendre et lui
apporter des solutions appropriées. La formation de l'identité
culturelle est une autre dimension de sa vocation. Il construit la
personnalité sociale de l'individu et éduque la
société.
Son dynamisme est si rayonnant de par sa position de
porte-parole. Il défend la cause de son peuple en intercédant
comme tuteur et leader d'opinion. Sur le plan économique, La femme est
sur tous les fronts et elle est très entreprenante. Dans l'arène
politique, elle est la fervente nationaliste, le véritable guide sur qui
comptent les hommes. En un mot, sur le plan social, la femme fait montre d'un
leadership époustouflant.
CHAPITRE III : LA MEMOIRE COMMUNAUTAIRE.
Nous entendons par cette expression l'intelligence et les
survivances culturelles tapies dans l'inconscient collectif d'un peuple et qui
se traduisent en actes à travers ruse, rites et tradition. L'acquisition
et l'application des théories qui sous-tendent ces pratiques
requièrent une activité mnémonique et pédagogique
intense.
III.1- La vivacité mnémonique.
Le personnage féminin se distingue par sa
mémoire très vive. Il est plein d'imagination, principale
caractéristique de sa finesse d'esprit. L'analyse des faire et des
rapports entre les personnages féminins présente la femme comme
un être très astucieux et prudent. Tante Roz est celle qui
l'illustre à suffisance. Dans un espace politique de lutte de
revendications colonialistes, autrement dit « en proie à de
multiples convulsions »49, Tante Roz est la seule parmi
les revendicateurs à échapper aux mailles du colon. Hommes et
femmes, sans distinction d'âge, sont pris et ligotés : «
Un [...] groupe de blancs est venu, tenant Grand Madja et grande Tante
Kèl Lam attachées au bout d'une corde, ainsi qu'une autre dizaine
de femmes [...]. Un autre groupe de blancs est arrivé, suivi d'au moins
une vingtaine de mes oncles » (M.A, 73). Dans une ambiance
délétère où « tout se met en branle d'un
coup » (M.A., 72) et où la furie des colons déborde
pour traquer toute personne soupçonnée d'être dans le
voisinage du lieu où « des maquisards ont tiré sur le
capitaine Râteau » (M.A., 74), Tante Roz, pourtant fervente
revendicatrice, a pu échapper malicieusement à cette furie :
« Tante Roz, ressortant de la case de mes
grands-parents, ma puînée entre les bras, s'engouffre dans la
brousse après m'avoir fait un signe de
49 - David Ndachi Tagne, Francis Bebey,
Paris, L'Harmattan, 1993, Quatrième de couverture.
la tête. Je lui emboîte le pas. [...] Il y
avait déjà toute une foule de gens attachés autour du
blanc étendu. Eh mais, on l'avait oublié celui-là ! Il
était maintenant tout emballé dans des bandages blancs et
posé sur une civière de fortune. On a obligé certains de
mes oncles à le porter. Ils hissent les quatre branchages de la
civière sur les épaules et le cortège prend la direction
de chez nous. Par le raccourci, nous arrivons les premières à la
maison. Tante Roz fait comme si nous revenions du champ, badigeonnées de
boue, portant houe et paniers de légumes. Nous sommes celles qui n'ont
rien vu ni entendu et qui ignorent tout » (M.A., 73).
La ruse est une manifestation de la finesse d'esprit. Elle
permet de se défendre et de déjouer tous les plans ourdis. Mam
Naja en a payé le prix dans un duel qui l'oppose à Halla
Njokè. Le succès de cette dernière dans ce conflit
consacre la prééminence intellectuelle de la femme traditionnelle
sur la femme dite moderne. En effet, Mam Naja entretient une relation
adultérine avec le souspréfet, ami de Njokè. En même
temps, le sous-préfet est épris de Halla, au point de la demander
en mariage auprès de son père. Ce dernier, ignorant tout sur
l'adultère qui se trame dans son dos, accepte la proposition. Cette
situation choque gravement Mam Naja qui voit désormais en Halla une
potentielle rivale. Or cette dernière, qui est tout le temps à la
maison, sait tout ce qui se passe entre le sous-préfet et
l'épouse de son père. L'amant vient toujours embarquer
l'adultérine quand ce dernier est absent. La jalousie de Mam Naja
explose en ragots qu'elle raconte chez sa voisine. Cela se démontre dans
les propos des enfants de cette dernière qui se confient à leur
camarade, la narratrice :
« Nous avons entendu ta belle-mère le dire
à notre mère [...]. D'après elle, tu es une
sorcière qui commence à nuire à ses enfants, dans sa
propre maison. Mais nous, nous te connaissons et nous avons dit à notre
mère que ta belle-mère ment, parce qu'elle est jalouse. Tu fais
tout mieux qu'elle, tout le monde le voit et le dit dans le village et
elle-même le sait. Elle n'en peut plus de ta présence qui lui fait
trop honte ; elle a donc inventé un prétexte pour te renvoyer au
village. Elle dit qu'elle n'a pas le temps de te surveiller, qu'en plus, tu es
devenue trop délurée et tu regardes déjà les hommes
à treize ans et demi ! Donc tu dois retourner
près de ta grand-mère qui seule a de
l'influence sur toi, sinon, ton fiancé ne te trouvera pas vierge »
(M.A., 183).
Mam Naja déclenche une altercation entre sa belle-fille
et elle. Altercation qui est interrompue par l'arrivée de Njokè
et de son ami, le souspréfet : « Les deux hommes [les]
embarquent dans leur fausse joie, [les] traînant dans la maison, chacun
tenant sa chacune par la main » (M.A., 184). Mais au moment de
« franchir le seuil » (M.A., 184), Halla retient le
sous-préfet et le tire dans un coin quand les deux autres continuent
d'avancer et c'est-là qu'elle déroule son stratagème. Elle
exige à cet homme de lui donner une forte somme d'argent pour qu'elle
s'en serve pour « épouser une autre femme pour son père
» (M.A., 185) :
« Je viens d'apprendre que ma belle-mère va me
renvoyer au village. Je sais que c'est pour se venger et se débarrasser
de moi. Je sais que tu te sers de moi pour continuer ta liaison en secret avec
elle. Tu as fait semblant de demander ma main à mon père pour
l'aveugler. Mais moi je ne me laisserai pas faire : je vais tout lui dire
maintenant. [Si tu veux éviter cela], alors il faut m'aider à
faire une chose importante dans les deux jours qui viennent. J'ai besoin
d'argent. De beaucoup d'argent. Je dois épouser une autre femme pour mon
père et il me faudra de quoi payer la dot » (M.A.,
184-185).
Le chantage que fait Halla est une bonne ruse qui lui permet
de ne pas « payer seule le prix » (M.A., 184) de
l'adultère de Mam Naja. Sachant que le sous-préfet n'aurait
jamais accepté qu'elle trahisse le secret, elle le prend au
dépourvu. Il s'exécute, « se fouille, tire tout son
argent de ses poches et se met à compter rapidement en jetant un regard
affolé dans tous les sens. Il compte cent trente cinq mille francs qu'il
[lui] tend » (M.A., 185). Mam Naja passe à l'acte, ne sachant
pas tout le dispositif contre-offensif mis sur pied. Elle a pu convaincre son
mari de renvoyer Halla auprès de sa grand-mère. Njokè
prend la parole, en informe sa fille : « Ta mère souhaite que
tu sois près de tes grands-
parents pour mieux te préparer au mariage, et je pense
qu'elle a raison » (M.A., 186). Halla réplique :
« Je n'y vois aucun inconvénient. Mais je
souhaite voyager avec deux de mes amis, avec la permission de leurs parents
bien sûr, si tu acceptes, père, de m'accompagner pour la leur
demander. Mes amis reviendraient soit avec le cousin à son retour, soit
avec moi quand mon fiancé viendrait me chercher, ce qui ne saurait
tarder, j'espère » (M.A., 186).
Le père, lui aussi, tombe dans le piège
inévitable en acceptant d'aller accompagner sa fille chez les parents de
ses camarades Sara Mbeï, la fille ; et Isma Mbeï, le garçon.
Les deux qui ont éventé les ragots de Mam Naja. Halla vient
à peine de faire leur connaissance et elle connaît à peine
leur domicile qui lui a été présenté à
distance. C'est dans cet imbroglio qu'elle entraîne son père tout
à fait ignorant, tant la ruse est savamment ourdie et logiquement
convainquant. La femme se présente donc comme un être invincible
de par sa malice intellectuelle qui lui permet de s'auto-instruire.
Le personnage féminin est apte à
s'auto-instruire car il est curieux. La curiosité facilite
l'apprentissage et l'acquisition des connaissances. Toute petite, bien que ne
sachant ni lire ni écrire, Halla Njokè était
déjà très curieuse. Elle cherchait à
déchiffrer et à transcrire les écrits qu'elle voyait
derrière la photo de son père. Grand Pa Helly et Grand Madja qui
sont ses fidèles compagnons et initiateurs, eux-mêmes, sont
incapables de lire et de reproduire ce qui est écrit derrière
cette photo : « Tante Roz seule sait lire et elle nous dit qu'il est
écrit : "instituteur à Maloumé" » (M.A., 25).
Cette précision indique en filigrane que même dans la
société traditionnelle, la femme est plus intelligente que
l'homme. Elle maîtrise non seulement son environnement, mais aussi
l'environnement des autres. Elle maîtrise le français, la langue
du colon. La langue étant le véhicule de la culture,
maîtriser la langue de l'autre, c'est maîtriser sa culture. En plus
c'est encore la femme qui, par sa curiosité, s'efforce à aller
vers l'autre en
intégrant sa culture. La femme est ainsi prompte
à s'ouvrir au dialogue des cultures. La petite Halla est fascinée
par les écrits en français et non par l'image de son père
:
« Je regarde tant et tant ces signes que je saurai
toujours les écrire, même sans apprendre l'alphabet. Il ne se
passe plus de jour sans que je ne vienne toucher la photo pour vérifier
que je n'ai pas oublié les signes inscrits derrière. Tante Roz
commence à se plaindre que je vais abîmer la photo, mais rien n'y
fait. J'y reviens toujours » (M.A., 25).
Constatant que sa nièce s'intéresse trop
à la photo, Tante Roz entreprend de la placer dans « un cadre
de vannerie » (M.A., 25) et « l'accroche au mur en face de
sa table de travail, dans sa maison » (M.A., 25). La petite curieuse,
très mal en point à cause de cela, s'en remet à son
grand-père pour lui dire son désarroi : « Je rapporte ma
déception et mon étonnement à Grand Pa Helly [...] et lui
dis mon regret de n'avoir pas conservé ces signes en les transcrivant
ailleurs » (M.A., 25). Grand Pa Helly, prenant acte des
doléances de sa petitefille, comprend qu'elle a hâte
d'écrire. Il compatit à sa douleur et la soulage en lui remettant
le nécessaire pour écrire. Il blague même en lui disant
qu'il attend sa première lettre :
« Il m'offre [...] mon premier cahier et un crayon
gras, en me disant malicieusement qu'il attend ma première lettre.
Pensant qu'il me défie de recopier les signes, il me promet de
décoller la photo un jour où ma tante s'absenterait, bien que je
sache d'avance que je ne manquerais pas alors d'écoper d'une bonne
fessée » (M.A., 76).
En remettant à sa petite-fille son tout premier cahier
et sa toute première plume, le grand-père justifie l'importance
que la société traditionnelle africaine accorde à
l'école dite moderne d'une part ; et d'autre part le souci des
grandsparents de scolariser leurs enfants en général et leurs
enfants filles particulièrement. Les idées féministes qui
soutiennent que les sociétés
traditionnelles africaines empêchent les filles d'aller
à l'école au profit des garçons sont donc non
fondées. Michel Akue-Goeh, Cecilia Willocq et Brigitte Djengue partagent
cet avis lorsqu'ils affirment que l'école coloniale a introduit :
« Une rupture entre les sexes, qui se retrouve dans
toute la structure coloniale. Il n'y eut pas de femmes salariées jusque
dans les années 1950, au moment où les familles
européennes s'installent : on a alors besoin des femmes comme
ménagères pour garder les enfants. Encore cette façon
d'employer les femmes demeure limitée. On a relevé des cas
où les garçons ayant servi comme domestique chez les Blancs ont
été emmenés en métropole par les patrons et ont eu
accès à une instruction plus poussée ; mais on ne trouve
aucun cas similaire concernant les femmes »50.
Il est vrai que l'analyse faite par ces chercheurs s'applique
à la société zaïroise (actuelle République
Démocratique du Congo). Mais en réalité, le constat fait
quant au rejet dont sont victimes les femmes concerne toute l'Afrique
coloniale. Les travaux des autres chercheurs spécialistes des questions
éducatives à l'instar de ceux de Jean-Marie Tchegho l'ont
amplement démontré. Il n'est pas un fait gratuit si la narratrice
fait la précision selon laquelle les instruments scolaires remis
à Halla ont été cherchés dans un endroit
sacré et secret. Après son indignation, elle raconte ce
détail fort évocateur : « Il rit aux éclats sans
que je comprenne pourquoi. Devant ma mine dépitée, il s'en va
ouvrir la plus grande de ses malles en rotin, celle qui est toujours
cadenassée et doublement protégée par son tabouret
sacré de Mbombock 51 » (M.A., 25).
D'abord le grand-père « rit aux éclats
», signe de sa liesse face à la réclamation faite par
sa petite-fille. Ensuite, il va dans « la plus grande de ses malles
» non seulement fermée hermétiquement mais aussi
régulièrement ; ce qui suppose qu'il ne l'ouvre presque jamais.
La malle est également « protégée
50 - Michel Akue-Goeh, et Al, « Mettre les
femmes à leur femme » In Groupe « Afrique noire
», Cahier n°11, op.cit., pp. 56-64.
51 - Le « Mbombock » dans le texte comme
dans la cosmogonie bassa est l' « initié du Mbock »
(M.A., 25). Le Mbock lui-même étant l'univers. Le Mbombock
est donc appelé à décrypter les phénomènes
visibles et invisibles de l'univers. Il est un initié de haut rang.
par son tabouret sacrée de Mbombock » ;
personne n'y a accès en dehors lui. Il est le seul Mbombock dans la
concession ; il est donc le seul à pouvoir déplacer le
tabouret.
Grand Pa Helly avait déjà acheté ce
cahier et ce stylo et il les avait gardés jalousement attendant leur
légitime destinataire, probablement un enfant qui lui tient à
coeur. Il se trouve que cet enfant est sa petite-fille. La tradition africaine,
contrairement aux idées répandues, valorise l'école
occidentale et y envoie tous ses enfants et particulièrement les filles.
La loi de l'endocentrisme et du maatisme52 appliquée depuis
l'Egypte pharaonique fait que les sociétés traditionnelles
africaines ne sauraient être ségrégationnistes.
La conséquence logique de la curiosité
innée de la femme africaine est qu'elle est autodidacte. La femme
naît intellectuellement éclairée, c'est un don de Dieu,
comme le témoigne Halla : « Ma chance à moi a
été d'autant plus miraculeuse que j'étais née
lucide, avec des yeux ouverts comme des loupes grossissantes » (M.A.,
23). La lucidité innée des femmes les porte inexorablement vers
la conquête du savoir et le perfectionnement intellectuel même sans
être formellement inscrites à l'école occidentale ou
importée.
Eddy Nicole Njock n'est-elle pas reconnue comme «
chercheur en traditions et esthétiques négro-africaines
» (M.A., Quatrième de couverture) à l'Université
d'Abidjan en Côte d'Ivoire où elle réside ? Elle qui n'a
même pas de Baccalauréat ? Ne donne-t-elle pas des
conférences dans des Universités du monde entier où
étudiants, docteurs et agrégés s'asseyent pour
l'écouter ? Ne lui a-t-on pas accordé tout un colloque
international en 2005 à l'Université de Douala au Cameroun ?
52- Matungulu Kaba, « L'endocentrisme, univers
de la parole » in La Parole africaine, Paris, ACIVA /CERVA, 1993,
pp. 5-33. N.B. : Deux principes fondamentaux régissaient les
comportements en Egypte pharaonique. Il s'agit de l'endocentrisme et du
maatisme. L'endocentrisme est le principe de la solidarité, de
l'harmonie et de la paix. Selon cette loi, il existe une interdépendance
entre tous les êtres humains et entre ceux-ci et tous les
éléments de la nature. Le maatisme est la loi de
l'équilibre et de la justice. Il exige l'équité absolue.
C'est de cette loi que découle la complémentarité
chère au matriarcat.
Bien que petite, Halla Njokè s'initie à
l'écriture et s'atèle à se perfectionner. Une autre photo
de son père est arrivée et il est écrit au verso :
« `'Gardien de la Paix à Victoria», d'après Tante
Roz », (M.A., 26). Halla renseigne sur sa démarche
d'autodidacte :
« Je décide de tout recopier dans mon cahier,
avant que ma tante ne la colle encore sur un autre cadre. Tous les jours, je
profite des moments d'absence de Tante Roz pour reprendre ma copie sur une
autre page, en essayant de rendre les signes aussi petits et fins que
derrière la photo, hélas ! Plus j'essaye, plus ils sont gros. Je
n'ose pas les montrer à Grand Pa Helly ; j'ai trop peur qu'il se moque
de moi ! La moitié du cahier en est déjà
gribouillée... Je suis pourtant sûre que ce sont bien les signes
qui sont derrière la photo, mais vraiment, je ne comprends pas pourquoi
je n'arrive pas à les faire moins gros » (M.A., 26).
Non seulement la petite Halla s'efforce à reproduire
exactement les signes, elle les analyse et les interprète. Elle a le
sens de l'analyse et de la critique. Une qualité qu'on ne retrouve
généralement que chez des élèves rendus à un
seuil important de la pyramide scolaire. Une autre photo où il est
mentionné « "Maître d'hôtel du commandant de cercle
à Eséka" » (M.A., 26), est arrivée. Halla se met
à comparer les écrits des deux photos et parvient à la
conclusion selon laquelle plus les lettres sont nombreuses, plus son
père augmente de grades :
« Cette fois, je compte quatorze différences
parmi les trente-huit signes et je me dis que les grades se mesurent
peut-être au nombre de signes différents. Tu montes en grade et
l'on augmente les signes. J'essaie de totaliser tous ceux que mon père a
déjà eus à lui tout seul depuis Maloumé, sans
oublier qu'il en a qui sont doublés, et j'aboutis à la conclusion
qu'il est un très grand Monsieur. Et ses costumes de plus en plus
complexes en sont la preuve » (M.A., 26).
les signes des deux photos, j'arrive à les
transcrire de mémoire, même sur le sable » (M.A., 27).
« "C'est l'imagination qui va te tuer" » (M.A., 27) dit la
tante, à qui elle présente son cahier, en s'exclamant de rires.
« Tu es un cas, ma petite épouse chérie" »
(M.A., 28), dit son grand-père, plein d'admiration pour elle.
L'aptitude à s'auto-instruire donne le droit au personnage
féminin de former la société.
|